Des pratiques à notre image

L’insertion professionnelle des migrants francophones à Ottawa : un processus à double face[Notice]

  • Valérie Fortier,
  • Michelle Tabor et
  • Stéphanie Garneau

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  • Valérie Fortier
    Candidate à la maîtrise, École de service social, Université d’Ottawa

  • Michelle Tabor
    Candidate à la maîtrise, École de service social, Université d’Ottawa

  • Stéphanie Garneau, Ph. D.
    Professeure agrégée, École de service social, Université d’Ottawa

Dans le cadre du cours Dimensions internationales du service social donné à l’Université d’Ottawa, nous avons été amenées à réaliser un entretien ethnographique avec une intervenante oeuvrant auprès des personnes migrantes. L’entretien ethnographique consiste en la prise en compte, dans l’analyse, non seulement des propos de la personne enquêtée, mais aussi des interactions de la chercheuse ou du chercheur avec la personne interviewée dès la prise de contact, ainsi que des observations du contexte de l’entretien (Beaud et Weber, 2003). Nous avons ainsi rencontré une agente d’établissement du Centre des services communautaires Vanier (CSCV) de la ville d’Ottawa, ce qui nous a conduites à nous interroger sur la question de l’insertion professionnelle des nouveaux arrivants et arrivantes, particulièrement ceux et celles de langue française. C’est effectivement en accédant au travail que les personnes migrantes peuvent progressivement parvenir à s’incorporer à la société canadienne (Raza, Beaujot et Woldemicael, 2012). Il se trouve que plusieurs migrantes et migrants francophones sont intéressés par le fait de vivre dans un environnement bilingue comme Ottawa. Selon une analyse des données du recensement de 2006, réalisée par le Conseil de planification sociale d’Ottawa (2010), il y avait 24 175 immigrantes et immigrants ayant le français comme langue maternelle ou d’usage à Ottawa, soit 15,1 % de la population francophone ottavienne. Certains migrants et migrantes francophones originaires d’Afrique subsaharienne disent se sentir plus à l’aise à Ottawa, malgré le fait que l’anglais prédomine comme langue de travail, cela en raison des variations entre leur langue et celle parlée du côté du Québec (Veronis, 2015). Mugwaneza (2011) énonce pour sa part que la perspective d’apprendre et de pouvoir mettre en pratique l’anglais est attirante pour les personnes migrantes. Toujours selon les données de 2006, 10,5 % des personnes migrantes francophones dans la capitale nationale étaient cependant touchées par le chômage comparativement à 5,9 % de la population canadienne générale (Conseil de planification sociale d’Ottawa, 2010). L’intervenante que nous avons rencontrée a nommé trois principaux enjeux pouvant expliquer cet écart entre le taux de chômage des personnes migrantes et celui des personnes nées au Canada : les exigences du marché du travail, la francophonie en contexte linguistique minoritaire et les normes culturelles. En les évoquant tour à tour, nous comprendrons mieux quelques-unes de ses interventions auprès des nouveaux arrivants et arrivantes, de même que le sens qu’elle accorde à son rôle. Auparavant, présentons brièvement le Centre des services communautaires Vanier ainsi que les profils des personnes migrantes qui s’y présentent. Établi au coeur de Vanier, un quartier historiquement habité par des ouvriers francophones, le Centre des services communautaires Vanier (CSCV) intervient auprès de la population francophone d’Ottawa depuis 1980 (Benali, 2013). Ce quartier transitoire situé à proximité du centre-ville offre des logements à prix abordable, ce qui encourage les personnes migrantes à s’y installer à leur arrivée à Ottawa. De plus, plusieurs institutions et organismes communautaires francophones se trouvent au sein de cette petite communauté en plus d’une multitude d’épiceries et de commerces spécialisés dans les produits internationaux. Cela incite toujours plus de personnes migrantes à s’établir dans le quartier ou à le visiter fréquemment, changeant ainsi le visage de la population du quartier. Le contexte de la capitale nationale canadienne est particulier puisqu’on peut y trouver les ambassades ainsi que « les institutions gouvernementales fédérales » (Mugwaneza, 2011, p. 14). Le Centre oriente sa mission sur les besoins changeants de la communauté dans laquelle il est situé (Centre des services communautaires Vanier, 2017). Il offre une multitude de services sociocommunautaires comme une clinique juridique, des activités pour la famille, du counselling et des services de recherche d’emploi. Le …

Parties annexes