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Aînés francophones et intervenants multiethniques en santé : un projet de formation interculturelle adaptée aux collèges francophones canadiens[Notice]

  • Roger Parent,
  • Louise Bouchard et
  • Marc Lebel

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  • Roger Parent
    Ph., D., Campus Saint-Jean, Université de l’Alberta

  • Louise Bouchard
    Ph., D., Université d’Ottawa, Institut de recherche sur la santé des populations

  • Marc Lebel
    La Cité, Institut des sciences de la santé et de la vie

Le foisonnement de travaux traitant de la compétence culturelle dans les domaines de l’éducation et de la recherche médicale témoigne de l’urgence et de la complexité de cette question face aux changements démographiques des populations desservies par les professionnelles et professionnels de la santé et des services sociaux, et ce, au Canada comme partout ailleurs (Jengebretson, Mahoney et Carlson, 2008). Définie comme « un ensemble d’attitudes congruentes, de pratiques, de politiques et de structures qui sont regroupées dans un système ou une agence et qui permettent aux professionnelles et aux professionnels de travailler de manière plus efficace dans des situations transculturelles (Cross, et collab., 1989, p. 13 [notre traduction]), la compétence culturelle représente une stratégie institutionnelle pour contrer les inégalités sociales, et ainsi améliorer les déterminants sociaux de la santé des collectivités plus marginalisées. Le développement de compétences culturelles par l’entremise de l’éducation médicale représente une stratégie prioritaire dans cette quête de justice sociale et d’équité dans les services sociaux et de santé (Narayanasamy et White, 2005). Malgré l’émergence d’un important nombre de modèles de pédagogie interculturelle dans l’éducation médicale, peu d’études semblent avoir été effectuées sur les retombées d’apprentissage à court terme de ces approches pédagogiques (Hussain-Gambles, Atkin et Leese, 2004). De même, des analyses sur les retombées à moyen terme, ainsi que des enquêtes sur les stratégies et les pratiques culturelles qui émergent des formations interculturelles, surtout par rapport à la spécificité des besoins langagiers et culturels d’une communauté en matière de soins de santé et services sociaux, demeurent quasi inexistantes (Whitley, 2007). Le projet Aînés francophones et intervenants multiethniques en santé (AFIMES) a conséquemment cherché à répondre à ce besoin de recherche sur les acquis réels des démarches de formation interculturelle et plus spécifiquement sur les retombées d’apprentissage telles que vécues et articulées du point de vue des apprenants, soit les professionnelles et professionnels de la santé et leurs clients. Réalisée entre juin 2012 et février 2013 à La Cité collégiale d’Ottawa, cette initiative exploratoire — projet financé par le CNFS — souhaitait documenter et analyser la portée à moyen terme d’une session de formation interculturelle en termes des compétences culturelles acquises relativement à des défis culturels et langagiers précis. Les participantes et participants provenaient principalement de communautés multiethniques en raison de la proportion grandissante d’étudiantes et d’étudiants internationaux inscrits aux programmes de cette institution. Même si la langue de communication leur était généralement commune, la plupart d’entre eux étant en mesure de s’exprimer en français, les différences de culture rendaient souvent la communication problématique avec leurs clientes ou clients, sans oublier les difficultés communicatives occasionnées par la différence d’âge. Ce contexte a déterminé la finalité du projet, celle de « mieux former les apprenantes et apprenants (issus de communautés multiethniques) pour leur permettre de communiquer efficacement avec les aînées et les aînés francophones de souche dans la livraison de services de santé linguistiquement et culturellement appropriés ». Une douzaine de participantes et de participants ont suivi la formation interculturelle proposée, une formation de dix-huit heures qui s’est déroulée du 4 au 8 juin 2012. Comme modèle pédagogique, le projet AFIMES a opté pour une formation interculturelle de type « intégré et multidimensionnel » (Bennett, 1986; Milhouse, 1996). Le volet de l’intégration s’est déroulé par l’entremise d’un travail d’équipe assuré par le chercheur principal et le cochercheur Marc Lebel, professeur et coordonnateur du programme Préposé aux services de soutien personnels et chef d’équipe de formateurs en techniques de la santé à la Cité. Cet enseignement binôme a également été enrichi de la participation des professeures et professeurs qui ont accepté d’intégrer l’initiative de formation dans le cadre …

Parties annexes