Cet ouvrage constitue une nouvelle contribution du réseau Emes à la connaissance de l’entreprise sociale. Depuis le milieu des années 90, Emes a réalisé plusieurs études importantes sur l’émergence et les conditions de développement de l’entreprise sociale en Europe, notamment l’étude Perse (2001-2004), dont les résultats ont été publiés en 2004 sous la forme de plusieurs working papers (www.emes.net) et ont donné lieu à de nombreuses publications ici et là sous forme d’articles. Ce sont les résultats recueillis lors du programme Perse – donc des données qui datent un peu – qui sont utilisés dans quelques uns des chapitres de cet ouvrage découpé en trois parties : la première est consacrée aux repères internationaux, la deuxième, à la discussion de quelques questions transversales, et la troisième, à la présentation de monographies nationales. Le tout est précédé d’une courte introduction de trois pages et suivi d’une conclusion qui reprend les principaux points discutés dans la deuxième partie. C’est dans cette partie en effet que sont apportés les éléments de réflexion les plus intéressants et que sont discutées les questions fondamentales pour comprendre les enjeux liés à l’entreprise sociale. Ces questions sont au nombre de trois et représentent autant de chapitres du livre : la question des ressources, et notamment la nécessité de bâtir un resource-mix qui affranchit d’une dépendance au marché et aux financements publics ; celle de la gouvernance à travers la difficulté, mais aussi la richesse de mettre en place des structures de gouvernance qui fassent une place aux différentes parties prenantes (multistakeholder) ; celle, enfin, de l’institutionnalisation ou de l’isomorphisme institutionnel qui menace les entreprises sociales quand elles arrivent en phase de pérennisation. Les monographies présentées en troisième partie concernent la Belgique, la France, le Québec et la Suisse et reflètent, de ce fait, un diagnostic intéressant sur l’état des entreprises sociales dans les principaux pays francophones développés. Quant aux deux chapitres qui forment la première partie, ils sont intéressants, mais ils ont déjà été présentés auparavant (Davister C., Defourny J., Grégoire O., 2004, « Les entreprises sociales d’insertion dans l’Union européenne, un aperçu général », Recma, n° 293 ). Il s’agit donc d’un ouvrage écrit par d’excellents spécialistes de l’entreprise sociale, qui offre ainsi une perspective très pertinente sur la question, mais dont on peut regretter qu’il n’ait pas été l’occasion d’actualiser et d’enrichir certains résultats un peu anciens.