Des pratiques à notre image

La Cantine pour tous continue de s’évaluer et de s’améliorer, un processus à la fois[Notice]

  • Mireille Morin et
  • France Desjardins

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  • Mireille Morin, Dt.P., M. Sc.
    Chargée d’évaluation de programmes, La Cantine pour tous

  • France Desjardins
    Docteure en management de projets, Université du Québec à Chicoutimi

Le présent article a pour objectif de raconter le parcours de la planification et de la mise en oeuvre d’une évaluation des processus au sein d’un organisme communautaire en économie sociale. Cette évaluation relate les facteurs qui facilitent et entravent la mise en oeuvre de notre programme La Cantine dans les écoles, telle que suggérée par Ridde et Dagenais (2009). Elle est également formative afin de stimuler des réflexions, des apprentissages et des prises de décision relatives à la gestion du programme. L’objectif ambitionné de cette évaluation des processus est d’augmenter la capacité et la rapidité des employé.e.s à répondre à nos clients, soit les organismes-traiteurs. L’évaluation des processus concerne La Cantine dans les écoles, un programme d’alimentation scolaire qui vise à offrir aux enfants des écoles primaires du Québec l’accès à des dîners sains et abordables. Le programme, déployé en 2019, est piloté par La Cantine pour tous, un organisme à but non lucratif qui plaide pour l’accès à une alimentation scolaire saine et universelle au Québec. Actuellement, le programme La Cantine dans les écoles permet aux élèves de 40 écoles primaires dans six régions du Québec d’avoir accès à des repas préparés par des organismes-traiteurs locaux selon un modèle de contribution financière volontaire des parents. Parallèlement, ce programme propose des occasions de croissance pour les organismes oeuvrant dans le secteur de la production alimentaire, faisant ainsi tourner la roue de l’économie sociale. Depuis sa mise en oeuvre, le programme mobilise un nombre grandissant d’organismes-traiteurs afin d’offrir aux enfants des repas sains. Afin de soutenir ce rythme de croissance, La Cantine pour tous a souhaité entamer une évaluation des processus de son programme La Cantine dans les écoles afin de répondre de façon plus efficace à un volume plus grand d’organismes-traiteurs. Parmi ces processus, on compte notamment la certification des organismes-traiteurs pour devenir membre de La Cantine pour tous, leur intégration au programme La Cantine dans les écoles, leur association à une école pour la livraison des repas et le recrutement des écoles. Pour conseiller l’équipe sur une méthodologie d’évaluation, l’organisation a formé un comité constitué de partenaires des directions de santé publique qui a recommandé qu’une chargée d’évaluation de programmes chapeaute l’évaluation de La Cantine dans les écoles, d’où l’embauche de Mireille Morin pour l’année scolaire 2021-2022. L’article suivant vise à relater les grandes étapes de la méthodologie d’évaluation des processus menée de juillet 2021 à mars 2022. Ces grandes étapes sont l’identification des besoins d’évaluation, la définition du problème (écart entre l’état initial et l’état désiré), la collecte de données pour la compréhension des processus et l’analyse des écarts, la rétroaction et l’expérimentation. Cette expérience démontre l’importance accordée aux aspects techniques d’une démarche réflexive participative ainsi que ses apports humains, en exposant les retombées de la pratique et les apprentissages effectués. Actuellement, l’organisme opère de façon similaire au modèle de start-up, dans lequel il est fréquent de trouver un nombre restreint d’employé.e.s qui maîtrisent chacun une expertise spécifique de la chaîne de processus. Selon notre expérience, ce type d’organisation du travail, dite « organisation scientifique du travail » (Alter, 2012), limite considérablement la visibilité des employé.e.s sur les étapes des processus dans lesquelles ils ou elles ne sont pas impliqué.e.s. Ce fonctionnement peut créer des enjeux de communication entre les postes de travail lorsque l’équipe vit une croissance, et une surcharge de travail lorsque le nombre de partenaires augmente. Le travail à la chaîne fragilise aussi la prestation de service auprès des partenaires lorsqu’un employé quitte l’organisation, puisque ses tâches ne sont pas familières au reste de l’équipe (Alter, 2012). Parmi …

Parties annexes