Des pratiques à notre image

Superviser des stagiaires dans une équipe communautaire de traitement intensif[Notice]

  • Chantal Joly

…plus d’informations

  • Chantal Joly
    Travailleuse sociale, Équipe communautaire de traitement intensif, Ottawa

Bien qu’elle comporte des défis et qu’elle ajoute invariablement une charge à notre travail, la supervision de stagiaires demeure à mon avis une expérience enrichissante. Travailleuse sociale dans l’Équipe communautaire de traitement intensif d’Ottawa (ÉCTI) depuis son implantation en 2000, j’ai eu certaines réticences quand on m’a demandé de superviser des stages. De nombreuses questions inondaient mes pensées : Suis-je prête? Mon bagage professionnel est-il suffisant? Comment est-ce que je définis mon rôle et comment transmettre mes connaissances? Ma personnalité sera-t-elle compatible avec celle de mon étudiante ou de mon étudiant? Mais le désir de vivre une telle expérience et la curiosité de m’y aventurer malgré l’inconnu m’ont poussée à relever ce défi. Il me fallait bien tenter l’expérience si je voulais des réponses à mes questions. Le présent article porte donc sur mon expérience comme superviseure de stage. Je parlerai d’abord de l’historique et du fonctionnement de l’ÉCTI afin de préciser les particularités de ce milieu de stage. Je m’attarderai sur ma façon de conjuguer mon rôle de superviseure avec les défis reliés aux suivis communautaires. Enfin, je commenterai les apprentissages qui se vivent dans ce milieu et les liens entre la théorie et la pratique sur lesquels ils se fondent. À la fin des années 1960 et tout au long des années 1970, à la suite du phénomène de désinstitutionnalisation, des transformations majeures s’opèrent dans le système de santé mentale. On vise à développer une approche permettant aux patients hospitalisés en psychiatrie de sortir de leur isolement et de se réinsérer dans la communauté. Toutefois, des recherches démontrent que le système de réseautage est insuffisant et manque d’efficacité pour assurer une réadaptation sociale adéquate. Afin de pallier ces lacunes, les professeurs Mary Ann Test et Leonard Stein ont mis sur pied le modèle Training in Community Living (TCL) au cours des années 1970 à Madison au Wisconsin. C’est ainsi qu’est née l’intervention en suivi communautaire qui vise à soutenir dans leur milieu de vie les personnes ayant des maladies mentales graves et persistantes (Test, 1998). Depuis cet envol, ce domaine a évolué et fait place à un autre modèle, le Program of Assertive Community Treatment (PACT), connu en français sous le nom de « Programme de traitement intensif », lequel est géré par des ÉCTI. Les recherches démontrent son efficacité en ce qui a trait notamment à la diminution du temps passé à l’hôpital, à une meilleure autonomie résidentielle, à l’amélioration de l’état clinique et à une grande satisfaction de la part du client ou de sa famille (Test, 1998, p. 140). Le ministère de la Santé et des Soins de longue durée (MSSLD) de l’Ontario s’est donné un cadre conceptuel pour mieux clarifier les responsabilités et le mandat des ÉCTI. L’une des responsabilités de ce ministère est d’assurer la gestion du système de santé provincial de l’Ontario. Il établit l’orientation stratégique de services incluant ceux en santé mentale. Jusqu’au 1er avril 2007, le MSSLD finançait directement les hôpitaux afin de fournir des services de santé mentale aux adultes. Depuis, il finance les Réseaux locaux d’intégration des services de santé (RLISS) implantés dans chaque région de la province. Les RLISS se chargent de planifier et de financer la plupart des services communautaires et hospitaliers de santé mentale, incluant ceux de l’Hôpital Montfort. Le modèle PACT inspiré de Test et Stein a été une ressource indispensable pour développer les normes des ÉCTI, également connues sous d’autres vocables, anglophones et francophones. Parmi les plus utilisés en français, mentionnons : « Équipe de traitement communautaire actif », « Équipe de traitement dynamique » et « Équipe de suivi intensif dans …

Parties annexes