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L’accès à l’information en matière de santé : un défi pour les personnes peu alphabétisées[Notice]

  • Rachel Anne Normand et
  • Suzanne Benoit

…plus d’informations

  • Rachel Anne Normand

  • sous la supervision de
    Suzanne Benoit
    Directrice générale, Coalition ontarienne de formation des adultes, Ottawa

En matière de santé, les gens ont le droit d’être renseignés et de faire leurs propres choix. Au Canada, une panoplie de ressources rend accessibles à peu près tous les renseignements désirés. Mais cette information est difficilement accessible aux personnes peu alphabétisées, et ce, à cause de barrières linguistiques — à l’oral et à l’écrit — ou technologiques. Pour pallier ce problème, il convient d’exposer la situation aux organismes travaillant sur la littératie en matière de santé. Il sied aussi d’examiner les facteurs qui déterminent les problèmes de littératie en relation avec la santé, de même que les ressources qu’utilisent les Canadiens et les Canadiennes pour obtenir des renseignements à son sujet. Au sens étroit du terme, la « littératie » est l’ensemble des connaissances en lecture et en écriture permettant à une personne de fonctionner en société. En d’autres mots, c’est la capacité de la personne à comprendre et à utiliser des moyens de communication pour s’engager pleinement et efficacement dans la vie sociale et économique de sa communauté. La littératie renvoie de plus à la capacité d’analyser des problèmes, de comprendre des idées et d’appliquer des théories dans le but de permettre à une personne de fonctionner dans la vie de tous les jours, que ce soit à la maison, au travail ou dans la communauté. L’Organisation de coopération et de développement économique (Jones, 1995) définit cinq niveaux de littératie, 1 étant le plus faible et 5, le plus élevé. Statistique Canada (Corbeil, 2003) considère que le niveau 3 représente le seuil minimal pour s’intégrer de façon autonome dans la société moderne. Au Canada, il existe des écarts en matière de niveau d’alphabétisme entre les anglophones, les francophones et les allophones. Lors de l’Enquête sur l’alphabétisme et les compétences des adultes (EACA) de 2003, les anglophones ont mieux réussi les différents tests de littératie et de numératie que les autres groupes linguistiques. En effet, 13 % d’anglophones se situaient au niveau 1 de compétence sur l’échelle des textes suivis, comparativement à 22 % de francophones et à 38 % d’allophones. À l’autre extrémité de l’échelle, près de 21 % des anglophones ont atteint au moins le niveau 4 comparativement à 13 % des francophones et 10 % des allophones. Les résultats des membres des divers groupes linguistiques varient selon la province. Au Nouveau-Brunswick, 66 % des francophones n’ont pas atteint le niveau 3. En Ontario, au Québec et au Manitoba, 55 % des francophones n’ont pas réussi à démontrer des compétences supérieures au niveau 3 (Corbeil, 2006). De son côté, bien qu’étant une notion plus complexe, la « littératie en matière de santé » peut se résumer à la capacité pour une personne de lire du matériel sur les soins de santé et de savoir utiliser des compétences complexes. Selon l’Organisation mondiale de la Santé (1998, p. 10), la littératie en matière de santé « [va] au-delà de l’aptitude à lire des brochures et à prendre des rendez-vous ». Elle repose ainsi sur l’aptitude à obtenir, à comprendre, à interpréter et à évaluer l’information sur les soins et les services de santé afin d’être en mesure de prendre des décisions appropriées. De plus, elle englobe des aptitudes de communication. L’individu doit être en mesure de communiquer l’information de manière à promouvoir, à maintenir et à améliorer sa santé. Parce que la littératie en matière de santé implique l’utilisation simultanée d’une gamme d’aptitudes, un individu ayant de faibles capacités de lecture et d’écriture peut difficilement exécuter des tâches qui en requièrent. Les exemples d’une étiquette nutritionnelle et d’une posologie de médicaments montrent bien que les tâches liées à la …

Parties annexes