Volume 52, numéro 3, 2022–2023 Patrimoines autochtones territoriaux : le droit de protéger les espaces de culture et de transmission Sous la direction de Caroline Desbiens et Justine Gagnon
Sommaire (18 articles)
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Introduction : patrimoines autochtones territoriaux : le droit de protéger les espaces de culture et de transmission
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Le principe du consentement libre, préalable et éclairé en contexte forestier québécois : une étude de cas chez les Innus de Pessamit
Marie Saint-Arnaud, Sara Teitelbaum et Peggy Smith
p. 9–20
RésuméFR :
Le principe du consentement libre, préalable et éclairé (CLPE) tel qu’il s’inscrit dans la Déclaration des Nations unies sur les droits des peuples autochtones (2007) tarde à être mis en oeuvre au Canada. Nous présentons la perspective de représentants des Innus de Pessamit concernant le CLPE en contexte forestier québécois. À travers une série d’entretiens réalisés en 2016 et 2017, nous documentons la manière dont s’expriment les dynamiques de consentement dans les mécanismes de participation à la gouvernance des forêts. Nos résultats montrent différents niveaux d’engagement communautaire selon qu’il s’agisse de consultations prévues au régime forestier québécois, d’ententes administratives convenues avec l’industrie ou de la certification forestière. Au moment de la réalisation de nos travaux, la participation des Pessamiulnuat aux consultations forestières s’appuyait sur une politique de collaboration avec l’industrie et le gouvernement, mais les options sont rapidement apparues relativement limitées en ce qui concerne la mise en oeuvre du CLPE. Les gens de Pessamit sont toutefois engagés dans la réappropriation de la gouvernance du Nitassinan qui s’inscrit dans la mouvance de l’affirmation de leur droit à l’autodétermination.
EN :
The principle of free, prior and informed consent (FPIC), as enshrined in the United Nations Declaration on the Rights of Indigenous Peoples (2007), is far from applied in Canada. We present the perspectives of representatives from the Innu of Pessamit regarding FPIC in the forestry context in Quebec. Through a series of interviews carried out in 2016 and 2017, we document the ways in which dynamics around consent are expressed in participatory mechanisms within forestry governance. Our results show different levels of community engagement, whether through consultations within Quebec’s forestry regime, administrative agreements with industry or forestry certification. At the time of the research, the participation of the Innu of Pessamit in forestry consultations was based around collaboration with industry and government, but options for the implementation of FPIC were relatively limited. The Innu of Pessamit are nonetheless engaged in the reappropriation of governance on Nitassinan, which is part of a movement towards the affirmation of their rights to self-determination.
ES :
El principio del consentimiento libre, previo e informado (CLPI), consagrado en la Declaración de las Naciones Unidas sobre los Derechos de los Pueblos Indígenas (2007), ha tardado en aplicarse en Canadá. Presentamos la perspectiva de representantes Innu de Pessamit sobre el CLPI en el contexto forestal de Quebec. A través de una serie de entrevistas realizadas durante 2016 y 2017, documentamos cómo se expresa la dinámica del consentimiento en los mecanismos de participación en la gestión forestal. Nuestros resultados muestran diferentes niveles de participación de la comunidad, dependiendo de si se trata de consultas previstas en el régimen forestal de Quebec, de acuerdos administrativos alcanzados con la industria o de certificación forestal. En el momento de realizar nuestro trabajo, la participación Pessamiulnuat en las consultas forestales se basaba en una política de colaboración con la industria y la administración, pero las opciones pronto se vieron relativamente limitadas con respecto a la aplicación del CLPI. No obstante, los habitantes de Pessamit se han comprometido a recuperar la administración de Nitassinan, en consonancia con la afirmación de su derecho a la autodeterminación.
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E nutshemiu itenitakuat, pour la conservation et l’aménagement du patrimoine naturel dans le Nitassinan des Innus de Pessamit : étude de cas du Natau-assi d’un groupe familial
Patrice Bellefleur, Éric Kanapé, Louis Bélanger et Jean-Michel Beaudoin
p. 21–33
RésuméFR :
Le territoire représente une richesse considérable pour les communautés autochtones à travers le Canada. La Première Nation des Innus de Pessamit est en voie d’élaborer son système de gouvernance de son Nitassinan (le territoire traditionnel) et de développer des stratégies de conservation et d’aménagement culturellement appropriées. Ses démarches ont conduit à l’émergence d’un concept clé dans la gouvernance du territoire forestier, soit E nutshemiu itenitakuat (l’ambiance du territoire forestier). Ce concept permet d’identifier les composantes forestières essentielles au maintien de l’Innu aitun (le mode de vie et la culture innue). Cet article documente ce concept en se basant sur une étude de cas spécifique à une famille de la communauté qui occupe et utilise son Natau-assi (le territoire de chasse et de piégeage familial) sur le Nitassinan de Pessamit. Les résultats indiquent que l’Innu aitun est associé à des espaces géographiques sur le Natau-assi : 1) la zone de Kauitshinanut (l’aire de campement et d’établissement), 2) la zone de Nutshemiu-aueshish (le territoire d’intérêt faunique), 3) la zone de Nashipetimit mak Massekuat (les milieux riverains et humides), 4) le réseau Natau-kapatakan (le réseau de sentiers et de chemins), 5) les sites de Kanametat (les sites patrimoniaux).
EN :
The land represents a major source of wealth for Indigenous communities across Canada. The Innu First Nation of Pessamit is working to develop its system of governance for the Nitassinan (traditional territory) and develop culturally appropriate forest conservation and management strategies. Pessamit’s efforts led to the emergence of a key concept for forest management, namely E nutshemiu itenitakuat (i.e. the distinctive environment of the forest land). This concept allows for the identification of the essential forest components to maintain Innu aitun (the Innu way of life and culture). This article documents this concept, based on a case study with a family of Pessamit who occupy and use their Natau-assi (family hunting and trapping territory) on the Nitassinan. The results indicate that Innu aitun is associated with geographic areas in the Natau-assi: 1) Kauitshinanut area (camp and settlement area), 2) Nutshemiu-aueshish area (wildlife area), 3) Nashipetimit mak Massekuat zone (riparian and wetlands), 4) Natau-kapatakan network (network of trails and paths), 5) Kanametat sites (heritage sites).
ES :
El territorio representa una riqueza considerable para las comunidades indígenas de Canadá. La Primera Nación Innu de Pessamit se encuentra elaborando un sistema de administración de su Nitassinan (territorio tradicional) y desarrollando estrategias de conservación y gestión culturalmente adecuadas. Sus esfuerzos han dado lugar a la aparición de un concepto clave en la gobernanza del territorio forestal: E nutshemiu itenitakuat (el ambiente del territorio forestal). Este concepto permite identificar los componentes forestales esenciales para mantener el aitun innu (el modo de vida y la cultura Innu). Este artículo documenta este concepto a partir de un estudio de caso de una familia de la comunidad que ocupa y utiliza su Natau-assi (el terreno familiar de caza y captura) en el Nitassinan de Pessamit. Los resultados indican que el aitun innu está asociado a zonas geográficas del Natau-assi: 1) la zona Kauitshinanut (el área de campamento y asentamiento), 2) la zona Nutshemiu-aueshish (el territorio de interés faunístico), 3) la zona Nashipetimit mak Massekuat (los entornos ribereños y de humedales), 4) la red Natau-kapatakan (la red de senderos y caminos), 5) los sitios Kanametat (los sitios patrimoniales).
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Approcher les réclamations des territoires ancestraux à travers la fluidité : le cas d’Apitipik, Abitibi Sakaikan
Trycia Bazinet
p. 35–51
RésuméFR :
Cet article examine les pratiques contemporaines de réclamation en lien avec la pointe Apitipik sur le lac Abitibi, située sur Abitibiwinni Aki, territoire Anicinape non cédé. Basé sur une approche ethnographique alliant les résultats de mes entrevues formelles de doctorat et mes constats des dernières années passées sur le territoire avec des Autochtones et Non-Autochtones locaux, je propose que, contrairement à l’idée largement répandue selon laquelle le site historique du lac Abitibi serait abandonné, la relation avec le site soit activement maintenue par les Anicinapek, quoique de manière inattendue ou parfois invisible dans une vision dominante du monde. Même s’il peut paraître autrement à l’oeil nu, un territoire ancestral ne peut être abandonné. L’abandon et la réclamation autochtone du territoire dans le cas du lac Abitibi sont repensés avec l’eau. La méthodologie de « penser avec l’eau » nous permet de prendre en considération la présence et les formes de ces pratiques de réclamation informelle. Ces réclamations, que je qualifie de « fluides », diffèrent du paradigme moderne de mise en valeur des sites historiques, qui s’appuie parfois sur l’extension des logiques de propriété privée et qui, en contexte colonial, favorise des valeurs culturelles et institutionnelles de la société dominante. Je propose de démontrer comment les pratiques de réclamation courantes des Abitibiwinnik, au lieu d’être assurément tangibles et solides, sont fluides, flexibles et donc irrégulièrement valides selon des normes entourant la conservation du patrimoine, mais surtout aux yeux des gens locaux.
EN :
This article examines contemporary reclamation practices related to Apitipik, Lake Abitibi, which is located on Abitibiwinni Aki, unceded Anicinape territory. Based on ethnographic research combining the results of my doctoral interviews and my observations of recent years spent on this territory, I propose that, contrary to the widely held idea that cast the historic site of Lake Abitibi as abandoned, the relationship with the site is actively maintained by the Anicinapek, although in unexpected or sometimes invisible ways to the dominant worldview. Even if it may appear otherwise to an onlooker, an ancestral territory cannot be abandoned. The assumption of abandonment and what counts as Indigenous land and water reclamation in this place are rethought with water. The “thinking with water” methodology allows to take into consideration the presence and forms of informal reclamation practices. These reclamations, which I describe as “fluid”, differ from the modern paradigm through which historic sites are supposed to be valued. The modern paradigm to understand and value historic sites is sometimes based on the extension of the logic of private property, and in a colonial context, favours the cultural and institutional values of the dominant society. I propose to demonstrate how the current reclamation practices of the Abitibiwinnik, instead of being tangible and solid, are fluid, flexible and therefore variably valid in the eyes of established standards surrounding heritage conservation and, in the eyes, and minds of non-Indigenous locals living near the lake.
ES :
Este artículo examina las prácticas contemporáneas de recuperación de tierras en relación con Apitipik, en el lago Abitibi, situado en Abitibiwinni Aki, territorio Anicinape no cedido. Basándome en un enfoque etnográfico que combina los resultados de mis entrevistas formales de doctorado y mis constataciones de los últimos años vividos en el territorio con indígenas y no indígenas locales, propongo que, contrariamente a la creencia generalizada de que el lugar histórico del lago Abitibi ha sido abandonado, la relación con el lugar es mantenida activamente por los Anicinapek, aunque de formas inesperadas o a veces invisibles en una visión dominante del mundo. Aunque pueda parecer lo contrario a simple vista, un territorio ancestral no puede abandonarse. En el caso del lago Abitibi, el abandono y la recuperación indígena del territorio se replantean con el agua. La metodología de «pensar con el agua» permite considerar la presencia y las formas de estas prácticas informales de reclamación. Estas reivindicaciones, que califico de «fluidas», difieren del paradigma moderno de puesta en valor de sitios históricos, que a veces se basa en la extensión de lógicas de propiedad privada y que, en un contexto colonial, favorece los valores culturales e institucionales de la sociedad dominante. Me propongo mostrar cómo las prácticas actuales de recuperación del Abitibiwinnik, ciertamente tangibles y sólidas, son también, a los ojos de la población local, fluidas, flexibles y, por lo tanto, irregularmente válidas según las normas que rigen la conservación del patrimonio.
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« La porte où ils vont passer » : paysages industriels et persistance des patrimoines intangibles autochtones
Caroline Desbiens et Thomas Siméon
p. 53–62
RésuméFR :
Cet article explore les défis et les opportunités pour maintenir, revitaliser et valoriser le patrimoine culturel autochtone dans les paysages industrialisés, en particulier les voies fluviales transformées par le développement hydroélectrique. L’analyse est basée sur des recherches collaboratives avec les Pekuakamiulnuatsh (Mashteuiatsh, Québec). Malgré les inondations, détournements, relocalisations et pertes d’accès à divers sites d’importance culturelle et spirituelle sur la rivière Péribonka, beaucoup de membres de la communauté conservent un sens aigu de la nature de leur patrimoine dans ces environnements transformés et veulent maintenir sa transmission. C’est parce qu’à la base, une grande part de ce patrimoine est intangible que la transformation des lieux ne les soustrait pas de la vision territoriale des porteurs de cultures. En nous concentrant sur le lieu-dit Katimaweshu, nous analyserons l’importance de développer des mécanismes de reconnaissance et protection des lieux patrimoniaux autochtones qui soient à la fois alignés sur les cadre internationaux (notamment celui de l’UNESCO), tout en reflétant l’ontologie des utilisateurs du territoire. La capacité des Peuples autochtones à promouvoir et protéger leur patrimoine est modulée non seulement par le passé colonial mais aussi par les pressions liées au développement industriel qui se poursuit sur leurs territoires. Cet article postule que la part intangible des patrimoines autochtones représente une opportunité pour leur revitalisation dans les environnements transformés. Finalement, il propose des avenues pour mieux définir et encadrer la mise en valeur, de même que la transmission, de ce type d’héritage – en particulier dans les lieux où cet héritage n’est plus, selon les observateurs externes, alors qu’il perdure pourtant dans la mémoire intergénérationnelle.
EN :
This article explores the challenges and opportunities for maintaining and revitalizing Indigenous cultural heritage in industrialized landscapes, in particular the waterways transformed by hydropower development. The analysis is based on collaborative research with the Pekuakamiulnuatsh (Mashteuiatsh, Quebec). Despite floods, diversions, relocations and loss of access to various sites of cultural and spiritual importance on the Péribonka River, many community members retain a keen sense of the nature of their heritage in these transformed environments and want to maintain its transmission. It is because a large part of this heritage is intangible that the transformation of cultural sites does not remove them from the territorial vision of the bearers of cultures. By focusing on local knowledge about the “Katimaweshu”, we will analyze the importance of developing mechanisms for the recognition and protection of Indigenous heritage places that are both aligned with international frameworks (in particular that of UNESCO), while reflecting the ontology of land users. The capacity of Indigenous peoples to promote and protect their heritage is modulated not only by the colonial past but also by the pressures linked to the industrial development which continues in their territories. This article postulates that the intangible aspects of Indigenous heritage represent an opportunity for its revitalization in transformed environments. Finally, it suggests avenues to better define and frame the revitalization, as well as the transmission of this type of heritage – particularly in places where this heritage no longer exists, according to external observers, while it endures in intergenerational memory.
ES :
En este artículo se analizan los desafíos y las oportunidades que plantea el mantenimiento, la revitalización y la valorización del patrimonio cultural indígena en paisajes industrializados, en particular las vías fluviales transformadas por el desarrollo hidroeléctrico. El análisis se basa en una investigación realizada en colaboración con los Pekuakamiulnuatsh (Mashteuiatsh, Quebec). A pesar de las inundaciones, las desviaciones, los traslados y la pérdida de acceso a diversos lugares de importancia cultural y espiritual del río Péribonka, muchos miembros de la comunidad conservan un fuerte sentido de la naturaleza de su patrimonio en estos entornos transformados y desean mantener su transmisión. Dado que gran parte de este patrimonio es intangible, la transformación de los lugares no los elimina de la visión territorial de los portadores de la cultura. Centrándonos en el sitio de Katimaweshu, analizaremos la importancia de desarrollar mecanismos de reconocimiento y protección de los sitios del patrimonio indígena que estén a la vez en consonancia con los marcos internacionales (especialmente el de la UNESCO) y reflejen la ontología de los usuarios del territorio. La capacidad de los pueblos indígenas para promover y proteger su patrimonio está modulada no sólo por el pasado colonial, sino también por las presiones del actual desarrollo industrial en sus territorios. Este artículo sostiene que la parte intangible del patrimonio indígena representa una oportunidad para su revitalización en entornos transformados. Por último, sugiere formas de definir y enmarcar la valorización y transmisión de este tipo de patrimonio, sobre todo en lugares donde, según observadores externos, este patrimonio ya no existe, aunque persista en la memoria intergeneracional.
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Autochtones et patrimoine au Canada : principes coloniaux, conflits ontologiques et gouvernance patrimoniale
Paul Wattez
p. 63–73
RésuméFR :
Cet article présente trois aspects fondamentaux des relations historiques et contemporaines au Canada entre les Autochtones et le patrimoine, c’est-à-dire du processus de patrimonialisation des cultures autochtones. Le premier est la perpétuation de la politique coloniale dans le domaine patrimonial avec le principe de « protection ». Le deuxième est la confirmation du principe de « préservation » comme principal obstacle ontologique à l’appréhension et à la compréhension de ce que peut être le patrimoine du point de vue autochtone. Le troisième est l’affirmation par les Autochtones de la gouvernance patrimoniale comme outil d’autonomie en la matière et d’autodétermination politique plus largement. Ces caractéristiques permettent de mieux saisir la complexité avec laquelle les Autochtones font en matière d’affaires culturelles pour poursuivre leurs manières de faire et d’être au monde dans les institutions culturelles, muséales notamment, et sur leurs territoires ancestraux
EN :
This article presents three fundamental aspects of the historical and contemporary relationships in Canada between the Indigenous Peoples and their heritage, meaning the process of heritagization of Indigenous cultures. The first is the perpetuation of colonial policy in the heritage field with the principle of ‘protection’. The second is the confirmation of the principle of ‘preservation’ as the main ontological obstacle to the understanding of what heritage can be from an Indigenous point of view. The third is the affirmation by the Indigenous peoples of heritage governance as a tool of autonomy in this area, and of political self-determination more broadly. These characteristics help us to better grasp the complexity with which Indigenous Peoples deal with cultural affairs to pursue their ways of doing and being in the world in cultural institutions, particularly museums, and on their ancestral territories.
ES :
Este artículo presenta tres aspectos fundamentales de la relación histórica y contemporánea en Canadá entre los pueblos indígenas y el patrimonio, es decir, el proceso de patrimonialización de las culturas indígenas. El primero es la perpetuación de la política colonial en el ámbito del patrimonio con el principio de «protección». El segundo es la confirmación del principio de «preservación» como principal obstáculo ontológico para entender lo que puede ser el patrimonio desde el punto de vista indígena. La tercera es la afirmación por parte de los pueblos indígenas de la gobernanza del patrimonio como instrumento de autonomía en este ámbito y, más ampliamente, de autodeterminación política. Estas características nos permiten comprender mejor la complejidad con la que los pueblos indígenas tratan los asuntos culturales con el fin de continuar con sus formas de hacer y estar en el mundo en las instituciones culturales, en particular los museos, y en sus territorios ancestrales.
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La mise en récit des paysages comme outil de résistance et de décolonisation : le cas de la rivière Nastapoka (Nunavik)
Arielle Frenette
p. 75–84
RésuméFR :
Le processus de création du Parc national Tursujuq (Nunavik) a été initié par le gouvernement québécois en 1992, mais les populations locales eeyouch et inuit n’ont participé directement qu’à partir de 2006. À cette époque, un plan d’aménagement relativement élaboré était déjà déterminé pour le secteur ; l’étude des consultations publiques révèle un sentiment d’impuissance face à ces projets approuvés d’avance par les ministères, malgré la constitution d’un comité local d’harmonisation impliquant des membres de la communauté. C’est du moins ce que laisse croire le cas de la rivière Nastapoka, réservée pour un développement hydroélectrique dès 2002, et apparemment indiscutablement exclue des limites du parc malgré les demandes unanimes de la population pour la protéger. Cet article vise dans un premier temps à mieux comprendre le sentiment d’impuissance vécu par les populations locales, dû à l’inefficacité du processus démocratique de consultation citoyenne de même qu’à la position coloniale du gouvernement québécois par rapport aux peuples autochtones, une position renforcée par le rôle symbolique de l’hydroélectricité dans la définition de l’identité nationale. Dans un second temps, une analyse des discours liés à la rivière Nastapoka permettra de comprendre comment la mise en récit du paysage peuvent permettre aux populations autochtones de (re)prendre le contrôle de l’histoire et de la signification symbolique de celui-ci, donc d’en influencer l’aménagement.
EN :
The planning for Tursujuq National Park (Nunavik) was initiated by the Quebec government in 1992, but local Eeyou and Inuit communities were not directly involved until 2006. At that time, a relatively elaborate development plan had already been determined for the area. The study of public consultations reveals a feeling of powerlessness in the face of these projects, approved in advance by the government despite the creation of a local harmonization committee involving community members. This was the case with the Nastapoka River, designated for hydroelectric development as early as 2002, and apparently indisputably excluded from the park’s boundaries despite the population’s unanimous demands for its conservation. This article first aims to better understand the feeling of powerlessness experienced by local populations due to the perceived ineffectiveness of democratic processes and public consultations, as well as to the colonial position of the Quebec government in relation to Indigenous Peoples, a position reinforced by the symbolic role of hydroelectricity in the definition of a national identity. The second part of the paper analyzes discourses related to the Nastapoka River in order to understand how landscape storytelling can allow Indigenous populations to (re)take control of a landscapes’ history and symbolic meaning, and thus to influence its management.
ES :
El proceso de creación del Parque Nacional de Tursujuq (Nunavik) fue iniciado por el gobierno de Quebec en 1992, pero las poblaciones locales Eeyouch e Inuit no participaron directamente hasta 2006. En ese momento, ya se había determinado un plan de desarrollo para la zona relativamente elaborado; el estudio de las consultas públicas revela un sentimiento de impotencia ante estos proyectos aprobados de antemano por los ministerios, a pesar de la creación de un comité local de armonización en el que participan miembros de la comunidad. Esto es al menos lo que sugiere el caso del río Nastapoka, reservado para el desarrollo hidroeléctrico desde 2002, y aparentemente excluido de forma indiscutible de los límites del parque a pesar de las reivindicaciones unánimes de la población para protegerlo. El primer objetivo de este artículo es comprender mejor el sentimiento de impotencia experimentado por las poblaciones locales, debido a la ineficacia del proceso democrático de consulta ciudadana y a la posición colonial del gobierno de Quebec en relación con los pueblos indígenas, posición reforzada por el papel simbólico de la hidroelectricidad en la definición de la identidad nacional. En segundo lugar, el análisis de los discursos asociados al río Nastapoka nos ayuda a comprender cómo la narración del paisaje puede permitir a los pueblos indígenas (re)tomar el control de su historia y su significado simbólico, y así influir en su desarrollo.
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Le don du caribou et l’appel du teuehikan : repenser des patrimoines autochtones à la lumière des dimensions familiales et relationnelles établies avec les non-humains
Carole Delamour et Thomas Siméon
p. 85–96
RésuméFR :
Les patrimoines autochtones sont principalement conçus, au sein des pratiques et des politiques muséales, en termes collectifs et communautaires. Cette conception n’est cependant pas représentative de biens traditionnellement utilisés dans le cadre d’un mode de vie semi-nomade et familial, comme c’est le cas pour un grand nombre des Premières Nations du Québec. Pour illustrer l’importance de considérer les dimensions familiales et territoriales des patrimoines autochtones, cet article prend appui sur un récit conté par Thomas Siméon, artiste ilnu de la Première Nation des Pekuakamiulnuatsh, à propos d’une saison de trappe menée au printemps 1980 avec son père (Gérard Siméon) et son épouse (Louise Siméon) sur leur territoire de chasse ancestral, les secteurs des rivières Péribonka et Manouane. Leur séjour a donné lieu à une rencontre avec atuk ͧ, un caribou, et fut le point de départ de la confection d’un teuehikan (tambour ilnu), finalisé vingt ans plus tard. Le thème central de cet article vise à analyser la nécessité de repenser la définition des patrimoines autochtones afin d’affiner notre compréhension de leur diversité territoriale et familiale. L’article abordera également le processus à travers lequel le patrimoine territorial et familial peut être utilisé comme vecteur de mieux-être, mais également évidemment comme un espace de transmission. Enfin, en précisant une conception ilnu du droit relationnel relatif aux êtres non-humains, l’article analysera la manière dont le patrimoine est ancré dans la continuité culturelle et l’expression de relations ancestrales.
EN :
Indigenous heritage is mainly conceived, within museum practices and policies, in collective and community terms. However, this conception is not representative of heritage traditionally used in the context of a semi-nomadic and familial lifestyle, as it is the case for many of the First Nations of Quebec. To illustrate the importance of considering the familial and territorial dimensions of Indigenous heritage, this article uses a story told by Thomas Siméon, an Ilnu artist from the Pekuakamiulnuatsh First Nation, about a trapping season in the spring of 1980 with his father (Gérard Siméon) and his wife (Louise Siméon) on their ancestral hunting territory, on sectors of the Peribonka and Manouane Rivers. Their sojourn resulted in an encounter with atuk ͧ, a caribou, and was the starting point for the making of a teuehikan (Ilnu drum), finalized twenty years later. The central theme of this article analyzes the need to rethink the definition of Indigenous heritage in order to refine our understanding of their territorial and familial diversity. The article also addresses the process through which territorial and family heritage can be used as a vector of well-being, but also obviously as a space of transmission. Finally, by specifying an Ilnu conception of relational law relating to non-human beings, the article analyzes the way in which heritage is anchored in cultural continuity and the expression of ancestral relationships.
ES :
Dentro de las prácticas y políticas museísticas, el patrimonio indígena se concibe principalmente en términos colectivos y comunitarios. Sin embargo, este concepto no es representativo de los bienes utilizados tradicionalmente como parte de un estilo de vida seminómada y familiar, como es el caso de muchas de las Primeras Naciones de Quebec. Para ilustrar la importancia de tener en cuenta las dimensiones familiar y territorial del patrimonio indígena, este artículo se basa en una historia contada por Thomas Siméon, artista Ilnu de la Primera Nación Pekuakamiulnuatsh, sobre una temporada de caza con trampas en la primavera de 1980 con su padre (Gérard Siméon) y su mujer (Louise Siméon) en las zonas de los ríos Péribonka y Manouane, su territorio ancestral de caza. Su estadía dio lugar a un encuentro con atuk ͧ, un caribú, y fue el punto de partida para la confección de un teuehikan (tambor ilnu), finalizado veinte años más tarde. El tema central de este artículo pretende analizar la necesidad de replantearse la definición de patrimonio indígena para afinar nuestra comprensión de su diversidad territorial y familiar. El artículo también examinará el proceso por el que el patrimonio territorial y familiar puede utilizarse como vector de bienestar, pero también, obviamente, como espacio de transmisión. Por último, al precisar una concepción ilnu del derecho relacional relativo a los seres no-humanos, el artículo analizará el modo en que el patrimonio se ancla en la continuidad cultural y en la expresión de las relaciones ancestrales.
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Gardiens et gardiennes de la terre : de la conservation à la conversation : entrevue avec Valérie Courtois, Ilnu de la communauté de Mashteuiatsh et directrice de l’Initiative de leadership autochtone
Justine Gagnon et Valérie Courtois
p. 97–103
RésuméFR :
Si la responsabilité culturelle des peuples autochtones envers leurs territoires est millénaire, elle s’incarne aujourd’hui dans la mise en oeuvre d’aires protégées et de conservation autochtones, portées par ceux et celles qui en sont les gardiens et gardiennes. Véritables tremplins vers un contrôle accru du territoire et de son aménagement, ces initiatives se présentent comme des avenues particulièrement prometteuses pour envisager la protection et la transmission d’un patrimoine qui se définit essentiellement comme une manière de vivre et d’être en relation avec le monde. Afin de mieux saisir cette mouvance et l’esprit qui lui est sous-jacent, l’entrevue qui suit a été réalisée auprès de Valérie Courtois, Ilnu de Mashteuiatsh et aujourd’hui directrice de l’Initiative de leadership autochtone. Mettant en lumière son propre cheminement comme femme innue dans le domaine de la foresterie, de la planification territoriale et de la conservation environnementale, ses propos jettent un éclairage nouveau sur le rôle fondamental des savoirs autochtones dans la lutte aux changements climatiques et la protection de la biodiversité.
EN :
While the cultural responsibility of Indigenous Peoples towards their territories dates back thousands of years, it is now embodied in the implementation of Indigenous protected and conservation areas, led by the men and women who are their stewards. As stepping stones towards greater control over the territory and its development, these initiatives offer particularly promising avenues for the protection and transmission of a heritage that is essentially defined as a way of living and relating to the world. To better grasp this trend and the spirit behind it, the following interview was conducted with Valérie Courtois, Ilnu from Mashteuiatsh and now director of the Indigenous Leadership Initiative. Highlighting her own journey as an Ilnu woman in forestry, territorial planning and environmental conservation, her words shed new light on the fundamental role of Indigenous knowledge in the fight against climate change and the protection of biodiversity.
ES :
Si bien la responsabilidad cultural de los pueblos indígenas hacia sus territorios se remonta a miles de años atrás, en la actualidad ésta se encarna en la puesta en marcha de áreas indígenas protegidas y de conservación, dirigidas por los hombres y mujeres que las custodian. Estas iniciativas son verdaderos trampolines para un mayor control sobre la tierra y su desarrollo, y ofrecen vías especialmente prometedoras para la protección y transmisión de un patrimonio que se define esencialmente como una forma de vivir y de estar en relación con el mundo. Para comprender mejor esta tendencia y el espíritu que la anima, se realizó la siguiente entrevista a Valérie Courtois, Ilnu de Mashteuiatsh y actual directora de la Initiative de leadership autochtone (Iniciativa de Liderazgo Indígena). Destacando su propia trayectoria como mujer Innu en el ámbito de la silvicultura, la planificación del territorio y la conservación del medio ambiente, sus palabras arrojan nueva luz sobre el papel fundamental de los conocimientos indígenas en la lucha contra el cambio climático y la protección de la biodiversidad.
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La gouvernance en recherche autochtone : « Pour y arriver, tu dois d’abord désapprendre ce que tu sais et ensuite m’écouter »
Élisabeth Kaine et Denise Lavoie
p. 105–113
RésuméFR :
Dans une volonté de décolonisation de la recherche, la chaire UNESCO en transmission culturelle chez les Premiers Peuples comme dynamique de mieux-être et d’empowerment a conçu un modèle de gestion collaborative de la recherche universitaire par et pour les Autochtones, ce qui sous-tend la reconnaissance de leurs systèmes de connaissances, de leurs compétences, de leur crédibilité au regard de leurs savoirs, de même que de leur capacité de gérer la recherche. Nous proposons au lecteur de suivre les étapes adoptées par une équipe interdisciplinaire de chercheurs communautaires autochtones et de chercheurs universitaires, une démarche globale de collaboration touchant toutes les étapes du développement de la chaire de manière à favoriser l’innovation et l’empowerment, essentiels à la décolonisation. L’outil privilégié pour l’atteinte de ces objectifs fut la concertation qui aura permis de coconstruire un système de gouvernance basé d’abord sur la qualité de la relation en surmontant plusieurs obstacles, notamment la méfiance envers la recherche universitaire.
EN :
In a desire to decolonize research, the UNESCO Chair in cultural transmission among First Peoples, as a dynamic of well-being and empowerment, has designed a collaborative governance model for university research by and for Aboriginal people, which is based in the recognition of their knowledge systems, their skills, their credibility with regard to their knowledge, as well as their ability to manage research. We invite the reader to follow the steps adopted by an interdisciplinary team of Indigenous community and university researchers, a global collaborative approach affecting all stages of the development of the Chair in order to promote innovation and empowerment, essential to decolonization. The preferred tool for achieving these objectives was active and engaged consultation, which made it possible to co-construct a system of governance based first and foremost on the quality of the relationship by overcoming several obstacles, in particular, mistrust toward university research.
ES :
Con el objetivo de descolonizar la investigación, la Cátedra UNESCO de Transmisión de la Cultura de los Pueblos Originarios para el Bienestar y la Autonomía ha diseñado un modelo de gestión colaborativa de la investigación universitaria por y para los indígenas, sustentado en el reconocimiento de sus sistemas de conocimiento, sus competencias, su credibilidad respecto a sus conocimientos y su capacidad para gestionar la investigación. Invitamos al lector a seguir los pasos adoptados por un equipo interdisciplinar de investigadores comunitarios indígenas e investigadores universitarios, un enfoque de colaboración integral que abarca todas las etapas del desarrollo de la Cátedra, con el fin de fomentar la innovación y la capacitación, esenciales para la descolonización. La herramienta privilegiada para alcanzar estos objetivos fue la consulta, que permitió co-construir un sistema de gobernanza basado ante todo en la calidad de la relación, superando una serie de obstáculos, en particular la desconfianza hacia la investigación universitaria.
Hors thème
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L’autochtonie des primo-arrivants du Nord-Cameroun à travers le prisme des critères objectifs et subjectifs de l’OIT
Richard Atimniraye et Alawadi Zelao
p. 115–124
RésuméFR :
En Afrique, les peuples autochtones sont confrontés à de nombreux défis, allant de la marginalisation et de la non-reconnaissance par les gouvernements et les autres groupes ethniques à la pauvreté et à l’analphabétisme. Depuis 1992, certaines populations autochtones d’Afrique sont entrées dans l’arène internationale pour lutter pour leur reconnaissance, leurs terres, leurs langues et leurs cultures. Au Cameroun, où seuls les chasseurs-cueilleurs Baka, Bakola et Bagieli et les nomades Mbororos sont considérés par l’État comme « peuples autochtones », le chemin est encore long. Il est surtout long pour les groupes ethniques qui ont connu tour à tour les conquêtes islamo-peules, les colonisations allemande et française et la marginalisation dans l’État postcolonial. Cette étude examine l’autochtonie des primo-arrivants au Nord-Cameroun à la lumière des conditions de reconnaissance de l’identité autochtone établies par la Convention no 169 de l’OIT. Notre analyse des réalités historiques et contemporaines des peuples du Nord-Cameroun révèle que les critères objectifs et subjectifs d’autochtonie de l’OIT s’observent chez plusieurs d’entre eux. Par conséquent, il est grand temps que l’État du Cameroun et la communauté internationale élargissent leur spectre de reconnaissance des peuples autochtones pour inclure des primo-arrivants qui formulent de façon endogène ce voeu. Au demeurant, à cause de la polémique houleuse qui entoure les débats sur la reconnaissance de l’autochtonie, l’auto-identification se présente comme l’option la moins contradictoire.
EN :
Indigenous peoples in Africa face many challenges ranging from marginalization and non-recognition by governments and other ethnic groups to poverty and illiteracy. Since 1992, some of Africa’s Indigenous Peoples have entered the international arena to fight for their recognition, lands, languages, and cultures. In Cameroon, where the state considers only the Baka, Bakola and Bagieli hunter-gatherers and the Mbororo nomads as “Indigenous Peoples”, the road is still long. It is especially long for ethnic groups that have experienced, in turn, the Islamo-speaking conquests, the German and French colonization, and marginalization in the post-colonial state. This study examines the indigeneity of newcomers to North Cameroon in light of the conditions for recognition of Indigenous identity established by ILO Convention 169. Our analysis of the historical and contemporary realities of the peoples of North Cameroon reveals that the ILO’s objective and subjective criteria of indigeneity are observed in many of them. Therefore, it is high time that the State of Cameroon and the international community broaden their spectrum of recognition of Indigenous Peoples to include newcomers who endogenously express this wish. Moreover, because of the heated controversy surrounding the debates on the recognition of indigeneity, self-identification is the least contradictory option.
ES :
Los pueblos indígenas de África se enfrentan a muchos retos, desde la marginación y el no reconocimiento por parte de los gobiernos y otros grupos étnicos, hasta la pobreza y el analfabetismo. Desde 1992, algunos pueblos indígenas de África han entrado en la escena internacional para luchar por su reconocimiento, sus tierras, sus lenguas y sus culturas. En Camerún, donde sólo los cazadores-recolectores Baka, Bakola y Bagieli y los nómadas Mbororos son considerados «pueblos indígenas» por el Estado, aún queda mucho camino por recorrer. Es un camino especialmente largo para los grupos étnicos que han experimentado sucesivamente las conquistas islamo-peuls, las colonizaciones alemana y francesa y la marginación en el Estado poscolonial. Este estudio examina el carácter indígena de los recién llegados al norte de Camerún a la luz de las condiciones de reconocimiento de la identidad indígena establecidas por el Convenio 169 de la OIT. Nuestro análisis de las realidades históricas y contemporáneas de los pueblos del Norte de Camerún revela que los criterios objetivos y subjetivos de indigenismo de la OIT están presentes en muchos de ellos. Por consiguiente, ya es hora de que el Estado de Camerún y la comunidad internacional amplíen su reconocimiento de los pueblos indígenas para incluir a los recién llegados que expresan esta voluntad de forma endógena. Además, dada la acalorada controversia que rodea los debates sobre el reconocimiento de la condición de indígena, la autoidentificación parece ser la opción menos contradictoria.
Note de recherche
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Mirowatisiwin : vers le mieux-être à Manawan : une recherche-action au service du Principe de Joyce
Emmanuelle Bernheim et Eva Ottawa
p. 125–132
RésuméFR :
La psychiatrie est un puissant outil de gouvernance coloniale, proposant une vision hégémonique de la société et possédant des pouvoirs exceptionnels tels que l’hospitalisation involontaire. Les recherches menées ailleurs démontrent que les membres des Premières Nations sont surreprésentés parmi les personnes internées en psychiatrie. Aucune recherche québécoise ou canadienne n’a été menée sur le sujet ; des constats alarmants ont cependant été posés dans la communauté de Manawan. En partenariat avec les Services de santé Masko Siwin, le Conseil des Atikamekw de Manawan et la Commission de la santé et des services sociaux des Premières Nations du Québec et du Labrador, l’équipe de recherche a développé un projet en deux volets. Le premier vise à documenter les pratiques d’hospitalisation involontaire et leurs effets sur les membres de la communauté de Manawan. Le second vise à soutenir le développement de services Mirowatisiwin par et pour la communauté et à en documenter les impacts.
EN :
Psychiatry is a powerful tool of colonial governance, offering a hegemonic vision of society and possessing exceptional powers such as commitment. Research conducted elsewhere shows that First Nations members are over-represented among people involuntarily admitted to psychiatric facilities. No Quebec or Canadian research has been conducted on the subject; however, alarming findings have been made in the community of Manawan. In partnership with the Masko Siwin Health Services, the Conseil des Atikamekw de Manawan and the First Nations of Quebec and Labrador Health and Social Services Commission, the research team developed a two-part project. The first one aims at documenting the psychiatric internment practices and their effects on the members of the Manawan community. The second aims to support the development of Mirowatisiwin services by and for the community and to document their impact.
ES :
La psiquiatría es una poderosa herramienta de gobierno colonial, que ofrece una visión hegemónica de la sociedad y posee poderes excepcionales como la hospitalización involuntaria. Las investigaciones realizadas en otros lugares demuestran que las personas de las Primeras Naciones están sobrerrepresentadas entre los pacientes psiquiátricos hospitalizados. Ni en Quebec ni en Canadá se han realizado investigaciones sobre este tema, pero en la comunidad de Manawan se han hecho hallazgos alarmantes. En colaboración con los Servicios de Salud Masko Siwin, el Consejo Atikamekw de Manawan y la Comisión de Salud y Servicios Sociales de las Primeras Naciones de Quebec y Labrador, el equipo de investigación ha desarrollado un proyecto en dos partes. El primero pretende documentar las prácticas de hospitalización involuntaria y sus efectos en los miembros de la comunidad Manawan. El segundo busca apoyar el desarrollo de servicios Mirowatisiwin por y para la comunidad y documentar así su impacto.
Comptes rendus
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Contemporary Indigenous: Cosmologies and Pragmatics, Françoise Dussart et Sylvie Poirier, dir. Edmonton, University of Alberta Press, 2022, 345 p.
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La Mohawk Warrior Society : manuel de souveraineté autochtone. Oeuvres choisies de Louis Karoniaktajeh Hall, Philippe Blouin, Matt Peterson, Malek Rasamny et Kahentinetha Rotiskarewake, dir. Montréal, Éditions de la rue Dorion, 2022, 464 p.
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Eatenonha : racines autochtones de la démocratie moderne, Georges E. Sioui. Presses de l’Université Laval, Québec, 2020, 202 pages
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Doodem and Council Fire: Anishinaabe Governance through Alliance, Heidi Bohaker. Toronto, University of Toronto Press, 2020, 304 p.
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Seen but Not Seen: Influential Canadians and the First Nations from the 1840s to Today, Donald B. Smith. University of Toronto Press, Toronto, 2021, 488 p.
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Ascendance détournée : quand les Blancs revendiquent une identité autochtone, Darryl Leroux. Sudbury : Éditions Prise de parole, 2022, 349 p.