La connaissance du monde associatif en milieu rural n’a guère mobilisé les chercheurs ces dernières décennies. Quelques travaux du Comité d’étude et de liaison des associations à vocation agricole et rurale (Celavar) et de chercheurs universitaires émaillent les années 90 et 2000, mais aucun ne comporte d’aspects quantitatifs, notamment sur la création d’associations . Les seules données récentes disponibles ont été produites par certaines chambres régionales de l’économie sociale (Cres), mais elles portent uniquement sur les associations employeurs, ignorant ainsi plus de 80 % des associations. On est donc réduit à une connaissance subjective de la créativité associative en milieu rural et à des hypothèses rationnelles, mais non vérifiées, sur ses déterminants. Il y aurait un plus grand nombre de créations d’association pour deux types de raisons : Ce travail est d’abord le résultat d’une démarche empirique pour constituer un corps de données à analyser. Compter le nombre d’associations créées dans une zone rurale (ici le plateau de Millevaches) – dans quelle commune, dans quel secteur d’activité, à quelle date – et comparer les données obtenues à celles de l’échelon national constituent le préalable à toute hypothèse. Le plateau de Millevaches se caractérisant fondamentalement par des communes de moins de 1 000 habitants et un déclin démographique constant et séculaire, il convenait de mesurer les corrélations éventuelles entre la création associative et ces caractéristiques essentielles. Enfin, il était important de vérifier si à l’homogénéité de cet espace rural correspondait une homogénéité de la création d’associations et quelle était l’éventuelle corrélation avec la présence des néoruraux. Cette étude a pour base le relevé systématique dans le Journal officiel des créations d’association dans les douze cantons du plateau de Millevaches de 1986 à 2010 inclus. Ces cantons représentent 114 communes, 47 000 habitants et une superficie de 3 300 km2. Avec une densité de 14 habitants au kilomètre carré, c’est une des zones les plus rurales de France. Une seule commune (Ussel), en bordure de la zone, atteint les 10 000 habitants ; les 113 autres comptent moins de 3 000 habitants, et 107 moins de 1 000. Sur les 114 communes traitées, 1 493 associations ont été créées de 1986 à 2010, soit une moyenne de 60 associations par an, soit une association par an pour 788 habitants. La moyenne nationale étant d’une association par an pour 950 habitants, la création d’associations y apparaît donc supérieure. Ce phénomène est accentué si l’on excepte Ussel, puisque les 113 autres communes ont alors un taux de création d’une association pour 750 habitants. Ce fort taux est constant sur toute la période. La répartition des associations par secteurs d’activité dans le plateau de Millevaches n’est pas très différente de la répartition nationale (tableau 1, en page suivante). La surreprésentation des associations de loisirs confirmerait l’idée selon laquelle la création d’associations compense l’absence ou la grande faiblesse de l’offre marchande ou publique dans ce domaine. Les difficultés spécifiques à ces territoires en déclin économique expliqueraient aussi l’importance des créations d’associations autour de l’emploi et du développement local et économique. Enfin, l’apparente faiblesse du secteur sanitaire et social n’est due qu’à l’absence dans le présent recensement des sections et établissements d’associations nationales. Si l’on ajoute les chiffres du Panorama de l’économie sociale en Limousin 2010, publié par l’observatoire de l’économie sociale et solidaire du Limousin, concernant le sanitaire et social dans la zone, le pourcentage du secteur atteint alors 10 %, très proche du niveau national. Ces établissements (maisons de retraite, foyers occupationnels, instituts médico-éducatifs) sont les principales associations employeurs de la zone et jouent un rôle majeur dans l’emploi. Ils sont dus …
Le dynamisme associatif en milieu rural, exemple du plateau de Millevaches[Notice]
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Christian Vaillant
Scop La Navette
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