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« Ce que vous nourrissez dans votre esprit, vous l’attirez dans votre vie » : comment les récits de maladie tissent l’expérience de la maladie
Julie Backs
École de service social, Université d’Ottawa
L’histoire de notre humanité est caractérisée par différentes maladies. La maladie en tant que phénomène de l’existence humaine n’est pas unidimensionnelle, elle n’est pas uniquement une pathologie, mais une expérience qui, dans sa complexité, englobe l’intimité et la profondeur de la personne.
La maladie affecte la personne malade, bien sûr, mais aussi les personnes qui l’entourent. Le parcours de la maladie donne donc place à une histoire : une histoire de vie, une histoire de maladie, une histoire humaine. Les récits d’événements précipités par la maladie sont fréquemment une matière qui se traduit en récits de maladie. C’est un processus d’introspection qui permet aux personnes en question de donner un sens intime et profond de leur expérience avec la maladie.
C’est à partir d’une recension des écrits, surtout inspirée de l’oeuvre de Arthur Frank que le thème des récits de maladie est exploré. Ce mémoire soutient que les personnes qui font l’expérience de la maladie font toutes un récit de leur maladie. L’expérience du malade et celle de la famille s’entrelacent; l’un et l’autre étant auteurs des récits de la maladie.
Les retombées du virage ambulatoire sur les aidantes aux personnes âgées en perte d’autonomie
Mylène Blondin
École de service social, Université d’Ottawa
Le système de santé a connu de grandes transformations depuis les trente dernières années. La livraison des soins de santé se fait davantage à domicile plutôt que dans les hôpitaux. Le gouvernement, par ses politiques de désinstitutionnalisation et de restrictions budgétaires, a graduellement remis la responsabilité des soins aux communautés et surtout, aux familles. La Loi canadienne sur les soins de santé de 1984 tente d’assurer l’accès aux soins de santé, mais ne considère médicalement nécessaires que les soins offerts par les médecins ou dans les hôpitaux. Les soins à domicile ne sont donc pas garantis par cette loi. Avec l’allongement de l’espérance de vie et le remplacement des maladies aiguës, souvent fatales, par des maladies chroniques et les limites fonctionnelles qui leur sont souvent associées, nous voyons et verrons davantage, le potentiel d’une plus longue période de dépendance. Alors, plus d’enfants adultes, en majorité des femmes, doivent fournir davantage de soins, des soins plus lourds et difficiles. Les normes sociales voulant que les soins des personnes âgées en perte d’autonomie demeurent la responsabilité des familles, des femmes, dominent toujours. La réalité de celles-ci aujourd’hui est toutefois bien différente de celles d’il y a trente ans. Aujourd’hui, elles doivent entreprendre un travail de conciliation incroyable entre les différentes sphères de leur vie. Même si certaines d’entre elles connaissent plusieurs aspects positifs de cette prise en charge, plusieurs vivent des conséquences négatives telles que des sentiments de fardeau et stress. Il est donc impératif que les chercheurs, les professionnels tels que nous travailleurs sociaux, les politiciens et la communauté en général tentent de trouver de nouvelles stratégies visant à venir épauler ces femmes parfois dépassées par la responsabilité grandissante de leurs proches âgés en perte d’autonomie et, de ce fait, en arriver à améliorer la qualité de soins offerts.
J’ai 75 ans et je vieillis bien : facteurs menant à une vieillesse réussie chez des femmes âgées franco-ontariennes
Jacynthe Carrière
École de service social, Université d’Ottawa
Depuis toujours, les femmes et les hommes cherchent à savoir comment bien vieillir. En particulier, depuis les dernières décennies, de nombreuses études en gérontologie ont été menées pour déterminer les facteurs qui font en sorte que l’on peut « réussir » sa vieillesse, ou vieillir de façon positive. Notre recherche tente justement de faire le point sur le sujet et de voir comment cette problématique du « bien vieillir » peut s’appliquer au contexte franco-ontarien.
Pour cela, nous avons effectué notre recherche en conduisant des entrevues semi-dirigées auprès de six femmes franco-ontariennes âgées de plus de 70 ans vivant à Ottawa. Notre analyse a fait ressortir plusieurs thèmes : l’importance d’une stabilité dans le revenu, des relations familiales harmonieuses, une vie de couple réussie, l’engagement et le bénévolat, une santé physique satisfaisante, le sentiment d’appartenir à une communauté et le fait de vivre en français. Notre interprétation montre que ces facteurs s’insèrent dans un contexte caractérisé par la forte présence de solidarités publiques, sociales et familiales. Sans ces solidarités, dont les participantes ne sont pas conscientes, les personnes âgées ne pourraient pas vivre une vieillesse réussie.
Quand l’abuseur d’un enfant est un autre enfant. Analyse du programme d’intervention À la croisée des chemins destiné aux enfants manifestant des comportements sexuels problématiques et à leurs parents
Josianne Chartrand
École de service social, Université d’Ottawa
La problématique des enfants posant des gestes sexuellement abusifs à l’endroit d’autres enfants demeure encore méconnue et suscite souvent étonnement et questionnement. Les intervenants sociaux qui oeuvrent auprès des enfants en difficulté gagnent à connaître davantage ce phénomène et les stratégies d’intervention à employer auprès de cette clientèle.
Notre mémoire met en lumière les enjeux liés à cette problématique et analyse le programme d’intervention À la croisée des chemins développé à l’attention de ces enfants et de leurs parents. Notre objectif est de savoir jusqu’à quel point ce programme peut répondre à leurs besoins, tels que décrits par les écrits scientifiques. Il interroge notamment si l’histoire de victimisation de ces enfants est suffisamment prise en compte par ce programme.
Notre mémoire ne reflète qu’une conjugaison de plusieurs facteurs dont une expérience antérieure de victimisation, la présence d’autres problématiques sur les plans comportemental, affectif et social chez les enfants ainsi que certaines caractéristiques familiales et environnementales contribuent à l’émergence de ces comportements. Notre analyse des composantes du programme À la croisée des chemins démontre qu’il répond à une grande partie des besoins de ces enfants et de leurs parents grâce à une intervention cognitivo-comportementale. Notre critique s’articule autour de l’absence d’une prise en considération de l’expérience antérieure de victimisation. En fait, notre recherche établit que le sentiment d’impuissance généré par une telle expérience jouerait un rôle important dans le cycle des abus commis par des enfants. Les comportements sexuels problématiques procurant pouvoir et contrôle, ils représenteraient un moyen pour masquer l’inconfort produit par l’impuissance ressentie. Notre mémoire illustre la nécessité de penser des programmes juxtaposant une intervention de dévictimisation au travail cognitivo-comportemental centré sur la cessation des comportements; il suggère aussi différents thèmes qui peuvent être abordés en ce sens.
« Il faut une communauté pour élever un enfant » : le placement d’un enfant avec un membre de sa famille élargie ou avec un membre de la communauté
Chantal Chrétien
École de service social, Université d’Ottawa
Ce mémoire s’inscrit dans le cadre des modifications à la Loi ontarienne sur les services à l’enfance et à la famille de 2006. Notre recherche touche celles concernant la planification à la permanence, plus précisément, le placement d’un enfant avec un membre de la famille élargie ou avec un membre de la communauté avec qui celui-ci entretient un lien significatif.
Traditionnellement, le placement avec un membre de la famille élargie se faisait de façon informelle et sans l’implication des services de protection.
L’objectif central de ce mémoire est d’identifier les facteurs qui encouragent et ceux qui découragent les familles kinship à proposer un plan de permanence pour les enfants dont ils assument la responsabilité. Les données de cette recherche exploratoire ont été recueillies au cours de l’été 2007 grâce à des entrevues semi-dirigées d’une heure environ. Celles-ci ont été réalisées auprès de six familles francophones qui habitent les comtés de Prescott-Russell et ses environs et qui accueillent actuellement un enfant dans le cadre d’un tel placement.
Les résultats nous révèlent différents facteurs qui encouragent ces familles à aller de l’avant avec un plan de permanence pour ces enfants. Le lien émotif et celui de sang sont ceux qui sont ressortis de nos entrevues comme les plus importants facteurs qui ne sont pas soulevés par les écrits consultés. En plus d’être reflété dans la littérature (Link, 1996; Gleeson, O’Donnell et Bonecutter, 1997; Berrick, 1998; Encyclopedia of Adoption, 2000; Urban Institute, 2003), le facteur principal aux yeux de toutes les familles rencontrées qui les découragent à présenter un plan de permanence est le manque du support financier; ce dernier est même devenu source de frustration pour celles-ci.
Les jeunes franco-ontariens et les études postsecondaires. Une recherche exploratoire des obstacles, des stratégies et des représentations des étudiants
Janelle Comtois
École de service social, Université d’Ottawa
De nos jours, l’éducation devient de plus en plus importante pour les jeunes adultes qui cherchent à devenir autonomes et à acquérir une indépendance financière. Malheureusement, certains groupes, telle la population franco-ontarienne, doivent surmonter des barrières qui leur sont particulières pour obtenir un diplôme collégial ou universitaire. Les gouvernements canadien et ontarien offrent un discours contradictoire : ils encouragent la poursuite des études supérieures tout en coupant dans les budgets alloués à l’enseignement postsecondaire. Ce mémoire illustre, à partir d’entrevues effectuées auprès de cinq (5) étudiants franco-ontariens de premier cycle à l’Université d’Ottawa, les stratégies employées par ces personnes pour surmonter les obstacles à la poursuite d’études supérieures dans leur langue maternelle, ainsi que les effets de l’adoption de rôles multiples sur leurs représentations des études postsecondaires. Cette étude exploratoire montre enfin l’influence que prend le manque de soutien des étudiants franco-ontariens vis-à-vis l’acquisition de leur autonomie.
Programme de vie indépendante
Michelle Cotnoir
École de service social, Université Laurentienne
Comme travailleuse sociale pour le Yellowknife Health and Social Services, qui offre des services de protection de l’enfance, j’ai travaillé avec les adolescents âgés de 15 à 18 ans. Le but était de comprendre les besoins des adolescents pris en charge par cet organisme de Yellowknife, pour ensuite développer un programme de vie indépendante. En utilisant un programme existant, plus précisément celui de Casey Family Program, j’espérais pouvoir promouvoir les habiletés de vie nécessaires pour mieux préparer ces adolescents à une vie autonome. Dans ce cadre, j’ai rencontré les adolescents individuellement selon les besoins et les buts établis qui correspondaient à douze semaines d’intervention. De plus, tous les participants se rencontraient hebdomadairement. Puisque le programme de Casey Family Life Skills comprend une évaluation des habiletés déjà acquises, ainsi qu’un programme pour l’enseignement des habiletés non acquises, nous avons pensé qu’il était idéal de l’entreprendre avec les adolescents. Le programme a été adapté aux réalités de la vie des adolescents de Yellowknife. Les résultats montrent que plusieurs adolescents ont fait des progrès dans plusieurs habiletés de vie, ce qui les soutiendra dans leur vie indépendante.
Les défis dans les relations intergénérationnelles chez des familles issues de l’immigration : le cas de familles d’origine libanaise
Sophie Cyrenne
École de service social, Université d’Ottawa
Les enjeux intergénérationnels chez la famille issue de l’immigration sont peu documentés dans la littérature scientifique canadienne. La recherche portant sur les communautés arabes et, plus précisément, sur la communauté libanaise est d’autant plus rare. Notre étude a donc pour objectif premier de connaître les questionnements et les défis qui se vivent au sein des relations entre les grands-parents, les parents et les petits-enfants d’origine libanaise résidant dans la grande région d’Ottawa.
Nous avons procédé à une analyse secondaire de données tirées du projet de recherche réalisé par le Conseil de planification sociale d’Ottawa intitulé « Communities Within : Diversity and Exclusion in Ottawa » (Moscovitch et Mohamoud, 2005). Nous avons extrait les données de deux entretiens de groupe portant sur le thème de « Family Circonstances and Gender Issues » réalisés à l’hiver 2006 auprès de cinq (5) mères nées au Liban et de six (6) jeunes femmes majoritairement nées au Canada.
Les défis vécus au sein de la relation parent-enfant s’articulent autour de l’autonomie des jeunes filles et de la distance culturelle perçues entre elles. Ces deux groupes sont également soumis à de nombreuses influences provenant de la culture canadienne dominante et de la culture libanaise. Le comportement des mères à l’égard de leurs enfants, ainsi que la perspective des jeunes femmes sur leurs expériences familiales suggèrent une stratégie d’acculturation centrée sur un mode d’intégration.
Les relations avec les grands-parents amènent un autre ensemble de défis concernant la distance culturelle et les soins à offrir à la personne âgée en perte d’autonomie. Malgré tous ces défis, la famille constituerait un soutien important qui faciliterait l’expérience migratoire.
Le phénomène du placement des enfants : ses impacts sur les enfants et leurs parents
Marie-Eve Delarosbil
École de service social, Université d’Ottawa
Quels sont les impacts du placement chez l’enfant et ses parents? Au Québec, en 2007, 6 697 enfants bénéficient de mesures de protection et 5 010 enfants font l’objet d’une mesure de placement (Bilan des directeurs de la protection de la jeunesse, 2007).
Le placement doit avoir un cadre légal pour être utilisé. Au Québec, c’est la Loi sur la protection de la jeunesse qui justifie son utilisation et elle a pour but de protéger l’enfant contre des risques d’abus. Cette loi a subi plusieurs modifications depuis les 60 dernières années afin de se conformer à l’évolution de la société. Depuis 2006, elle énonce six raisons qui font en sorte qu’un enfant peut être placé. On y retrouve l’abandon, la négligence, les mauvais traitements psychologiques, l’abus physique, l’abus sexuel et les troubles de comportements. Pour le protéger, il se peut que ce dernier soit placé dans un environnement autre que son milieu d’origine. Les différents types de placements possibles sont le placement chez un membre de sa famille, la famille d’accueil régulière et le foyer de groupe.
Cependant, le placement n’est pas sans conséquence. Certains enfants éprouvent des sentiments d’anxiété, d’insécurité et sont parfois pris entre leur famille d’origine et leur famille d’accueil, ce qui les amène à vivre des conflits de loyauté. Pour ce qui est des parents, la séparation entraîner un sentiment d’échec, de tristesse et de honte. De plus, ils vivent parfois des problématiques complexes (problème de consommation, problème de santé mentale, etc.). C’est pourquoi la loi énonce qu’il faut travailler avec les parents pour permettre à l’enfant de revenir dans son milieu familial et ainsi préserver la famille. Le placement est donc une alternative servant à protéger l’enfant, mais qui peut avoir de lourdes conséquences.
L’union civile au Québec : une occasion réussie de repenser la famille?
Marie-Jacque Fortin
École de service social, Université d’Ottawa
Adoptée depuis le 24 juin 2002, la Loi sur l’union civile et les nouvelles règles de filiation (loi 84) consacre non seulement pour les couples hétérosexuels et homosexuels un cadre juridique semblable au mariage, mais elle réforme aussi le droit à la filiation. En effet, cette loi permet l’établissement d’un lien de filiation entre un enfant et deux personnes de même sexe. Évidemment, l’homoparentalité étant une réalité de plus en plus présente au Canada, la législation québécoise se devait de reconnaître ces familles. Par contre, est-ce que la loi 84 défend de façon convenable les droits et intérêts des enfants concernés? Est-elle dans la possibilité d’offrir une protection pour tous les enfants évoluant au sein d’une dynamique homoparentale?
Dans ce mémoire, nous tentons d’éclairer ces questionnements qui représentent un enjeu majeur pour les bénéficiaires de la réforme sur les liens de filiation. Tout d’abord, nous abordons les moteurs de transformations familiales qui sont à la base de nouvelles situations familiales telles les familles monoparentales, les familles recomposées et bien sûr les familles homoparentales. De plus, nous traitons de l’évolution de la perception de l’homosexualité dans la société occidentale et québécoise ainsi que de la reconnaissance juridique des personnes homosexuelles et bisexuelles au Canada, car sans ces changements, le droit à filiation homoparentale ne serait guère perçu comme une réalité à laquelle il faille trouver des solutions. Par la suite, nous analysons et nous critiquons les dispositions mises en place par la Loi sur l’union civile et les nouvelles règles de filiation pour chacune des configurations familiales homoparentales selon le choix du projet parental : l’adoption, le recours à l’insémination artificielle et le recours à une mère porteuse. Nous soulevons aussi les questions des familles recomposées homoparentales dans lesquelles il arrive souvent que plusieurs adultes soient présents dans le quotidien de l’enfant. Dans le dernier chapitre, nous donnons un aperçu des figures de cas aux Pays-Bas et en Ontario, qui sont des endroits où des mesures ont été établies afin de reconnaître les familles homoparentales. Finalement, tout au long de ce mémoire, certaines pistes sont proposées afin que la loi 84 réponde davantage à l’intérêt des enfants, comme renforcer les règles entourant la procréation assistée et créer un cadre juridique qui consacrerait l’engagement de tous les adultes remplissant un rôle parental auprès d’enfants.
Un nouvel état-providence communautaire : pour un état engagé et une société juste
Catherine Gagné
École de service social, Université d’Ottawa
Dans notre société contrôlée par les dynamiques de mondialisation et par l’idéologie néolibérale, l’État-providence continue de se désengager face à ses responsabilités sociales et humaines. Augmentation du taux de pauvreté, instabilité de l’emploi, écart grandissant entre les riches et les pauvres : voilà tant de problématiques qui témoignent de la détérioration de la situation, et qui deviennent rapidement les nouvelles situations auxquelles le mouvement communautaire doit répondre. Connu pour ses pratiques alternatives, le mouvement communautaire pourrait-il représenter l’Alternative à l’État-providence? En revanche, a-t-il la capacité (ou le désir) de pallier ce désengagement?
Le but de ce mémoire est de présenter une nouvelle conception de l’État-providence qui s’allie avec le mouvement communautaire afin d’y inclure des pratiques démocratiques, justes et solidaires, et d’offrir des services prônant l’autonomisation des individus et l’engagement citoyen. Tout ne doit pas être décidé en cachette ou contrôlé par une minorité au pouvoir.
Le premier chapitre présente un survol des nombreuses pratiques du mouvement communautaire ainsi qu’un historique de son évolution, depuis la fin des années 1800 à l’implantation de la nouvelle politique québécoise de reconnaissance et de soutien à l’action communautaire en 2001. Le deuxième chapitre illustre les cinq valeurs du mouvement communautaire, lesquelles serviront de fondements idéologiques pour notre nouvelle conception de l’État-providence. Les étapes du processus stratégique utilisées par les organismes communautaires lors de leurs revendications sont décrites dans le troisième chapitre. Elles démontrent comment les valeurs peuvent être mises en application. Le quatrième chapitre présente les défis auxquels le mouvement communautaire doit faire face, défis qui sont pour la plupart catalysés par l’État-providence néolibéral. Ainsi, reddition de comptes, sous-traitance et financement insuffisant composent la nouvelle conjoncture défavorable dans laquelle se retrouve le mouvement communautaire et au sein de laquelle il doit oeuvrer malgré ses carences flagrantes de ressources financières et humaines. Finalement, le cinquième chapitre présente la riposte du mouvement communautaire quant au désengagement de l’État-providence et à son nouveau rôle forcé de fonction publique moins coûteuse. Nous constatons alors que le mouvement communautaire maintient l’importance du rôle de l’État dans la mise en place d’une sécurité sociale universelle. Cependant, les principes communautaires présentés dans ce mémoire doivent servir d’assise pour qu’une nouvelle conception de sécurité et d’inclusion réelle prenne place. Le mémoire termine avec des exemples d’ici et d’ailleurs qui démontrent qu’une alternative est possible.
L’équité socio-économique et les femmes acadiennes et francophones évoluant en situation minoritaire à l’Île-du-Prince-Édouard
Josée Gallant
École de service social, Université d’Ottawa
À l’époque actuelle comme dans le passé, les expériences de vie des femmes et des hommes diffèrent dans plusieurs sphères liées, entre autres, aux domaines économique, social et culturel. Historiquement et systématiquement, les femmes rencontrent différentes barrières socio-économiques qui les empêchent d’atteindre l’égalité. Depuis un siècle, la situation des femmes en Occident a connu de grands progrès. Par exemple, elles sont maintenant plus nombreuses à se doter d’une éducation professionnelle et à obtenir un emploi salarié, à s’assurer d’une sécurité et d’une autonomie économique et à participer dans la société en tant que membres actives et valorisées. Les femmes qui évoluent à l’époque contemporaine ont davantage de choix qu’en avaient leurs mères et grands-mères. Par contre, il demeure que le simple fait de naître femmes dans une société patriarcale rappelle encore à celles-ci qu’elles ne naissent pas sur un pied égalitaire. Plusieurs iniquités persistent et contribuent à empêcher les femmes d’accéder à leur place équitable en société.
Ce mémoire porte sur les particularités et les iniquités qui touchent les femmes francophones et acadiennes évoluant en situation minoritaire, particulièrement dans les régions rurales de l’Île-du-Prince-Édouard. Cette recherche vise aussi à démontrer que les femmes sont résilientes et se prennent en main pour tenter de briser les structures en place qui empêchent l’égalité. Pour ce faire, nous avons fait une étude de cas sur le groupe de travail Femmes Équité Atlantique, un regroupement d’organismes communautaires francophones chapeauté par le Centre Muriel McQueen Fergusson pour la recherche sur la violence familiale. Femmes Équité Atlantique a entrepris un projet qui vise l’amélioration de la situation socio-économique des femmes et de la société. Le projet en question qui se nomme l’Équité socio-économique et les femmes francophones et acadiennes évoluant en situation minoritaire dans les provinces atlantiques est à son quatrième volet. Il prépare présentement un cinquième volet afin d’assurer la continuité du groupe de lutte contre les iniquités que peuvent vivre les femmes acadiennes et francophones en situation minoritaire pour qu’elles puissent, un jour, naître sur un pied d’égalité.
Harcèlement criminel, une forme de violence conjugale
Nirva Gariché
École de service social, Université d’Ottawa
Ce travail de recherche consiste à présenter le phénomène de la violence conjugale dans un contexte de harcèlement criminel. Dans les années 1970, les féministes ont commencé à nous conscientiser sur la violence que subissent les femmes dans notre société. Linda MacLeod s’est penchée sur ce sujet en faisant une recherche sur un phénomène qui, à l’époque n’était pas reconnu comme un problème social. « Une femme battue sur dix » est l’estimation de la recherche de MacLeod qui, par la suite, a déclenché les initiatives d’interventions et de prévention auprès des victimes.
Toutefois, grâce aux recherches qui ont suivi, la violence conjugale a été reconnue comme une problématique multidimensionnelle. Dans les années 1990, le gouvernement fédéral a criminalisé le traquage en ajoutant dans le Code criminel un crime dénommé le harcèlement criminel. Aujourd’hui, à l’aide des données statistiques, nous pouvons établir un lien étroit entre la violence conjugale et le harcèlement criminel.
Un autre monde est possible… Un autre Québec est en marche!
Stéphanie Giroux
École de service social, Université d’Ottawa
La globalisation et le mouvement altermondialiste interviennent sur le plan mondial depuis plusieurs années. Les conséquences de la globalisation sur la qualité de vie environnementale et humaine sont de plus en plus présentes et touchent tous les peuples de la terre. De fait, une disparité sans cesse grandissante entre les riches et les pauvres et entre les pays de l’hémisphère Nord et ceux du Sud est de plus en plus reconnue et contestée, d’où l’émergence du mouvement altermondialiste.
Le but de cette recherche qualitative exploratoire est de comprendre comment la globalisation et le mouvement altermondialiste s’inscrivent au sein du territoire québécois. La collecte de données, majoritairement recueillies à partir de documents écrits secondaires, nous a d’abord permis de comprendre l’historique, le développement et l’influence de ces mouvements, impliquant des transformations sociétales, au sein de la culture et de la société québécoise. Par la suite, à l’aide d’un cadre conceptuel souple et élargi, comprenant les concepts de croissance, de développement durable et de décroissance conviviale, nous avons pu analyser la globalisation et le mouvement altermondialiste dans une perspective dialectique globale/locale.
Les conclusions de notre recherche font ressortir que l’assise de la globalisation sur le territoire québécois passe par le processus de métropolisation. En effet, le développement du Québec s’effectue majoritairement dans la grande métropole montréalaise et cela, au détriment des régions qui souffrent d’un désinvestissement politique, économique, social et culturel. Le mouvement altermondialiste, pour sa part, s’intègre en choisissant une approche d’action collective conscientisante réformiste et radicale. Malgré les zones grises qui s’observent entre ces deux visions, celle réformiste rejoint le concept du développement durable et la mise en place d’alternatives économiques comme l’économie sociale, la consommation responsable, etc. Celle radicale valorise la décroissance conviviale dans laquelle les alternatives deviennent le bien commun, la simplicité volontaire, etc.
La séparation familiale à la suite de l’exil au Canada : ruptures et continuité. Une étude exploratoire auprès de femmes réfugiées à Ottawa
Émilie Grenon
École de service social, Université d’Ottawa
Les immigrants font face à de nombreux obstacles tout au long de leur processus migratoire et déploient des stratégies variées pour les surmonter. Une problématique sur laquelle peu de chercheurs se sont penchés et qui touche d’une façon particulière les femmes réfugiées est la séparation familiale à la suite de l’exil au Canada. Bien que la réunification familiale soit une des priorités de l’État canadien en matière d’immigration, la réalité est contrastante : les longs délais et les nombreux obstacles font partie du quotidien des femmes en attente de réunification avec leurs enfants. Ces séparations sont perçues comme des ruptures lourdes de conséquences, mais elles impliquent néanmoins des éléments de continuité via l’entretien de relations transnationales entre les mères et leurs enfants qui n’ont pu immigrer au Canada.
Cette recherche qualitative, de type exploratoire et d’orientation critique, a pour objectif de témoigner, à la lumière de la perspective du transnationalisme et par l’entremise de la perception des femmes réfugiées, des circonstances de la séparation familiale entourant l’immigration au Canada. Des entrevues semi-dirigées ont été réalisées auprès de cinq femmes réfugiées séparées de leurs enfants à la suite de leur exil au Canada.
L’analyse des propos des répondantes touche plusieurs aspects de leur expérience, notamment le processus migratoire, les démarches de réunification familiale entreprises, les conséquences des séparations des enfants d’avec leur mère, les sources et formes de support mobilisées par les femmes et, enfin, la nature et les fonctions des relations transnationales entretenues durant la séparation. L’analyse des données inspire des pistes de recommandations concernant la politique d’immigration canadienne, l’intervention sociale auprès des femmes réfugiées et le développement du concept de transnationalisme en sciences sociales.
L’intégration occupationnelle des ingénieurs immigrants polonais au Canada
Peter Karpinski
École de service social, Université d’Ottawa
Cette étude vise à examiner les difficultés qu’ont les ingénieurs polonais à faire partie de cette profession au Canada. Spécifiquement, nous soulevons les obstacles auxquels ils font face ainsi que les stratégies utilisées afin de les aider à trouver du travail dans leur domaine au Canada. Notre but est donc de mettre en lumière leurs expériences tout en recherchant des recommandations susceptibles de faciliter l’intégration professionnelle. Peu de travaux existent sur les expériences des immigrants dans le domaine de l’intégration professionnelle et sur les difficultés qu’ils ont à trouver du travail dans leur domaine d’expertise. Vu que la demande des travailleurs qualifiés étrangers continue de s’accroître au Canada, une telle étude peut favoriser les intérêts canadiens.
L’échantillon utilisé dans notre étude est composé de cinq hommes. Ces derniers ont participé à des entrevues semi-dirigées en anglais et en polonais. Les thèmes des entrevues touchaient les expériences des immigrants et leur intégration en général, ainsi que l’intégration professionnelle, les obstacles rencontrés, les stratégies utilisées pour détourner ceux-ci et les recommandations susceptibles afin de les aider à s’intégrer professionnellement avec succès. Quatre des cinq immigrants polonais ont obtenu du travail dans leur domaine de l’ingénierie.
Les résultats obtenus démontrent que les participants ont vécu des obstacles sur les plans structurel et individuel. Nous avons pu conclure qu’un des participants n’a pu trouver de travail comme ingénieur parce qu’il ne maîtrisait pas la langue anglaise et qu’il éprouvait un manque de motivation face à sa recherche de travail dans son domaine. Trois des quatre ingénieurs qui ont trouvé du travail ignoraient le processus d’entrevue. L’ingénieur civil a eu beaucoup de difficulté à être certifié comme ingénieur professionnel par l’Ordre des ingénieurs de l’Ontario. Trois des hommes ont commencé à travailler au Canada en acceptant des postes d’ingénieurs moins prestigieux que ceux qu’ils occupaient en Pologne. D’ailleurs, ceci constitue l’une des stratégies employées par ces trois participants afin d’obtenir de l’expérience canadienne. Il est important de connaître différents postes à l’intérieur de son domaine afin de se donner plus de possibilités pour l’avenir. D’autres stratégies utilisées par les participants comprennent la motivation, le réseautage, l’apprentissage linguistique et professionnel, le fait de dépendre de ses habiletés, ainsi que l’acte de s’informer au sujet de sa profession dans son pays de destination.
En ce qui a trait aux études futures, il serait intéressant d’isoler certains obstacles et d’étudier les caractéristiques personnelles d’un immigrant lorsqu’il est à la recherche d’emploi afin de déterminer s’il existe différents traits de la personnalité qui facilitent l’intégration. Il serait aussi favorable d’examiner les différentes ethnicités afin de mieux connaître les différences culturelles en matière de recherche d’emploi. Il serait, de plus, nécessaire d’avoir des standards et procédures qui s’appliquent, au Canada, afin de mieux accréditer les qualifications professionnelles des immigrants. En tant que travailleurs sociaux, il est important de connaître et de comprendre les obstacles auxquels sont confrontés nos clients dans leur profession afin de leur offrir des recommandations précises pouvant les motiver. Les travailleurs sociaux doivent offrir à ces personnes des postes d’encouragement afin qu’ils soient mieux équipés pour surmonter certaines réalités causées par ces obstacles.
Les thérapeutes peuvent-ils encore sauver les couples? Analyse de modèles conjugaux contemporains et d’approches thérapeutiques
Karine Lacasse
École de service social, Université d’Ottawa
Depuis longtemps, le sujet des relations conjugales alimente les écrits. Les poètes en font leur source d’inspiration et la science tente d’en faire son champ d’expertise. Dans cette recherche, nous avons d’abord tenté de faire ressortir les aspects scientifiques de la relation conjugale et de démontrer que l’évolution de l’union amoureuse au cours des dernières années en Occident est porteuse d’une réalité qui nous interpelle. C’est pourquoi la satisfaction conjugale se place à la tête de la liste des facteurs les plus importants de la vie. Cependant, le portrait qu’on nous dresse de la conjugalité peut paraître inquiétant, compte tenu du nombre croissant de séparations et de ruptures au cours d’une vie. Parallèlement à cette réalité, les techniques d’intervention dans ce domaine se sont spécialisées.
Face à cette réalité, il apparaissait intéressant de connaître l’évolution sur les plans théorique et pratique de la thérapie conjugale, des années 70 jusqu’aux années 2000, afin de mieux saisir si les contributions des différents courants de pensée ont suivi l’évolution de la relation conjugale à travers son cheminement. Notre typologie repose sur quatre grands modèles théoriques influençant les interventions conjugales : l’approche systémique, l’approche behaviorale, l’approche cognitive et l’approche psychanalytique. Afin de cerner la « notion » de couple de ces courants, nous avons analysé, de manière chronologique, une quinzaine d’articles publiés en français et s’adressant à des travailleurs sociaux touchant le domaine de la thérapie conjugale. Les résultats de recherche nous amènent à cerner certains paradoxes qui semblent avoir été escamotés par la théorie, notamment en ce qui a trait aux relations de pouvoir entre les hommes et les femmes, à la recherche d’un certain niveau d’égalité relatif à chacun des membres d’un couple et à l’impact des influences sociales, culturelles et économiques qui affectent la relation conjugale.
L’adaptation sociale des hommes et des femmes francophones dans un foyer de soins pour personnes âgées : similitudes, différences et facteurs pouvant les influencer
Marie-Andrée LeBreton
École de service social, Université d’Ottawa
Depuis quelques années, l’augmentation de la population de personnes âgées, le désengagement de l’état et le manque de disponibilité des familles accroissent la demande vers les services d’hébergement et les foyers de soins de longue durée. Dans ces nouveaux milieux de vie, les hommes et les femmes ont une adaptation sociale à faire qui n’est pas facile, et certains facteurs semblent influencer différemment leur expérience. Peu d’études ont traité de cette expérience d’adaptation chez les personnes âgées francophones. Notre étude examine la perception qu’en ont les hommes et les femmes et les facteurs qui, selon ces derniers, l’influencent. De plus, elle explore le lien entre l’adaptation et trois composantes dans la trajectoire de vies : les rôles et réseaux sociaux antérieurs, la transition au foyer, et le vécu dans celui-ci. Nous avons effectué huit (8) entrevues semi-dirigées, auprès de quatre (4) hommes et de quatre (4) femmes âgés francophones, dans une résidence de soins privée bilingue située dans l’Est de l’Ontario.
Les résultats indiquent que pour les hommes ayant été sur le marché du travail longtemps, la famille, et surtout leur épouse, était leur principal réseau de soutien, tandis que les femmes, pour qui le travail familial était central, s’adressaient surtout à leurs amies. Avant d’entrer en résidence, la représentation des foyers est généralement positive, tout comme les démarches de préparation telles que des visites et de courts séjours. Toutefois, pour les femmes, ce sont la solitude et la santé qui ont mené au choix d’entrée en résidence, tandis que les hommes y sont déménagés surtout à la suite du décès de leur épouse. Les personnes moins bien préparées, involontaires et peu impliquées dans les démarches, ont vécu plus difficilement cette transition. Après l’installation au foyer, ce qui semble surtout rendre l’adaptation plus difficile, c’est le manque de soutien et d’activités, et la perte de contrôle. Dans l’ensemble, les personnes de notre échantillon ont trouvé la transition satisfaisante et se sont bien adaptées au foyer, ce qui leur a permis de briser la solitude, d’obtenir des soins et une sécurité, et d’éliminer certains stress de la vie quotidienne. Cette étude suggère qu’il est important que la personne âgée reçoive le soutien de son réseau lors de cette transition, et aussi que la famille et le foyer ont un rôle à jouer dans la réussite de son adaptation. Les intervenantes et intervenants doivent reconnaître les différents besoins des hommes et des femmes, afin d’éviter de les traiter tous de la même façon, ce qui nuira à leur adaptation. De futures recherches pourraient approfondir ces différences, ainsi que celles entre le processus d’adaptation aux foyers et dans les résidences, en plus d’explorer le lien entre l’indépendance et l’usage de l’automobile.
La santé des femmes immigrantes au Canada : perception des facteurs contribuant à la détérioration de l’état de santé
Manon Ouellette
École de service social, Université d’Ottawa
De nos jours, la santé est un sujet d’actualité important qui est discuté dans la société sous divers angles. Toutefois, la question de santé des femmes immigrantes au Canada reçoit moins d’attention malgré l’augmentation continue du taux d’immigration au Canada et les spécifications de l’intervention en matière de santé auprès de cette population. Plusieurs études récentes indiquent que la santé des immigrants nouvellement arrivés au Canada est délicate puisque celle-ci semble se détériorer avec le temps. Vu notre intérêt pour le sujet, notre recherche avait donc comme objectif principal d’étudier la perception qu’ont les femmes immigrantes des facteurs contribuant à la détérioration de l’état de santé.
Les données ont été recueillies par la méthode de l’entrevue auprès de cinq femmes immigrantes provenant de diverses régions. Le témoignage des participantes dans cette recherche qualitative a servi à mieux comprendre cette problématique en révélant leur opinion au sujet du système de santé canadien, de leurs habitudes de vie, du processus migratoire ainsi que leur perception de la santé et de leur réseau de soutien. Les résultats obtenus ont démontré que les femmes immigrantes ont plusieurs obstacles à surmonter au Canada ce qui peut, comme nous l’avons constaté, contribuer à influencer leur état de santé physique et mentale. Toutefois, nous avons noté qu’elles ont développé des stratégies de gestion face aux nombreux changements et nous avons découvert que la perception subjective des participantes ne confirme pas les observations soutenant que la santé des immigrants se détériore suite à leur arrivée au Canada. Cependant, les facteurs qui semblent le plus influencer l’état de santé des femmes immigrantes sont : les obstacles à l’adaptation, les changements d’habitudes de vie ainsi que le stress engendré par les circonstances d’immigration.
Suite aux résultats obtenus, nous avons fait quelques recommandations. Entre autres, nous avons recommandé d’augmenter le nombre de bénévoles dans le domaine de la santé qui parlent diverses langues et d’offrir plus d’encadrement aux immigrantes au niveau de l’emploi. Nos recommandations visent à aider les professionnels de santé qui travaillent auprès de la population immigrante à mieux rejoindre leurs besoins. En guise de conclusion, nous croyons qu’il serait nécessaire de continuer la recherche reliée à ce domaine afin de faire avancer les connaissances et de mieux saisir toutes les dimensions de cette problématique.
Le jaune versus le blanc : une histoire de couleur? Analyse des motivations de l’utilisation de la canne jaune
Francis Reid
École de service social, Université d’Ottawa
Ce mémoire s’intéresse au projet à l’origine belge de la canne jaune développé par et pour les personnes ayant une déficience visuelle. Il vise à identifier deux objectifs :
Quels sont les enjeux sociaux de l’utilisation de la canne jaune pour les personnes malvoyantes?
Quelles sont les conséquences de son utilisation sur les personnes atteintes d’une déficience visuelle et vivant dans la région de Rouyn-Noranda dans le Nord du Québec?
Les résultats obtenus dans le cadre de cette recherche démontrent que les gens atteints d’une déficience visuelle et qui utilisent une canne blanche sont sujets à des situations de discrimination et de méprise sociale. Auprès des personnes interviewées, il a été constaté que la canne jaune a eu un impact positif sur la vie de ces personnes en éliminant la source de ces situations de discrimination et de méprise sociale.
L’accessibilité architecturale du logement : une préoccupation quotidienne pour les personnes en situations de handicap physique
Éric Robitaille
École de service social, Université d’Ottawa
L’environnement dans lequel chaque individu se trouve a une incidence directe sur son quotidien. Le fait de demeurer en milieu urbain ou rural en représente un bel exemple. Cela dit, il est également vrai que les capacités de chaque individu, en lien avec l’environnement, ont des conséquences directes sur son quotidien. Cette réalité fait en sorte qu’un même environnement peut être approprié pour répondre aux besoins d’une personne et présenter nombre d’obstacles et de défis pour une autre. Les personnes qui ont une déficience physique se retrouvent souvent en situations de handicap du fait qu’elles doivent fonctionner dans un environnement qui n’est pas adapté à leurs besoins. Considérant que le vieillissement de la population et les progrès de la médecine, pour ne nommer que ces deux facteurs, font en sorte qu’il y a aujourd’hui de plus en plus de personnes qui vivent avec une incapacité physique, il est tout à fait pertinent de vouloir approfondir tout questionnement explorant les liens entre l’environnement et les individus.
L’objet de ce mémoire est d’essayer de mieux comprendre comment l’environnement et plus spécifiquement le logement peut influencer la qualité de vie des personnes qui ont une déficience de nature physique. Plus encore, il s’agit de tenter de déterminer à la fois l’influence que l’accessibilité architecturale en matière de logement peut avoir sur le quotidien de ces gens et la façon selon laquelle cette accessibilité architecturale devrait se traduire.
Cette recherche accorde tout d’abord une attention particulière aux différentes définitions que notre société attribue aux concepts et aux théories qui sont liés à la question du handicap. À la lumière de ces définitions, il devient beaucoup plus facile de faire des liens entre incapacité physique et environnement et de comprendre l’importance de l’accessibilité architecturale dans la vie d’une personne dite handicapée.
Ensuite, une attention particulière est portée aux différents services présents dans notre société en ce qui concerne l’accessibilité architecturale, dans le but d’identifier la pertinence des services existants, ainsi que leurs lacunes.
Ce travail de recherche aborde également certaines alternatives auxquelles on peut avoir recours pour combler des situations de manques au niveau de l’accessibilité architecturale. Les raisons d’être de ces alternatives et leurs conséquences sont également discutées.
En conclusion, des pistes de réflexion et des questionnements précis sont présentés afin d’exposer les principaux défis liés à l’accessibilité architecturale devant lesquels notre société est placée et de proposer de possibles attitudes et approches permettant de les relever avec succès.
L’exclusion sociale. Désaffiliation, disqualification et désinsertion : les concepts changent, les risques augmentent…
Mélanie Séguin
École de service social, Université d’Ottawa
Ce mémoire vise à répondre à quatre questions : À quoi fait réellement allusion la notion de l’exclusion et le phénomène qui lui est rattaché? Ce phénomène social est-il nouveau? Quelles sont les pistes d’actions possibles afin de contrer, d’atténuer ou du moins, ne pas aggraver l’ampleur des réalités qui en découlent? Comment les travailleurs sociaux peuvent-ils contribuer à la « lutte à l’exclusion »? La première section de cette recherche dresse quelques lignes directrices du portrait social, économique et politique de la société actuelle afin de démontrer comment les transformations du marché du travail ainsi que l’affaiblissement des réseaux sociaux de soutien (engendrées par les conjonctures sociales et économiques actuelles) contribuent à accroître les risques de fractures sociales engendrés par le phénomène de l’exclusion. À cet effet, dans le deuxième chapitre intitulé « L’exclusion sociale », nous nous intéressons au contexte socio-économique entourant l’émergence de cette notion et ce, tout en tentant de saisir si l’utilisation de celle-ci, au sein de la littérature scientifique, est aussi actuelle que le phénomène auquel elle se rattache. Dans le troisième chapitre, « Un regard croisé de trois analyses complémentaires », nous présentons plusieurs données tirées des ouvrages de quatre auteurs qui, tout en s’intéressant au sujet de l’exclusion, préfèrent utiliser des concepts plus raffinés et donc, plus près de la réalité qu’ils tentent d’élucider et de démontrer. À l’aide des écrits de Robert Castel et de son concept de la « désaffiliation », des analyses de Serge Paugam au sujet de la « disqualification » ainsi que des recherches de Vincent de Gaulejac et d’Isabel Taboada Léonetti articulées autour de la « désinsertion », nous démontrons les causes et conséquences de l’exclusion d’un point de vue politique, institutionnel et plus individuel et ce, tout en soulevant plusieurs leviers possibles à la réflexion, l’action et l’intervention. Afin de consolider ces bases théoriques et d’offrir un modèle de référence à la pratique, nous présentons, dans le dernier chapitre, un organisme alternatif situé à Gatineau (Québec) dont la mission se rapporte à l’inclusion sociale. Le Dépanneur Sylvestre nous a permis de constater qu’il était possible, dans la pratique, de favoriser et d’opter pour des réponses, projets, valeurs et visées allant de pair avec les pistes d’actions fournies par les trois approches présentées dans le cadre de ce présent travail.
Maternité et patriarcat en occident. Perspective féministe
Nathalie Tremblay Morand
École de service social, Université d’Ottawa
La maternité est en constante évolution. On pourrait même dire qu’elle est en mutation. Est-il possible de la définir? Cette recension des écrits, composée en grande partie d’écrits féministes, s’intéresse à la maternité telle qu’on la définit dans la civilisation occidentale, dans le but d’explorer à quel point elle est une construction sociale du patriarcat.
Nous avons d’abord défini certains concepts liés à notre questionnement pour, par la suite, dresser un historique de l’évolution de la maternité au cours de l’histoire humaine occidentale. Dans la deuxième partie, nous avons traité de la maternité et des rôles sociaux actuels. La conciliation travail et famille, le rôle d’aidante naturelle et les rôles de la mère dans différents contextes familiaux y sont abordés. La troisième partie explore le lien entre la maternité et la science médicale, en abordant plusieurs facettes dont l’historique de l’implication de la science médicale, le contrôle des naissances, les nouvelles techniques de reproduction, l’éthique et la santé mentale des mères. Enfin, dans la dernière partie nous nous penchons sur les implications de cette recherche pour la pratique en service social. Pour ce faire, nous avons d’abord défini le service social avant d’aborder les implications pour la pratique de la définition actuelle de la maternité et d’identifier des pistes d’action et d’intervention visant à améliorer les services d’aide offerts aux mères.
Interaction et internet : une étude théorique de la socialisation et de la construction identitaire de la jeunesse canadienne
Alexis Hieu Truong
École de service social, Université d’Ottawa
Internet est devenu, depuis les années 1990, un espace social interactif particulier. Avec l’arrivée des nouvelles technologies de l’information et des communications, les utilisateurs peuvent entrer en communication en temps réel avec d’autres utilisateurs, situés à travers le monde. Le présent mémoire s’intéresse à étudier, dans l’optique des théories interactionnistes, la transformation de la socialisation et de la construction identitaire chez les jeunes Canadiens et Canadiennes qui consomment Internet. Une des questions principales que pose ce mémoire est à savoir si les interactions que mènent les jeunes au sein d’Internet peuvent avoir un effet particulier sur leur processus de socialisation et sur leur processus de construction identitaire. L’hypothèse principale sur laquelle repose l’argumentation est qu’il existe des différences entre les interactions menées en face à face et celles menées sur Internet, et que celles-ci pourraient en effet avoir des conséquences sur leur processus de socialisation et de construction identitaire. Les recherches portant sur l’interaction en ligne étant encore peu nombreuses, nous dressons d’abord un aperçu de l’appropriation et de l’utilisation des technologies de l’information et des communications par les Canadiens et les Canadiennes, enchaînant par la suite avec l’argumentation principale de ce mémoire, qui repose en grande partie sur l’application des théories interactionnistes que Erving Goffman avait postulées dans le contexte des interactions en face à face, abordant des concepts comme la présentation de soi et le jeu de rôle. Nous portons aussi notre attention sur l’utilisation du langage écrit sur Internet, étudiant de façon théorique son rôle au sein de l’interaction.