Introduction[Notice]

  • David Denton

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Le regretté Daniel Weetaluktuk est souvent reconnu comme le premier archéologue autochtone au Canada. Dans les remarques ci-dessus, il critique l’archéologie telle qu’elle est couramment pratiquée dans le Nord et anticipe le développement d’une archéologie autochtone qui répondra adéquatement aux préoccupations des Inuits. Au cours des dernières décennies, les changements dans les relations de pouvoir et les revendications similaires des peuples autochtones dans de nombreuses régions du monde ont largement transformé l’archéologie, la décolonisant de nombreuses façons. Parallèlement, l’ouverture croissante des archéologues aux perspectives autochtones et à un engagement accru envers les descendants a favorisé ces développements. Nos méthodologies, notre compréhension du passé et notre manière d’en parler, ainsi que plusieurs aspects des relations entre les archéologues et les communautés, ont changé. Des termes tels que « archéologie communautaire » (Griebel 2013 ; Marshall 2002 ; Moshenska et Dhanjal, dir., 2011), « community-based archaeology » (p. ex. Atalay 2012 ; Carr-Locke 2005 ; Greer et al. 2002 ; Lyon 2016), « community-oriented archaeology » (Lyons et Blair 2018 ; Martindale et Lyon 2014), « archéologie collaborative » (Colwell 2016 ; Colwell-Chanthaphonh et Ferguson 2007 ; Colwell-Chanthaphonh et Ferguson, dir., 2008) et « archéologie autochtone » (Colwell-Chanthaphonh et al. 2010 ; Nicholas et Andrews 1997 ; Nicholas et al. s.d. ; Watkins 2000 ; Watkins et Nicholas 2014) ont été inventés pour refléter ces nouvelles priorités et approches archéologiques. Un grand nombre d’ouvrages collectifs ont été publiés sur ce sujet (pour n’en citer que quelques-uns, Atalay et al., dir., 2014 ; Colwell-Chanthaphonh et Ferguson, dir., 2008 ; Lydon et Rizvi, dir., 2016 ; Phillips et Allen, dir., 2010). Des distinctions claires entre les approches sont impossibles et les termes sont souvent librement mélangés. Sonia Atalay, par exemple, décrit l’archéologie communautaire comme « avec, par et pour les communautés autochtones » (2012), tandis que Nicholas et Andrews (1997 : 3) utilisent des termes identiques, dans un ordre différent, pour définir l’archéologie autochtone, et les termes « collaboratif » et « autochtone » sont souvent associés (Cipolla et al. 2019 ; Piskor 2015 ; Silliman 2008). L’archéologie autochtone est actuellement définie comme « une expression de la théorie et de la pratique archéologiques dans laquelle la discipline rencontre les valeurs, les connaissances, les pratiques, l’éthique et les sensibilités autochtones, ainsi que par le biais de projets collaboratifs et créés ou dirigés par les communautés, et d’autres perspectives critiques associées » (Nicolas 2008 : 1660 ; cf. Nicholas et al., sous presse). Colwell-Chanthaphonh décrit la collaboration comme un continuum où le « pouvoir et le contrôle » de la recherche archéologique sont détenus, d’un côté du continuum, exclusivement par les archéologues non autochtones, et de l’autre, par les groupes autochtones (Colwell 2016 : 117 ; cf. 2007). Jusqu’à récemment, le rapport de force entre les archéologues et les peuples autochtones était complètement déséquilibré: les archéologues non autochtones (pour la plupart) détenaient le pouvoir exclusif de contrôler et de faire de la recherche sur le patrimoine culturel archéologique autochtone, ainsi que le pouvoir exclusif d’évaluer et d’interpréter l’histoire des peuples autochtones. Heureusement, la situation est en train de changer : la place qu’occupe la recherche archéologique sur ce continuum évolue en faveur des peuples autochtones. Ces changements ne se sont pas faits sans une lutte majeure de la part des peuples autochtones, y compris une critique sévère de l’archéologie et de l’anthropologie par des intellectuels autochtones (Deloria 1969, 1997). L’activisme amérindien entre la fin des années 1960 et les années 1980 s’est concentré sur la protection des cimetières autochtones, ce qui a conduit à l’adoption en 1990 de la loi NAGPRA (Native American …

Parties annexes