Lu pour vous

LIAUDET, Jean-Claude (2008), L’art d’être père, Paris, Éditions Albin Michel, 189 p.[Notice]

  • Jean-Sorphia Guillaume

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  • Jean-Sorphia Guillaume
    Étudiant au baccalauréat en service social, Université d’Ottawa

En tant que père, cet ouvrage a retenu mon attention, son titre suggérant qu’il traite d’habiletés liées à l’exercice de la paternité. Ce livre de Jean-Claude Liaudet m’apparaissait ainsi constituer une lecture utile pour démystifier le rôle des pères et les aider à prendre leur place au sein de la famille. Citant Françoise Dolto, Liaudet débute son ouvrage en affirmant qu’« un père doit chaque jour adopter son enfant ». Bien que pouvant surprendre à première vue, cet énoncé signifie que le père doit reconnaître son enfant en tant qu’individu à part entière. Quotidiennement, il doit l’aimer tel qu’il est et non comme il voudrait qu’il soit. Il doit constamment lui transmettre ce en quoi il croit, ce en quoi il a foi, sans être certain que l’enfant se l’appropriera. Bref, même si l’enfant porte ses gènes, le père se retrouve malgré tout devant un inconnu qui, avec le temps, deviendra son enfant. Le livre se structure autour de trois verbes : reconnaître, aimer et transmettre. Selon Liaudet, si le père arrive à jongler adroitement avec ces trois mots, il maîtrisera l’art d’être père. En puisant continuellement des références au sein d’un cadre psychanalytique, Liaudet propose diverses façons d’être père et non qu’une seule. D’entrée de jeu, Liaudet avance que c’est lorsque l’homme reconnaît son enfant « non seulement comme sa descendance biologique, mais également comme celui dont il sera responsable », qu’il devient père (p. 17). On pourrait croire que cet acte fait uniquement référence à l’aspect juridique, mais pour ce psychologue, l’acte de reconnaissance comporte plusieurs aspects. Il s’agit d’abord de reconnaître le désir de la conception de l’enfant. La reconnaissance se fait ensuite par le biais du sentiment éprouvé pour sa partenaire venant d’accoucher. D’autre part, l’acte de reconnaissance serait comparable à l’exploration d’un lieu inconnu et susceptible d’être dangereux, car l’être enfanté ne serait pas du tout comme son père l’aurait imaginé. Cette réalité impliquerait que dorénavant, le père apprendrait à connaître son enfant au jour le jour. Le père serait ainsi amené à se renouveler et à s’ajuster continuellement. L’auteur soutient également que la mère devrait reconnaître le père dans l’unité familiale et lui laisser la place lui revenant auprès de leur enfant. En agissant de la sorte, elle accepterait le fait qu’elle ne peut tout donner à sa descendance et que le père est là pour fournir un apport spécifique. Cette section peut aussi être enrichissante pour la nouvelle maman, qui pourrait, selon l’auteur, être jalouse et possessive dans son lien avec l’enfant. Cette dernière pourrait parfois être insécure face aux divers soins à prodiguer à son nouveau-né et hésiter trop souvent à le confier au papa. Ce dernier pourrait être intimidé par la fragilité de son enfant et ne pas démontrer toute l’assurance désirée par la mère afin qu’elle puisse — l’esprit en paix — le laisser entre ses mains. Cette alliance père-mère serait cruciale, les parents étant complémentaires. Ainsi, le père devrait aussi se reconnaître comme figure masculine ayant sa spécificité. Enfin, toujours selon Liaudet, l’homme deviendrait père lorsqu’il réussirait à s’identifier à son enfant. Autrement dit, il se reconnaîtrait dans les faits et gestes de son enfant et il agirait avec lui comme il aurait voulu qu’on agisse avec lui quand il était enfant. La partie suivante a comme thème le verbe aimer. Contrairement à l’époque où le père était autoritaire et quasi absent, celui d’aujourd’hui s’est rapproché de ses enfants. En éprouvant un amour filial, le paternel « initie son enfant à un autre amour, plus distancié, et c’est grâce à cet amour que la transmission peut se faire » …