Des pratiques à notre image

Faire une différence[Notice]

  • Claude Snow

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  • Claude Snow
    Comité des 12, Nouveau-Brunswick, Canada

En 1993, douze personnes de la Péninsule acadienne, dans le nord-est du Nouveau-Brunswick, ont formé un organisme communautaire dans le but de se porter à la défense des assistés sociaux et de leur donner une voix organisée. Le Comité des 12 a été fondé pour combler un vide. À l’époque, le système d’aide sociale était dans un état lamentable. Mal informés, pourchassés par les enquêteurs et privés de leurs droits élémentaires, les pauvres faisaient les frais d’un système oppressif et inéquitable. La vision simpliste du gouvernement libéral de Frank McKenna ne concordait certainement pas avec la nôtre, et comme dans l’histoire de l’empereur nu, personne n’osait affirmer que le gouvernement faisait fausse route, de peur d’en subir les représailles. Pendant ce temps, Frank McKenna continuait à prôner qu’il fallait réduire l’aide sociale au minimum et placer tout le monde au travail. Il voulait aussi mettre la province sur la carte et démontrer au reste du pays qu’il est possible d’accomplir des merveilles en moussant simplement la fierté personnelle. Les gens en étaient venus à croire qu’il était possible de résoudre tous les problèmes humains par ce moyen qui leur était proposé. Le fossé se creusait de plus en plus entre la vision d’une société utopique et la réalité sur le terrain et le gouvernement, impitoyable, se montrait de plus en plus hostile à l’égard de ceux qui ne travaillaient pas. Quant à nous, nous étions résolus à défendre le sort des gens à faible revenu, surtout les « moins méritants », ceux qui ont des limitations invisibles et que la société est portée à traiter comme des fainéants parce qu’ils ne travaillent pas. Il fallait donc parler des besoins des pauvres et de leurs capacités réelles pour ramener le public à la réalité. Ce fut là la base de notre mission qui se poursuit toujours aujourd’hui. Nous utilisons divers moyens pour atteindre nos fins, notamment l’écriture publique qui consiste à rédiger des lettres pour représenter celles et ceux qui ne peuvent le faire elles-mêmes ou eux-mêmes. À cela s’ajoutent la défense populaire qui nous amène à exercer des pressions en tant qu’avocats populaires et la militance sociale par laquelle nous réclamons de meilleures politiques sociales. Nous montrons ainsi aux gens à s’affirmer et à se défendre, à revendiquer leurs droits, à interroger l’appareil public, à dénoncer les atteintes aux droits et à plaider pour une plus grande équité. Les résultats ne sont pas éclatants, mais ils sont déterminants. Qu’il suffise de mentionner qu’à force de talonner le gouvernement, nous avons réussi à améliorer le sort des personnes moins nanties, en plaidant une cause à la fois. Nous constatons aussi que la distance entre ces dernières et les pouvoirs publics s’est rétrécie. Grâce à nos interventions et au fil des ans, nous avons réalisé ici et là des gains qui ont fait une différence dans la vie des gens. Nous avons réussi à faire assouplir, modifier ou éliminer plus de 200 règles qui les touchaient de près. L’écart est moins profond qu’il ne l’était, le lien de confiance s’est renforcé et la dignité a retrouvé quelque peu sa place. Quant aux fonctionnaires, ils ne nous ont jamais fermé la porte au nez, même au plus fort de la tempête. Par la force des choses, nous sommes amenés à les confronter plus souvent qu’à collaborer avec eux, comme c’est le cas pour tous les groupes de pression. Parfois, le fil de nos relations s’amincit, parfois il est plus solide, mais il ne se rompt jamais complètement. Après tout, ce sont les gens exigeants qui font avancer les causes. Défendre les droits des …