Lu pour vous

LAPIERRE, Simon, et Dominique DAMANT (dirs.), Regards critiques sur la maternité dans divers contextes sociaux (2012). Presses de l’Université du Québec, Collection Problèmes sociaux et intervention sociale, 278 p.[Notice]

  • Stéphanie Talbot

…plus d’informations

  • Stéphanie Talbot
    Étudiante à la maîtrise, École de service social, Université d’Ottawa

Dans le Chapitre 1, L’institution de la maternité, Dominique Damant, Marie-Ève Chartré et Simon Lapierre tentent de définir le concept de la maternité en nous faisant part de l’évolution de celui-ci en lien avec les normes sociales. Selon leur constat, la maternité est définitivement une construction sociale idéalisée par la société. L’intégrité de la femme est mise de côté au profit du bien-être et de la sécurité de l’enfant. La question fondamentale posée par les auteurs est la suivante : qu’est-ce qu’une « bonne mère » et qu’est-ce qu’une « mauvaise mère » selon les attentes normatives? L’analyse de la dichotomie entre ces deux concepts est très intéressante puisque l’on comprend clairement que l’étiquette de « mère parfaite » ouvre la voie au jugement, à l’incapacité et à la stigmatisation. À la suite de Caplan (1990), Damant, Chartré et Lapierre résument bien cet état de fait en affirmant qu’ainsi, les femmes deviennent responsables de tous les problèmes et les maux de la société. Après ce premier chapitre portant sur la maternité, c’est de son opposé que traite le Chapitre 2, Dire la non-maternité ou pourquoi votre amie sans enfant est muette. Lucie Joubert y traite de l’espace de prise de parole des femmes qui n’ont jamais accouché, les nullipares, par rapport à ce mode de vie qu’elles doivent constamment justifier. Il est malheureux de constater encore aujourd’hui que le choix de ne pas avoir d’enfant n’est pas accepté de tous et que le sujet reste tabou. Dans une société pronataliste, où la maternité est l’aboutissement de l’épanouissement féminin, l’auteure tente de comprendre les répercussions et les implications qu’entraîne la parole nulliparturiente. Intitulé Transition to motherhood in the context of past trauma, le Chapitre 3 aborde la transition vers la maternité en touchant au concept de l’identité. Marilyn Evans, Robin Mason et Helene Berman proposent un questionnement sur le sens que la société, tout particulièrement la culture, donne au fait de devenir mère. Bien que la maternité soit vue et comprise généralement comme un événement positif, la transition peut parfois entrainer certaines déceptions et désillusions — à titre d’exemple, les changements physiques et l’image corporelle, ou encore le changement d’horaire qui affecte directement les interactions sociales. Un lien est aussi établi entre la transition vers la maternité et les traumatismes personnels vécus; bien que subjectifs, ceux-ci joueront un rôle dans l’expérience maternelle en ajoutant parfois de l’ambivalence, mais menant bien souvent à la résilience. Un sujet de grande actualité fait l’objet du Chapitre 4, Les représentations sociales de l’allaitement maternel. En essor au niveau mondial depuis les trente dernières années, l’allaitement est devenu pour certaines femmes un enjeu où l’essence même de leur rôle de mère est remise en question. Bien que soient présentés les bienfaits de cette pratique, Chantal Bayard se penche aussi sur les situations difficiles que peuvent vivre les femmes en raison de la construction idéaliste de l’allaitement que prônent le gouvernement ainsi que les professionnels de la santé, en soulignant la culpabilité qui émerge chez celles qui osent déroger à cette norme. Les thèmes abordés parlent d’eux-mêmes : « allaiter c’est naturel », « allaiter c’est donner la santé », « nourrir c’est créer le lien ». Le Chapitre 5 s’intitule Tensions et incertitudes autour de la « dépression postnatale » et de son traitement. Marie-Laurence Poirel et Francine Dufort y proposent une réflexion, allant au-delà de l’analyse statistique, sur la dépression postnatale, ses causes et ses divers traitements. Au terme « dépression », elles préfèrent celui de « détresse » qui se dissocie du discours expert. Pourquoi vouloir se dissocier de …

Parties annexes