Lu pour vous

CHARBONNEAU, Johanne, Annick GERMAIN et Marc MOLGAT (dir.) (2010). Habiter seul : un nouveau mode de vie?, Les Presses de l’Université Laval, Collection Société et population, 280 p.[Notice]

  • Alex Drolet-Dostaler

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  • Alex Drolet-Dostaler
    Étudiante au baccalauréat en psychologie, Université d’Ottawa
    Intervenante en réadaptation psychosociale auprès d’adultes ayant des troubles de santé mentale

Depuis plusieurs décennies déjà, le phénomène de l’individualisation fait les manchettes dans les pays occidentaux et il se manifeste dans toutes les sphères de la vie. De nombreux chercheurs se sont intéressés à cette question, mais peu se sont penchés sur la nouvelle tendance à adopter une approche individualiste vis-à-vis du milieu de vie immédiat. En effet, nous remarquons un nombre croissant de personnes résidant seules, c’est pourquoi il est tout à fait pertinent d’étudier le sujet avec plus de rigueur. C’est ce que se propose de faire Habiter seul : un nouveau mode de vie?, un ouvrage collectif dirigé par Johanne Charbonneau et Annick Germain de l’INRS, ainsi que par Marc Molgat de l’Université d’Ottawa. L’oeuvre se divise en trois parties regroupant onze chapitres, lesquels abordent un angle d’analyse particulier du phénomène de l’habitat en solitaire. Nous présentons un résumé de ces trois parties. Suivra une brève critique. La première partie d’Habiter seul : un nouveau mode de vie? porte sur le logement et la trajectoire résidentielle. Les auteurs y démontrent la pertinence d’étudier la croissance fulgurante du nombre de ménages solos dans les pays occidentaux. Effectivement, cette catégorie de ménage ne cesse d’augmenter depuis le début des années 1960. Les groupes d’âge concernés varient de la trentaine à la cinquantaine et les personnes vivant seules sont majoritairement locataires et affichent les revenus médians les plus bas, en dépit parfois d’une formation universitaire. On compare par la suite leur organisation dans trois grandes villes canadiennes, soit Montréal, Vancouver et Toronto. La première se distingue des deux autres par les caractéristiques de son marché résidentiel favorable à la formation de ménages seuls. On parle notamment de la disponibilité des logements ainsi que des faibles coûts qui y sont associés. Le chapitre trois illustre l’hétérogénéité des parcours en misant d’abord sur la relation de moins en moins linéaire entre la trajectoire résidentielle et la vie professionnelle ou conjugale. Dès lors, on assiste à des déménagements autant choisis que contraints. Trois profils typiques ressortent de l’étude : l’authentique indépendant, le converti à la suite d’une séparation et le mobile, que l’on surnomme « urbain cosmopolite ». Une réflexion sur l’accès à la propriété des solos clôt cette partie de l’ouvrage. Si l’acquisition d’un logement en solitaire s’avère désormais moins exceptionnelle, elle génère toujours néanmoins la crainte d’un endettement hypothécaire. La deuxième partie se penche sur la vie sociale des personnes vivant seules. Leurs réseaux ne diffèrent pas énormément des gens qui cohabitent, alors qu’apparaît une corrélation positive entre la taille du réseau et le niveau de sociabilité. Ensuite, les auteurs abordent la solitude en tant qu’état envisageable chez les ménages uniques. Trois composantes la caractérisent : 1. L’authenticité, puisque « liberté, intensité, vérité […] semblent bien être devenues les nouveaux paramètres de l’existence du sujet. Les conventions du mariage et de la famille, la quotidienneté de leurs rapports ainsi que […] les mensonges sur lesquels elles s’appuient sont rejetés » (p. 144); 2. L’amour, exprimant une tension entre intimité et proximité; 3. La réflexivité, plaçant la solitude au coeur d’un travail de reconstruction du soi. De plus, une étude effectuée auprès des hommes célibataires a permis de réaliser que leurs habitudes alimentaires sont déterminées par leur environnement immédiat ainsi que par les activités combinées à l’acte de manger. En effet, ils tentent de remplacer la présence d’autrui en occupant leur esprit par quelque chose d’autre, comme regarder la télévision ou lire et misent sur la praticité bien avant la santé, c’est-à-dire qu’ils préfèrent les repas rapidement et simplement préparés aux mets riches en éléments nutritifs qui requièrent un certain …