Comme son titre l’indique, ce livre relate le vécu de dix pères, lesquels ont en commun d’avoir séjourné pour un temps à la Maison Oxygène. Située à Montréal, cette dernière offre hébergement et assistance à des pères en difficulté ainsi qu’à leurs enfants. Grâce à elle, chacun de ces hommes a pu se relever et poursuivre sa quête de bonheur. L’auteur consacre les premières pages de Dix pères, dix histoires à un bref historique de la Maison Oxygène. Oeuvrant à ses débuts dans un contexte d’essais/erreurs à l’intérieur d’un cadre financier des plus restreint, cette dernière survivait au quotidien par la seule détermination des personnes qui s’y investissaient. Mais un « ange gardien » veillait sur elle. En effet, un don substantiel et anonyme a permis à la Maison Oxygène de se structurer et de mieux « respirer ». Aujourd’hui, elle fête ses vingt ans d’existence. Qui plus est, confrontée à une demande toujours grandissante de services et forte de ses nombreux succès (statistiques et récompenses à l’appui), elle rêve que d’ici cinq ans, « cinq autres maisons du même type ouvrent elles aussi des portes sur l’espoir à des pères en difficulté et à leurs enfants » (p. 20). Les profits de la vente de Dix pères, dix histoires contribuent à faire de ce rêve une réalité. Suivent les dix récits de vie, aussi touchants qu’habilement décrits, de dix pères qui ont bénéficié de l’organisme au moment où, réduits au plus profond des désespoirs, ils cherchaient à recouvrer leur dignité. Avec courage et persévérance, ils se sont battus contre eux-mêmes, et souvent contre leur entourage, afin de vivre honorablement leur vie et leur paternité. Chacun des récits s’étale sur une douzaine de pages et certains portent en exergue un court témoignage de l’un des enfants de celui qui en fait l’objet. Par exemple, le fils de Claude écrit : « La Maison Oxygène, ça nous a permis de refaire notre vie, de repartir à zéro. Mon père a changé ses attitudes, sa volonté. C’est un nouvel homme, je l’ai remarqué » (p. 43). Dans leur vécu, les dix pères ont plusieurs traits en communs; au premier plan, leur « mission » de veiller au bien-être de leurs enfants. Plusieurs cherchent même à éviter que ces derniers aient à vivre la même vie qu’eux. On peut de plus constater qu’une fois commencée pour chacun d’eux la descente aux enfers, rien ne pouvait la freiner; même que le manque de ressources en accélérait la progression. En effet, au-delà de leur situation financière précaire, ces hommes en venaient à vivre une multitude d’autres problèmes : dépendance (drogue, alcool ou jeu), dépression, criminalité, intervention de la DPJ, etc. Un autre aspect commun au vécu des dix pères porte sur la demande d’aide. On découvre avec stupéfaction que la plupart d’entre eux atteignaient le « fond du baril » avant de « crier à l’aide ». Alors, la Maison Oxygène les accueillait et leur donnait le second souffle tant espéré en les assurant de trois mois de répit (avec ou sans leurs enfants) sous un toit où régnait un climat d’entraide, de tolérance, d’acceptation et d’encadrement. Conjointement avec diverses ressources externes, l’organisme leur a permis de se prendre en main et d’affronter leurs problèmes. Ces pères reconnaissent le rôle important qu’a joué dans leur vie la Maison Oxygène. Conscients de leur fragilité et se sachant toujours fragiles, plusieurs d’entre eux gardent contact avec elle ou avec des personnes qui y sont associées. Même que certains de ces pères sont devenus bénévoles ou encore, employés. Chacune des dix histoires aurait pu, à elle seule, faire …
VILLENEUVE, Raymond (2009). Dix pères, dix histoires, Montréal, Les Éditions Québec Amérique, Collection Document, 136 p.[Notice]
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Ian Filion
Étudiant à la maîtrise en service social, Université d’Ottawa