Des pratiques à notre image

Hôpital Montfort : reflets de la francophonie en évolution[Notice]

  • Danielle Perron Roach

…plus d’informations

  • Danielle Perron Roach, MSS, TSI
    Hôpital Montfort
    Doctorante, Faculté d’éducation, Université d’Ottawa

Tout au long de son histoire, l’Hôpital Montfort a été perçu comme un symbole de survie de la langue française et un lieu d’affirmation des droits linguistiques des Franco-Ontariennes et des Franco-Ontariens. D’ailleurs, le mouvement populaire SOS Montfort (1997-2001) s’opposant à la fermeture du seul hôpital spécialisé à offrir des services de santé en français en Ontario sert toujours d’exemple dans les écoles de langue française de partout en Ontario pour illustrer la persévérance de la communauté franco-ontarienne dans la lutte pour sa survie. Le contexte démographique de la francophonie dans les régions desservies par l’hôpital a grandement facilité la décision politique d’offrir des soins de santé en français en Ontario; c’est en effet dans le centre et dans l’est de la province que se trouve au Canada, hors Québec, le plus grand nombre de francophones (Office des affaires francophones, 2009, p. 5). Cette reconnaissance venait confirmer l’intuition des dirigeants de Montfort. En effet, pour se démarquer des autres centres hospitaliers, l’établissement se dotait dès 1975 d’une politique linguistique articulée autour des principes suivants : À partir des évènements historiques que l’on connaît, les générations montantes apprennent que Montfort est plus qu’un établissement de soins de santé et d’enseignement, mais qu’il symbolise aussi la fierté de la population franco-ontarienne en s’inscrivant dans ses luttes les plus mémorables visant à affirmer son identité et à garantir sa pérennité. En revanche, beaucoup de changements ont eu lieu au cours des vingt dernières années et ont affecté le fonctionnement de l’hôpital. Entre autres, la communauté francophone en Ontario est devenue de plus en plus diversifiée s’ouvrant aux apports des différentes vagues d’immigration en provenance d’horizons culturels divers; de plus, en 2013, la mission de Montfort a été élargie en vertu de sa désignation comme centre hospitalier universitaire (CHU), groupe A. Afin de mieux comprendre ces changements et leur impact, nous avons rencontré le vice-président de l’enseignement à l’hôpital, le Dr André Bilodeau, pour recueillir ses propos et son point de vue de cette transformation et ainsi, enrichir le contenu du présent article. À cette occasion, il a tenu à faire la distinction entre un hôpital affilié et un hôpital désigné. Par la suite, il a expliqué l’impact de la désignation en tant que CHU pour l’organisation, l’administration et la livraison des services de santé de Montfort de même que pour l’ensemble de la communauté franco-ontarienne. Finalement, le Dr Bilodeau a partagé ses réflexions sur les changements démographiques de la nouvelle francophonie ontarienne et leur impact sur la mission universitaire de l’Hôpital Montfort. En somme, l’hôpital a dû modifier son fonctionnement organisationnel afin de répondre à sa nouvelle désignation comme CHU et beaucoup reste à faire pour mieux répondre aux besoins de la communauté francophone de l’Ontario, lesquels évoluent rapidement. L’hôpital jouissait déjà depuis 1961 d’une relation privilégiée avec les programmes de formation s’adressant aux professionnelles ou aux professionnels de la santé de l’Université d’Ottawa. À la suite de sa désignation comme CHU, son rôle s’est accru bien au-delà des paramètres antérieurement définis. Depuis la création de l’école de médecine à l’Université d’Ottawa en 1945, les hôpitaux de la région d’Ottawa-Carleton ont accueilli en tant que milieux de formation pratique des futurs médecins afin de parfaire leur apprentissage. L’Hôpital Général d’Ottawa a été le premier à développer ce partenariat avec l’école de médecine en 1948, suivi de l’Hôpital Civic, puis de l’Hôpital Montfort en 1959 (Gelfand, 1996). À ce moment, l’enseignement faisait partie de la culture de Montfort en tant que milieu desservant principalement les besoins de la communauté francophone de la région. Bien que l’Université d’Ottawa soit bilingue, ses cours de …

Parties annexes