
Volume 53, numéro 2, 2025 Cartographies autochtones Sous la direction de Benoit Éthier, Justine Gagnon et Christian Coocoo
Sommaire (20 articles)
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Introduction : cartographies autochtones
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Aski masinahikan itewina : lexique nehiromowin/français de termes cartographiques
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« La carte n’est pas le territoire » ou les enjeux et défis de la territorialité et de la cartographie autochtones contemporaines : l’expérience de la nation Atikamekw Nehirowisiw (Québec, Canada)
Sylvie Poirier
p. 11–21
RésuméFR :
L’énoncé « La carte n’est pas le territoire » me sert d’assise pour réfléchir d’une part à l’écart et à l’enchevêtrement entre les conceptions et les pratiques autochtones et étatiques du territoire et de la territorialité, et, d’autre part, à l’engagement actuel des peuples autochtones envers les productions cartographiques comme une de leurs stratégies de résistance, de négociation, de dialogue et de coexistence. Je m’appuie, dans une perspective diachronique, sur l’expérience de la Nation Atikamekw Nehirowisiw (Haut-Saint-Maurice, Québec) avec les productions cartographiques, les leurs et celles du gouvernement québécois. Il s’agit aussi de mettre en perspective cette analyse d’un cas singulier avec la littérature, les travaux et les débats sur la cartographie autochtone. Au niveau conceptuel, je me propose de faire dialoguer le concept de territorialité autochtone, celui de « contre-cartographie » autochtone et ce que j’appelle ici les « cartographies enchevêtrées », soit les inscriptions et les « rencontres » sur support cartographique des conceptions, régimes fonciers et modes d’occupation étatiques et autochtones des territoires et des lieux.
EN :
In this article, I use the statement “The map is not the territory” to reflect on the gap and entanglement between Indigenous and state conceptions and practices of territory and territoriality, and on Indigenous peoples’ current engagement with cartographic productions as one of their strategies of resistance, negotiation, dialogue, and co-existence. From a diachronic perspective, I draw on the experience of the Atikamekw Nehirowisiw Nation (Haut-Saint-Maurice, Quebec) with cartographic productions – both their own and those of the Quebec government. This analysis of a singular case will also be put into perspective with the literature, works and debates on Indigenous cartography. Conceptually, I propose to bring into dialogue the concept of indigenous territoriality, that of indigenous “counter-mapping” and what I call here “entangled cartographies”, i.e. the inscriptions and “encounters” on cartographic support of state and Indigenous conceptions, land tenures, and modes of occupation of territories and places.
ES :
La afirmación «El mapa no es el territorio» sirve de base para mis reflexiones sobre la brecha y el enredo entre las concepciones y prácticas indígenas y estatales del territorio y la territorialidad, y sobre el actual compromiso de los pueblos indígenas con las producciones cartográficas como una de sus estrategias de resistencia, negociación, diálogo y coexistencia. Desde una perspectiva diacrónica, me baso en la experiencia de la Nación Atikamekw Nehirowisiw (Haut-Saint-Maurice, Quebec) con las producciones cartográficas, tanto propias como del gobierno de Quebec. Se trata también de poner en perspectiva el análisis de un caso singular con la literatura, los trabajos y los debates sobre la cartografía indígena. En el plano conceptual, propongo establecer un diálogo entre el concepto de territorialidad indígena, el de «contramapa» indígena y lo que denomino aquí «cartografías enredadas», es decir, las inscripciones y «encuentros» en soporte cartográfico de concepciones estatales e indígenas, sistemas de tenencia de la tierra y modos de ocupación de territorios y lugares.
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Processus cartographiques et contre-cartographies autochtones : transmission des savoirs et affirmation des droits territoriaux dans des processus de recherche et de négociation territoriales chez les Atikamekw Nehirowisiwok (Québec, Canada)
Benoit Éthier
p. 23–32
RésuméFR :
La production de cartes dans un contexte de négociation et de protection des territoires ancestraux autochtones est régulièrement décrite dans la littérature scientifique comme une pratique de contre-cartographies autochtones, c’est-à-dire comme une contre-proposition à des représentations dominantes du territoire. À partir de la description des démarches cartographiques menées par les membres de la nation Atikamekw Nehiriowisiw (Québec, Canada), le texte souligne les retombées socioculturelles des études et des projets cartographiques menés dans un contexte de négociation territoriale. L’analyse soutient que les méthodes de recherche cartographique employées favorisent à la fois le développement des compétences, l’acquisition et la transmission des savoirs territoriaux et de la langue autochtone (nehiromowin). En cela, les démarches cartographiques menées par les membres de la nation depuis les années 1980 proposent des visions et des pratiques alternatives aux projets extractivistes issus du modèle néolibéral dominant.
EN :
The production of maps in a context of negotiation and protection of Indigenous ancestral territories is regularly described in the scientific literature as a practice of Indigenous counter-mapping, i.e. as a counterproposal to dominant representations of the territory. Based on a description of the cartographic processes carried out by members of the Atikamekw Nehiriowisiw Nation (Quebec, Canada), the text highlights the socio-cultural repercussions of cartographic studies and projects carried out in a context of territorial negotiation. The analysis argues that the cartographic research methods employed promote both the development of skills and the acquisition and transmission of territorial knowledge and the Native language (nehiromowin). In this way, the cartographic approaches adopted by members of the Nation since the 1980s offer alternative visions and practices to the ‘extractivist’ projects of the dominant neoliberal model.
ES :
La producción de mapas en un contexto de negociación y protección de los territorios ancestrales indígenas se describe habitualmente en la literatura científica como una práctica de contra-cartografía indígena, es decir, como una contrapropuesta a las representaciones dominantes del territorio. A partir de una descripción de los procesos cartográficos llevados a cabo por miembros de la nación Atikamekw Nehiriowisiw (Quebec, Canadá), el texto pone de relieve las repercusiones socioculturales de los estudios y proyectos cartográficos realizados en un contexto de negociación territorial. El análisis sostiene que los métodos de investigación cartográfica utilizados fomentan el desarrollo de competencias y la adquisición y transmisión de conocimientos territoriales y de la lengua indígena (nehiromowin). De esta manera, los procesos cartográficos llevados a cabo por miembros de la nación desde la década de 1980 ofrecen visiones y prácticas alternativas a los proyectos extractivistas derivados del modelo neoliberal dominante.
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L’espace vécu sur Tshitassinu : cartographie participative et représentations du territoire des jeunes Pekuakamiulnuatsh (Québec)
Irène Hirt, Caroline Desbiens, Hélène Boivin et Michel Nepton
p. 33–48
RésuméFR :
Au Canada, les Premières Nations accordent une importance croissante aux points de vue des jeunes dans leurs projets d’autodétermination politique et territoriale. Cet article présente un atelier de cartographie participative d’une journée mis en oeuvre dans le cadre du partenariat de recherche « Tshishipiminu » (2011 à 2019) entre des géographes de l’Université Laval et Pekuakamiulnuatsh Takuhikan, autorité politique de la Nation Ilnu de Mashteuiatsh (Québec). L’atelier a été réalisé en avril 2016 avec des jeunes Pekuakamiulnuatsh de 15 et 16 ans pour documenter leurs représentations et pratiques du territoire. L’activité a mobilisé cartes et objets comme supports de discussions collectives et la production de cartes mentales comme outils d’expression des espaces vécus. L’atelier montre que si les jeunes n’ont pas tous et toutes une vision politique de leur territoire, ils et elles continuent généralement à y pratiquer les activités liées à la culture ilnu (chasse, pêche, artisanat, etc.). Les transformations coloniale et industrielle du territoire ne les empêchent pas, en outre, d’éprouver des sentiments d’appartenance à l’égard de celui-ci. Enfin, ils et elles se réapproprient des espaces d’origine coloniale, dont l’ilnu assi (la « réserve »), devenu un marqueur d’identification.
EN :
In Canada, First Nations are placing increasing emphasis on youth perspectives in their political and territorial self-determination projects. This article presents a one-day participatory mapping workshop carried out as part of the ‘Tshishipiminu’ research partnership (2011 to 2019) between geographers at Université Laval and Pekuakamiulnuatsh Takuhikan, the political authority of the Ilnu Nation of Mashteuiatsh (Quebec). The workshop was conducted in April 2016 with young Pekuakamiulnuatsh aged 15 and 16 to document their representations and practices of the territory. The activity used maps and objects as supports for collective discussions, and sketch mapping as a means of expressing lived spaces. The workshop showed that while not all young people have a political vision of their territory, they generally continue to practise activities linked to Ilnu culture (hunting, fishing, handicraft, etc.). Moreover, the colonial and industrial transformations of the territory have not prevented them from feeling a sense of belonging to it. Finally, they are reappropriating colonial spaces, including ilnu assi (the ‘reserve’) which has become a marker of identification.
ES :
En Canadá, las Primeras Naciones conceden cada vez más importancia a los puntos de vista de los jóvenes en sus proyectos de autodeterminación política y territorial. Este artículo presenta un taller de cartografía participativa de un día de duración llevado a cabo en el marco de la asociación de investigación «Tshishipiminu» (2011 a 2019) entre geógrafos de la Universidad Laval y Pekuakamiulnuatsh Takuhikan, la autoridad política de la Nación Ilnu de Mashteuiatsh (Quebec). El taller se celebró en abril de 2016 con jóvenes Pekuakamiulnuatsh de 15 y 16 años para documentar sus representaciones y prácticas del territorio. La actividad utilizó mapas y objetos como base para discusiones colectivas y la producción de mapas mentales como herramientas para expresar los espacios vividos. El taller puso de manifiesto que, si bien no todos los jóvenes tienen una visión política de su territorio, en general siguen practicando actividades vinculadas a la cultura Ilnu (caza, pesca, artesanía, etc.). Las transformaciones coloniales e industriales del territorio no les han impedido sentir que pertenecen a él. Por último, se están reapropiando de espacios de origen colonial, entre ellos el ilnu assi (la «reserva»), que se ha convertido en un marcador de identificación.
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Contre-cartographie narrative avec de jeunes Autochtones de Montréal/Tiohtià:ke : « Raconter » leurs territorialités pour les replacer dans la ville
Marie-Eve Drouin-Gagné et Stéphane Guimont Marceau
p. 49–60
RésuméFR :
Cet article présente un processus de cartographie participative avec des jeunes de la communauté autochtone de Montréal/Tiohtià:ke. Dans un contexte d’invisibilisation des territorialités autochtones urbaines, liée à la division coloniale de l’espace, la cartographie des espaces sociaux de jeunes Autochtones et de leurs territorialités a participé à leur redonner une place dans la ville, ou plutôt à visibiliser celles qu’ils et elles occupent déjà. La cartographie réalisée avec les jeunes a donné lieu à diverses formes de représentations (dessins, photos, récits, etc.) qui ont servi d’outils de communication et de partage des expériences et savoirs des jeunes Autochtones dans l’espace urbain. Au bout du compte, cette cartographie a surtout permis l’expression de récits individuels qui ont ensuite été rassemblés, dans un processus narratif collectif, pour la cocréation d’une carte narrative. Dans cet article, nous présentons des réflexions sur le processus de recherche et les possibilités méthodologiques de la contre-cartographie narrative qui permet de « raconter » des récits liés aux territorialités autochtones en milieu urbain pour les replacer dans la ville.
EN :
This article presents a participatory mapping process with youth from the Montreal/Tiohtià:ke Indigenous community. In a context of the invisibility of urban Indigenous territoriality, resulting from the colonial division of space, the mapping of the social spaces of Indigenous youth and their territoriality helped to restore their place in the city, or rather, to make visible the places they already occupy. The youths’ maps took various forms (drawings, photos, stories, etc.) that served as tools for communicating and sharing their experiences and knowledge as Indigenous youth in an urban space. In the end, this process facilitated the expression of individual narratives which were then brought together, in a collective narrative process, for the co-creation of a narrative map. In this article, we present reflections on the research process and the methodological possibilities of narrative counter-mapping, which allows for ‘re-storying’ Indigenous territoriality in an urban environment, in order to reinstate them in the city.
ES :
Este artículo presenta un proceso de cartografía participativa en el que intervinieron jóvenes de la comunidad Indígena de Montreal/Tiohtià:ke. En un contexto de invisibilización de las territorialidades urbanas indígenas, vinculado a la división colonial del espacio, la cartografía de los espacios sociales de jóvenes Indígenas y de sus territorialidades contribuyó a restituir su lugar en la ciudad, o más bien a hacer visibles los lugares que ya ocupan. La cartografía realizada con los jóvenes dio lugar a diversas formas de representación (dibujos, fotos, relatos, etc.) que sirvieron de herramientas para comunicar y compartir las experiencias y conocimientos de los jóvenes Indígenas en el espacio urbano. Al final, este mapeo permitió la expresión de historias individuales que luego se unieron, en un proceso narrativo colectivo, para co-crear un mapa narrativo. En este artículo, presentamos algunas reflexiones sobre el proceso de investigación y las posibilidades metodológicas de la contra-cartografía narrativa, que permite “contar” relatos vinculados a las territorialidades Indígenas en el medio urbano y así resituarlas en la ciudad.
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Des terres et des cartes pour qui ? Pièges et enjeux du foncier chez les Autochtones des Philippines : le cas des Ibaloy de Loacan
Antoine Laugrand
p. 61–74
RésuméFR :
Au cours de la colonisation espagnole et américaine, les Autochtones des Philippines ont été successivement repoussés dans les montagnes et dépossédés de leurs terres. À l’aube du xxie siècle, ils ont obtenu des territoires ancestraux grâce à de la cartographie orchestrée par l’État. Ces nouveaux titres et leur législation ont créé une série de problèmes pour les Autochtones. D’une part, les groupes font face à des entreprises qui réclament le droit d’exploiter leurs ressources ; d’autre part, ils doivent reconfigurer leur propre système de tenure foncière, se voient obligés d’utiliser des titres de propriété privés et communautaires pour assurer leur présence sur l’espace, tout en utilisant un système foncier basé sur la relation avec leurs défunts pour transmettre et diviser la terre. Ils sont confrontés à deux visions foncières entièrement différentes qu’ils doivent combiner. Cet article interroge les enjeux fonciers des Autochtones aux Philippines, à la lumière du cas des Ibaloy de Loacan.
EN :
During the Spanish and American colonization, the Indigenous Peoples of the Philippines were successively pushed into the mountains and dispossessed of their lands. At the dawn of the 21st century, they obtained ancestral territories through mapping orchestrated by the State. These new titles and legislation have created a series of problems for the Indigenous Peoples. On the one hand, the groups are facing companies that are demanding the right to exploit their resources; on the other, they must reconfigure their own land tenure system, forced to use private and community titles to ensure their presence, while using a customary land tenure system based on their relationships with the dead to transfer and divide the land. They are faced with two entirely different land tenure visions that they must combine. This article questions Indigenous land issues in the Philippines in light of the case of the Ibaloy of Loacan.
ES :
Durante la colonización española y estadounidense, los pueblos Indígenas de Filipinas fueron sucesivamente empujados a las montañas y desposeídos de sus tierras. En los albores del siglo XXI, obtuvieron territorios ancestrales gracias a la cartografía orquestada por el Estado. Estos nuevos títulos y su legislación han creado una serie de problemas a los Indígenas. Por un lado, los grupos se enfrentan a empresas que exigen el derecho a explotar sus recursos; por otro lado, deben reconfigurar su propio sistema de tenencia de la tierra, viéndose obligados a utilizar títulos privados y comunitarios para garantizar su presencia en el territorio, al tiempo que utilizan un sistema de tenencia de la tierra basado en la relación con sus difuntos para transmitir y dividir la tierra. Se enfrentan a dos visiones totalmente distintas de la tenencia de la tierra que deben combinar. Este artículo examina los problemas de tenencia de la tierra a los que se enfrentan los pueblos Indígenas de Filipinas, a la luz del caso de los Ibaloy de Loacan.
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Cartographie collective et récits numériques pour bouleverser les enchevêtrements ontologiques en territoire walbunja (Australie)
Annick Thomassin, Kim Spurway, Tayla Nye, Adam Nye, Sherrie Nye McCarron, Adam McCarron et Jake Chatfield
p. 75–88
RésuméFR :
Depuis plusieurs décennies, les membres du peuple Walbunja (nation Yuin) aspirent à exercer leur souveraineté et affermir leur influence sur les projets de développement économique et de gestion environnementale concernant leur territoires terrestres et marins. Situé sur la côte sud-est de la Nouvelle Galles du Sud en Australie, le territoire des Walbunja est sujet à des pressions intenses, toujours grandissantes, liées à l’expansion urbaine, à une industrie touristique florissante, à l’agriculture et à la pêche commerciale. Cet article explore les opportunités et les défis politiques et ontologiques que représentent la cartographie collaborative et récits numériques autochtones pour soutenir les projets de résurgence de gestion environnementale walbunja. Ces outils numériques peuvent-ils contribuer aux projets de décolonisation envisagés par les Walbunja et autres groupes autochtones ? Peuvent-ils également favoriser l’émergence de synergies entre différentes conceptions et relations au territoire ? Ou conduisent-ils plutôt à l’alourdissement de l’enchevêtrement territorial et ontologique dans l’espace numérique ?
EN :
For several decades, members of the Walbunja people (Yuin nation) have aspired to exercise their sovereignty and strengthen their influence over the economic development and environmental management projects concerning their land and sea territories. Located on the populated south-eastern seaboard of New South Wales in Australia, the territory the Walbunja are caretaker for is subject to intense and ever-increasing pressures linked to urban expansion, a thriving tourist industry, agriculture and commercial fishing. This paper explores the political and ontological opportunities and challenges that indigenous collaborative mapping and digital storytelling platforms represent for Walbunja sovereignty and environmental stewardship of resurgent projects. Can these digital tools contribute to the decolonization projects envisaged by the Walbunja and other Indigenous groups? Can they facilitate the emergence of synergies between different conceptions and relationships to the territory? Or do they rather allow an extension of a territorial and ontological entanglement in the digital space?
ES :
Desde hace varias décadas, los miembros del pueblo Walbunja (nación Yuin) aspiran a ejercer su soberanía y hacer valer su influencia sobre los proyectos de desarrollo económico y gestión medioambiental relativos a sus territorios terrestres y marítimos. Situado en la costa sudoriental de Nueva Gales del Sur (Australia), el territorio Walbunja está sometido a intensas y crecientes presiones derivadas de la expansión urbana, una próspera industria turística, la agricultura y la pesca comercial. Este artículo explora las oportunidades y los retos políticos y ontológicos que presentan la cartografía colaborativa y los relatos digitales Indígenas para apoyar los proyectos de resurgimiento de gestión medioambiental Walbunja. ¿Pueden estas herramientas digitales contribuir a los proyectos de descolonización previstos por la tribu Walbunja y otros grupos Indígenas? ¿Pueden también favorecer la emergencia de sinergias entre diferentes concepciones y relaciones con el territorio? ¿O, por el contrario, conducen a un aumento del enredo territorial y ontológico en el espacio digital?
Note de recherche
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Une cartographie pour le Masko Cimakanic Aski : témoignage de création chez les Atikamekw Nehirowisiwok
Christian Coocoo et Daviken Studnicki-Gizbert
p. 89–96
RésuméFR :
Dans cette note de recherche, les auteurs proposent quelques réflexions autour du processus d’élaboration d’une carte pour le Masko Cimakanic Aski, le territoire de la famille Coocoo près de la communauté Nehirowisiw de Wemotaci. Cette production va à l’encontre des cartes conventionnelles du territoire qui ont été produites dans une optique extractiviste. Ensemble, et à tour de rôle, les auteurs discutent des objectifs, du contenu et de l’idiome graphique de cette carte, de leur genèse et de la manière dont ils retravaillent les médiations de la carte entre le territoire et l’observateur.
EN :
For this research note, the authors offer some reflections around the process of elaborating a map for the Masko Cimakanic Aski, the territory of the Coocoo family near the Nehirowisiw community of Wemotaci. This production stands in contra-distinction to conventional maps of the territory that have been produced through an ‘extractivist’ lens. Together, and in turn, the authors discuss the aims, content, and graphic idiom of this map, how these came about, and how they rework the map’s mediation between territory and observer.
ES :
En esta nota de investigación, los autores ofrecen algunas reflexiones sobre el proceso de producción de un mapa para el Masko Cimakanic Aski, el territorio de la familia Coocoo cerca de la comunidad Nehirowisiw de Wemotaci. Esta producción va a contracorriente de los mapas convencionales del territorio, que se han elaborado desde una perspectiva extractivista. Juntos, y por turnos, los autores discuten los objetivos, el contenido y el lenguaje gráfico de este mapa, su génesis y la forma en que reelaboran las mediaciones del mapa entre el territorio y el observador.
Témoignages
Hors thème
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Les Soeurs Grises autochtones de Montréal : assimilation et « indigénisation » du christianisme (1845-1960)
Frédéric Laugrand et Guy Tremblay
p. 109–128
RésuméFR :
À partir de plusieurs documents tirés des archives des Soeurs Grises, cet article présente le rôle des Soeurs Grises autochtones et métisses de Montréal, longtemps appelées « les Petites auxiliaires » par les missionnaires oblats de Marie-Immaculée. Dès 1845, ces derniers ont compté sur leur aide pour l’évangélisation de l’Ouest du Canada et des territoires du Nord situés bien au-delà, et tenté de les mettre en scène pour valoriser leurs actions. L’analyse se concentre ici sur le cas des soeurs métisses et autochtones. Il apparaît d’abord que ces femmes devaient subir une transformation mortifère pour devenir des soeurs. Elles étaient ensuite affectées surtout dans des écoles et des hôpitaux. En mobilisant l’approche de l’anthropologie historique, il s’agit de montrer comment le christianisme a modifié le quotidien et les imaginaires de ces femmes, et comment elles ont peu à peu mis à profit cette religion pour défendre leurs propres traditions et leurs valeurs à l’intérieur du cadre colonial. Les trajectoires et les actions des soeurs autochtones dont les vocations remontent du début du xxe siècle suggèrent cette évolution. Ces femmes autochtones qui ont adopté le christianisme apparaissent enfin comme les précurseures d’un mouvement de défense des traditions autochtones, métisses et de la condition féminine qui ne verra le jour que bien plus tard. Assimilation et indigénisation du christianisme ont opéré lentement et conjointement.
EN :
Based on a number of documents drawn from the archives of the Grey Nuns, this paper presents the role of the Indigenous and Metis Grey Nuns of Montreal, long called ‘the Little Helpers’ by the Oblate missionaries of Mary Immaculate. From 1845 onwards, the missionaries relied on their help to evangelize Western Canada and the northern territories far beyond, and tried to use them to promote their work. The analysis here focuses on the case of the Metis and Indigenous nuns. First of all, it appears that these women had to undergo a mortifying transformation in order to become nuns. They were then assigned mainly to schools and hospitals. Using an historical anthropological approach, the aim is to show how Christianity changed the daily lives and imagination of these women, and how they gradually used this religion to defend their own traditions and values within the colonial framework. The trajectories and actions of Aboriginal nuns, whose vocations date back to the beginning of the twentieth century, suggest this evolution. Finally, these Aboriginal women who adopted Christianity appear to be the forerunners of a movement to defend Amerindian and Metis traditions and the status of women that would not see the light of day until much later. The assimilation and indigenization of Christianity took place slowly and in tandem.
ES :
Basándose en una serie de documentos extraídos de los archivos de las Monjas Grises, este artículo presenta el papel de las Monjas Grises indígenas y mestizas de Montreal, llamadas durante mucho tiempo «las pequeñas ayudantes» por los misioneros oblatos de María Inmaculada. A partir de 1845, los misioneros contaron con su ayuda para evangelizar el oeste de Canadá y los territorios septentrionales más alejados, e intentaron utilizarlas para promover su labor. El análisis se centra aquí en el caso de las hermanas mestizas e indígenas. En primer lugar, parece que estas mujeres tuvieron que someterse a una transformación mortificante para convertirse en hermanas. A continuación, se las destinaba principalmente a escuelas y hospitales. A través de un enfoque antropológico histórico, se muestra cómo el cristianismo cambió la vida cotidiana y el imaginario de estas mujeres, y cómo fueron utilizando esta religión para defender sus propias tradiciones y valores en el marco colonial. Las trayectorias y acciones de las hermanas indígenas cuya vocación se remonta a principios del siglo XX sugieren esta evolución. Por último, estas mujeres indígenas que adoptaron el cristianismo parecen ser las precursoras de un movimiento de defensa de las tradiciones indígenas y mestizas y de la condición de la mujer que no vería la luz hasta mucho más tarde. La asimilación y la indigenización del cristianismo se produjeron lenta y paralelamente.
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Le sens « caché » des mots inuit
Louis-Jacques Dorais
p. 129–136
RésuméFR :
Les mots de l’inuktitut sont généralement composés d’un certain nombre de morphèmes dont chacun a son sens propre. L’analyse sémantique de ces parties composantes révèle souvent une signification sous-jacente qui diffère de celle du mot dans son entier, tout en lui étant liée. La plausibilité des significations ainsi mises en lumière varie selon la technique d’analyse utilisée : découpage morphologique en synchronie, recours à l’inférence sémantique, ou à l’étymologie proto-eskimo. Dans tous les cas, cette lecture analytique des mots inuit est révélatrice des images et représentations « cachées » qu’ils peuvent véhiculer. Trois exemples de ce type de lecture sont présentés ici : la relation entre corps et numération, la parenté par alliance, et l’union entre le chamane et ses esprits auxiliaires. On peut postuler que de telles données fournissent aux locuteurs et locutrices d’aujourd’hui des éléments de réflexion inédits sur la richesse sémantique insoupçonnée de leur propre langue.
EN :
In Inuktitut, words are generally made out of a number of morphemes, each of which hold their own meaning. It often happens that the semantic analysis of these component parts elicits an underlying signification differing from, but linked to, that of the entire word. The plausibility of the meanings thus elicited varies according to the analytical method in use: synchronous morphological parsing, resorting to semantic inference, or to Proto-Eskimo etymology. In all cases, such an analytical reading of Inuit words is revealing of the “hidden” views and images they may convey. Three examples of this kind of reading are presented here: the relationship between the body and numbers; terms for in-law relatives; and the covenant linking the shaman with his or her spirit helpers. It may be deemed that data of this nature can provide contemporary speakers of Inuktitut with new elements of reflection on the unsuspected semantic richness of their own language.
ES :
Las palabras en inuktitut suelen estar formadas por un cierto número de morfemas, cada uno de los cuales tiene su propio significado. El análisis semántico de estos componentes revela a menudo un significado subyacente que difiere del de la palabra en su conjunto, pero que está relacionado con él. La verosimilitud de los significados así sacados a la luz varía según la técnica de análisis utilizada: ruptura morfológica en sincronía, inferencia semántica o etimología protoesquimal. En todos los casos, esta lectura analítica de las palabras inuit revela las imágenes y representaciones “ocultas” que pueden transmitir. Aquí se presentan tres ejemplos de este tipo de lectura: la relación entre el cuerpo y el número, el parentesco por alianza y la unión entre el chamán y sus espíritus auxiliares. Cabe postular que tales datos proporcionarán a los y las hablantes actuales elementos inéditos de reflexión sobre la insospechada riqueza semántica de su propia lengua.
Comptes rendus
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The Politics of Mapping, Bernard Debarbieux et Irène Hirt, dir. New York, ISTE Ltd London et John Wiley & Sons, 2022, 274 p.
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Les récits de notre terre – Les Malécites, Daniel Clément. Québec : Presses de l’Université Laval, 2023, 143 p.
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Québécois et Autochtones : histoire commune, histoires croisées, histoires parallèles ?, François-Olivier Dorais et Geneviève Nootens, dir. Éditions du Boréal, 2023, 278 p.
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Émergence insoumise, Cyndy Wylde. Wendake, Éditions Hannenorak, 2024, 78 p.
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Le bestiaire innu 2 : les oiseaux, les poissons et les animaux non comestibles, Daniel Clément. Québec, Presses de l’Université Laval, 2024, 654 p.