Le présent article porte sur une démarche pédagogique utilisée au cours de l’automne 2013. Elle visait à amener un groupe de vingt étudiantes ou étudiants de troisième ou de quatrième année du baccalauréat spécialisé approfondi en service social de l’Université d’Ottawa à acquérir et à développer des connaissances théoriques et des compétences pratiques en recherche sociale. À titre de professeure à temps partiel, je donnais pour la première fois le cours obligatoire Méthodologie de recherche communautaire et recherche-action en service social. J’avais quelques appréhensions face à la motivation ou à l’intérêt des étudiantes ou étudiants quant à la matière à aborder, leur insatisfaction ayant atteint ma porte à quelques occasions ces dernières années. Ainsi, étant d’abord une travailleuse sociale, j’ai décidé comme approche de leur permettre de s’approprier le contenu du cours, de participer à sa création. Par conséquent, avant de développer mon syllabus, j’ai décidé de sonder des étudiantes et des étudiants inscrits au programme. Certains avaient déjà suivi le cours, d’autres allaient le faire. Les impressions qui ont transparu de ces discussions informelles furent relativement contrastées. D’une part, celles et ceux qui étaient en fin de parcours académique et qui souhaitaient intégrer le marché du travail dès l’obtention de leur diplôme, doutaient de la pertinence d’inclure ce cours à leur cursus universitaire. Ils considéraient dans une large mesure que le contenu n’avait aucune incidence pratique. Des enjeux en lien avec son utilité et le développement des compétences nécessaires au métier de travailleur social étaient fréquemment évoqués pour justifier leur réticence. De leur côté, les étudiantes ou les étudiants qui souhaitaient être admis éventuellement à la maîtrise en service social avaient des attentes élevées et une motivation personnelle liée à leurs objectifs d’étude et de carrière. Ils espéraient pouvoir développer des compétences concrètes, qui leur permettraient d’effectuer leur propre recherche-terrain au cours d’études supérieures. Ainsi, afin d’offrir une expérience d’apprentissage pouvant correspondre autant que possible à l’ensemble des besoins qui m’ont été manifestés, j’ai proposé au groupe d’effectuer collectivement une recherche qualitative. Qui plus est, ayant été informée que Reflets préparait un numéro traitant de la formation pratique en service social, nous avons décidé d’effectuer notre recherche sur ce même sujet. Les objectifs pédagogiques de cet exercice étaient nombreux et susceptibles de varier d’une étudiante ou d’un étudiant à l’autre. Cependant, il était essentiel de faire en sorte que chaque étape de la recherche corresponde à une expérience pratique, vécue, concrète afin de démystifier le processus. Chaque séance permettait d’établir des liens entre les connaissances théoriques plus formelles et leur application. Le savoir-faire des étudiantes et des étudiants était donc mis à contribution et développé à chaque étape de la recherche. Au début du semestre, chaque étudiante ou étudiant devait effectuer une recherche bibliographique consistant à me faire parvenir au moins trois articles scientifiques abordant le sujet de la formation pratique en service social. Leur premier constat a été de prendre conscience du peu d’études sur cet aspect pourtant crucial de leur formation. Nous avons donc décidé d’ouvrir notre recension des écrits à d’autres disciplines, telles que l’éducation et la criminologie. Parmi les textes recensés, j’ai sélectionné ceux qui étaient les plus pertinents à notre démarche et je les ai distribués, un article pour chaque étudiante ou étudiant. Ils devaient individuellement en faire une lecture approfondie, le résumer, le rendre disponible sur la plateforme virtuelle du cours et le présenter oralement devant le groupe en relevant les éléments les plus importants du texte. À la suite des vingt présentations, grâce auxquelles nous avons obtenu un aperçu des connaissances actuelles sur le sujet, une discussion a permis de mettre …
Parties annexes
Bibliographie
- LE BOTERF, Guy (1998). Ingénierie et évaluation des compétences, Paris, Eyrolles, Éditions d’Organisation, 605 p.