Le but de cette recherche était de vérifier l’hypothèse selon laquelle le harcèlement psychologique au travail existe dan le nord-est de l’Ontario, tout comme il existe déjà ailleurs. Nous avons exploré l’impact qu’il a sur les personnes qui en sont la cible et leur avons donné une tribune pour témoigner de ce qu’elles ont vécu et ouvrir le débat sur ce phénomène social particulier. Ce choix de recherche fut inspiré à la fois par la grande place économique et psychologique que l’emploi tient dans notre vie et le sentiment d’impuissance et de détresse que ressentent ceux qui souffrent du harcèlement psychologique au travail. Quinze personnes ont apporté leur témoignage. Il s’agissait de sept hommes et huit femmes, âgés de 25 à 56 ans. Huit de ces personnes provenaient de trois des grandes villes de nord-est de l’Ontario alors que sept habitaient et travaillaient dans de petites communautés. Ces personnes ont été interviewées entre janvier et avril 2004. Bien qu’elles n’aient pas toutes réagi au harcèlement de la même façon, elles ont toutes parlé de leur angoisse, des dommages économiques et professionnels subis, des répercussions familiales et sociales qui en avaient découlé et des effets à court et long terme sur leur santé. Pour tenir le coup, elles ont développé des stratégies qu’elles ont partagées pour aider ceux qui se trouveraient dans de telles situations. Leur témoignage permet de constater que des conditions particulières à notre région telles que l’éloignement, les villes à industrie unique, les communautés professionnelles ou culturelles en circuits fermés, le fort taux de chômage, rendent les employés plus vulnérables au harcèlement psychologique et moins enclins à le dénoncer à se défendre. Les écrits rapportent une certaine prise de conscience internationale concernant cette problématique, mais font apparaître des courants contradictoires qui tendent à neutraliser les avancées sociales des dernières décennies. Les personnes interviewées confirment un décalage certain entre les valeurs qui sont habituellement promulguées et ce qui se passe dans la réalité quotidienne du lieu de travail. Les participants ont indiqué leur espoir que cette étude sensibilisera les travailleurs sociaux et les autres professionnels aux dommages créés par le harcèlement psychologique et les encouragera à investir leurs compétences dans le soutien et le traitement des victimes, et à utiliser leur influence auprès des organisations pour que celles-ci envoient des messages clairs aux harceleurs et adoptent des programmes efficaces de prévention.
Les mémoires de maîtrise en service social à l'Université Laurentienne[Notice]
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Evelyne Smit
École de service social, Université Laurentienne