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Banques coopératives : de l’idéal solidaire à la réalité des salaires[Notice]

  • Gilles Caire,
  • Pascal Glémain et
  • Sophie Nivoix

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  • Gilles Caire
    Centre de recherche sur l’intégration économique et financière (Crief ; EA 2249), université de Poitiers

  • Pascal Glémain
    Centre interdisciplinaire d’analyse des processus humains et sociaux (CIAPHS ; EA 2241), université Rennes 2- UEB

  • Sophie Nivoix
    Centre de recherche en gestion (Cerege ; EA 1722), université de Poitiers

Ce travail s’inscrit dans une recherche-action collective 2012-2014 sur le thème « La place et les spécificités des banques coopératives et mutualistes en Pays de Loire », portée par l’Observatoire régional de l'économie sociale et solidaire de la Cress Pays de Loire, en partenariat avec sept banques coopératives.

Interroger les rémunérations dans l’économie sociale et solidaire (ESS) en général est une question sensible. Cela l’est tout autant dans le secteur bancaire, dont l’image n’est pas des plus positives depuis la crise dite des subprimes de 2008. Traiter des rémunérations au sein des banques coopératives devient dès lors une entreprise doublement délicate. De plus, si la question de l’emploi dans l’ESS et de sa qualité a déjà été abordée par les travaux de Richez-Battesti et alii , il n’existe pas à notre connaissance d’état des lieux des rémunérations au sein des groupes bancaires coopératifs. Dans le cadre de cet article, nous proposons une première analyse comparative entre les banques coopératives et les banques capitalistes . A la question « les salariés des établissements bancaires coopératifs sont-ils plus ou moins bien rémunérés que ceux qui travaillent dans les établissements bancaires commerciaux ? », nous tentons d’apporter une réponse de la façon la plus objective possible, en nous appuyant sur les données des documents de référence publics (rapports d’activité, rapports financiers, rapports RSE) et des bilans sociaux (lorsqu’ils sont disponibles) des cinq grands groupes bancaires privés français coopératifs ou commerciaux : Crédit agricole-LCL (CA), BPCE, Crédit mutuel-CIC (CM), BNP Paribas (BNPP) et Société générale (SG). Après un bref rappel de l’état des connaissances quant aux rémunérations dans l’économie sociale reposant sur l’analyse des déclarations annuelles de données sociales (DADS), nous observons les rémunérations moyennes dans les banques, puis les inégalités qui transparaissent au travers des grilles salariales. Ensuite, nous nous intéressons aux rémunérations hors salaire, à savoir la participation, l’intéressement, voire l’abondement lorsqu’il était mentionné. Enfin, il nous a paru nécessaire de comparer la situation des hommes et des femmes, ainsi que celle des mandataires sociaux et des administrateurs. Ces divers éléments sont abordés à la fois au niveau national des groupes et au niveau de trois caisses régionales coopératives. En 2012, l’Institut national de la statistique et des études économiques (Insee) a souligné que les salaires, calculés sur une base annuelle en équivalent temps plein (ETP), sont en moyenne plus faibles dans l’ESS que dans le secteur privé (entendu hors ESS, donc commercial, market-based ; – 16 %) et le secteur public (– 7 %). La situation est cependant très différente entre, d’un côté, les associations (– 22 % par rapport au secteur privé) et, de l’autre, les mutuelles et les coopératives (respectivement + 5 % et + 7 %). L’étude relevait également que les écarts de salaires étaient en moyenne plus faibles dans l’ESS que dans le secteur privé. L’écart inter-décile entre les 10 % les moins bien payés et les 10 % les mieux payés était de 2,7, contre 3,1 dans le secteur privé. Cette contraction de l’échelle des salaires entre les moins bien lotis et les mieux lotis est conforme aux principes coopératifs de solidarité et d’équité. Ce constat, fondé sur les différences statutaires, éclipse néanmoins de très forts contrastes de rémunérations entre secteurs d’activité. L’écart négatif au regard du privé est maximal pour les activités sportives, récréatives et de loisirs (– 44 %), et l’écart positif le plus fort, pour le secteur de la santé (+ 28 %). Par ailleurs, une étude Apec de 2013 notait que les salaires proposés aux cadres dans les offres ESS étaient en moyenne plus faibles de 7 % (– 8 % dans les associations, – 7 % dans les mutuelles, mais + 11 % dans les coopératives). Qu’en est-il dans le secteur bancaire ? L’étude Insee précitée proposait un court focus sur les banques coopératives. Le salaire annuel moyen brut (calculé en ETP) en 2009 était de 39 200 …

Parties annexes