Éditorial

La construction du travail social en contexte francophone minoritaire au Canada[Notice]

  • Marc Molgat,
  • Hélène Albert,
  • François Boudreau et
  • Jacynthe Mayer

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  • Marc Molgat
    École de service social, Université d’Ottawa

  • Hélène Albert
    École de service social, Université de Moncton

  • François Boudreau
    École de service social, Université Laurentienne

  • Jacynthe Mayer
    École de service social, Université d’Ottawa

Comment rendre compte de l’état actuel du travail social dans les communautés francophones minoritaires au Canada? Il ne s’agit pas d’une mince tâche… Ou devrions-nous dire plutôt qu’il ne s’agit plus d’une mince tâche? Tant de choses ont évolué dans la recherche et l’enseignement en travail social dans ces communautés depuis 25 ans que nous sommes tentés d’affirmer qu’une période de maturité a été atteinte et que les acteurs dans ce champ sont aujourd’hui plus assurés et plus confiants du bien-fondé de leur position, de leurs intérêts et de leurs expertises en recherche, en enseignement et en intervention. Il ne faut pas oublier qu’au début des années 1990, il n’existait qu’une seule école de travail social francophone au pays; elle se trouvait à l’Université de Moncton et offrait des programmes de baccalauréat (depuis 1968) et de maîtrise (depuis 1985). Il existait aussi à l’Université Laurentienne une école de service social bilingue offrant un programme en français de baccalauréat spécialisé en service social. Depuis, deux écoles francophones s’y sont rajoutées, soit l’une à l’Université d’Ottawa en 1992 et l’autre à l’Université Saint-Boniface en 2007, tandis que d’autres programmes ont vu le jour : une maîtrise à l’Université Laurentienne en 1991, un baccalauréat (2006) et un doctorat (2010) à l’Université d’Ottawa, ainsi que des formations offertes à distance par l’Université Laurentienne. Ces développements ont contribué à une croissance exponentielle du nombre de travailleuses et travailleurs sociaux francophones dans ces milieux et ont permis de combler de nombreuses lacunes au niveau des besoins en matière de travail social et de l’intégration de groupes et d’individus autrefois laissés pour compte dans les communautés francophones minoritaires. Et pourtant, beaucoup reste à faire, comme en témoignent les enjeux qui se dessinent parfois en pointillé et parfois de manière plus vive, et qui révèlent les tensions et les opportunités, les défis et les espoirs que nous réserve l’avenir. Nous voulions dans le présent numéro faire le point sur la situation — sur ce qui a été fait et ce qu’il reste à faire — et identifier des zones d’ombre sur lesquelles il conviendrait de lever le voile, c’est-à-dire identifier des enjeux qui ont été moins mis en évidence dans les contextes francophones minoritaires et qui mériteraient qu’on s’y attarde un peu plus maintenant et à l’avenir. Un article paru dans la revue Reflets à l’automne 2015 présentait une analyse descriptive des écrits scientifiques publiés depuis 1990 sur le travail social en contexte francophone minoritaire (Molgat et Trahan-Perreault, 2015). Au terme de cet article, les auteurs invitaient à résister à la tentation de légitimer la construction des connaissances sur ce contexte en se référant uniquement à son étendue et à sa diversité (pourtant réelles), pour plutôt approfondir la réflexion sur la manière dont les « cadres sociaux de la connaissance » (Gurvitch, 1966; Farrugia, 2002) et les préoccupations de recherche et d’enseignement universitaire en travail social dans les communautés francophones minoritaires (CFM) s’influencent mutuellement. En posant un tel regard qui embrasse à la fois les contextes de la construction du travail social et sa manifestation concrète en recherche, en enseignement et en pratique, nous serions en mesure de mieux expliquer l’état de la situation et de mieux cerner les défis et les opportunités de l’avenir. Nous présentons ici quelques réflexions à cet effet; elles nous ont été inspirées bien sûr par la préparation du présent numéro, mais ne se limitent pas aux textes contenus dans ses pages. Lorsque nous avons lancé l’appel de textes pour le présent numéro, nous cherchions à prolonger la réflexion entamée lors du colloque intitulé « Entre spécificité et diversité : le point sur …

Parties annexes