Éditorial

Le sacré : au coeur ou en marge du social?[Notice]

  • Nérée St-Amand et
  • Noël Simard

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  • Nérée St-Amand
    Professeur, École de service social, Université d’Ottawa

  • Noël Simard, D.Th.
    Professeur, Faculté de Théologie, Université Saint-Paul

En ce début de XXIe siècle, plusieurs phénomènes sociaux se chevauchent et s’entrecroisent, tous aussi complexes les uns que les autres, dans une société où la mondialisation ajoute une dimension de plus à la complexité des analyses que nous tentons d’en faire. Le comité éditorial de Reflets s’est intéressé à deux facteurs en ébullition dans ce monde en mutation : d’une part, une remontée de la religion, voire d’un fondamentalisme religieux, et d’autre part, un intérêt accru pour la spiritualité, phénomène allant de pair, dans une certaine mesure, avec une remise en question des pratiques religieuses traditionnelles. Montée de la religiosité pour certains, distance face à une religion opprimante pour d’autres. Force est de constater que plusieurs groupes religieux prennent aujourd’hui plus de place, même sur le plan politique. Quelles sont, par exemple, les conséquences d’un rapprochement entre l’État et l’Église? D’un autre côté, un nombre de plus en plus important de personnes et de mouvements sociaux cherchent ailleurs que dans les religions traditionnelles une réponse aux questions existentielles, tant morales qu’éthiques ou sociales, qui se posent en sciences humaines et sociales, en particulier. Nul doute que nous assistons à la fois à une montée de l’intérêt pour la spiritualité et à une renaissance du phénomène religieux. Il nous semble que ces deux mouvements soient possiblement convergents à l’occasion, parallèles en d’autres instances et parfois opposés dans le sens où une montée de la religiosité, surtout dans ses manifestations fondamentalistes, n’a peut-être rien à voir avec un intérêt accru pour la spiritualité. En fait, il peut s’agir de mouvements forts différents qui s’intéressent à des sujets plus ou moins conciliables et qui vont chercher des clientèles aux préoccupations divergentes. Forts de ce double constat, nous avons opté pour une quête de sens, une réponse à quelques questions entourant la spiritualité en liens avec l’intervention sociale. C’est ainsi qu’en proposant ce numéro de Reflets, nous avions quelques objectifs en tête : Un défi de taille, d’autant plus que la littérature sur le sujet de la spiritualité en intervention sociale est plutôt mince et que les chercheurs s’intéressant au sujet, soit en Ontario ou au Canada français, ne sont pas nécessairement légion. Qui plus est, sur le plan de l’enseignement, c’est le silence à peu près total dans ce domaine. Deux ans après avoir accepté ce défi, nous sommes fiers de présenter un numéro original, qui pose des questions que peu de gens osent aborder, surtout en intervention sociale : quelle place occupe la spiritualité dans nos milieux, dans nos recherches, dans nos enseignements, dans nos interventions, mais aussi dans nos propres pratiques? En fait, quels sont les liens entre nos croyances et pratiques spirituelles et les interventions que nous posons? Quelles pratiques savons-nous reconnaître ou encourager chez les gens qui dévoilent certaines croyances fondées sur une spiritualité plus ou moins définie? Aux auteurs et auteures qui nous ont proposé un article, nous avons demandé de définir les deux termes qui pourraient, au départ, porter à confusion : spiritualité et religion. Nous nous retrouvons donc avec plusieurs interprétations et définitions de l’une et de l’autre, basées sur la littérature consultée, les recherches en cours, les expériences et croyances personnelles. Nous leur avons aussi demandé de proposer des liens entre leurs recherches et l’intervention sociale. Vous pourrez donc lire dans Le Dossier six articles qui abordent plusieurs angles, qui décrivent plusieurs tendances, qui proposent plusieurs pistes. En décembre 2005, nous voulions effectuer L’entrevue avec notre collègue et ami Brian Ouellet, de l’Université St-Thomas. Malheureusement, il est décédé subitement, au moment même où nous devions avoir l’entrevue en question. Nous lui dédions …