IntroductionDesign et Culture matérielle : récits de savoirs partagés par l’art et la création en milieux autochtones[Notice]

  • Élisabeth Kaine

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Note de la Rédaction

Dans une volonté de valoriser les langues autochtones et d’honorer les ententes avec les différents partenaires autochtones associés à la préparation de ce numéro, la revue Recherches amérindiennes au Québec accepte l’utilisation des ethnonymes et des toponymes selon les modes de transcription en cours dans les différentes communautés.

Le projet de recherche Design et Culture matérielle (DCM), qui a vu le jour en 1991, s’est incarné dans un cadre académique à l’Université du Québec à Chicoutimi. Il s’est construit à travers plusieurs étapes et plusieurs équipes. DCM et l’organisme à but non lucratif La Boîte Rouge VIF (fondée en 1998 par Élisabeth Kaine, Geneviève Lapointe et Denise Lavoie) sont deux entités partageant la même mission, soit la valorisation et la transmission des riches cultures autochtones et des porteurs de ces cultures. Alors que DCM oeuvre en recherche-action participative pour le développement de méthodologies collaboratives, la BRV crée les contextes d’expérimentation terrain et de production par la co-création de vecteurs de transmission culturelle avec les membres des Premières Nations et des Inuit. Ces deux entités ont mis en place une structure de gouvernance autochtone : le comité des sages pour DCM et le conseil d’administration pour La BRV. L’approche DCM emprunte principalement trois voies pour contribuer au développement des communautés autochtones et à l’affirmation de leur identité : 1) le développement culturel, notamment par la co-création de produits de design, de productions artistiques et de médiation/transmission culturelle en milieu éducatif ou muséal ; 2) le développement social des individus et de leurs communautés en misant sur leurs capacités et leurs savoir-faire comme moteurs de changements ; et 3) l’interdisciplinarité (design, arts visuels, cinéma, enseignement des arts, concertation, anthropologie, médiation/transmission culturelle, muséologie) et l’interculturalité (autochtone, allochtone, axe Nord-Sud). DCM a également des visées sur le plan sociopolitique, en suscitant des relations valorisantes entre autochtones et allochtones par le développement de programmes et d’activités de diffusion. DCM n’est pas un groupe de recherche mais plutôt un projet qui se construit grâce à des partenaires autochtones, chercheurs, collaborateurs, professionnels et assistants, qui s’y investissent le temps d’un programme de recherche précis. Les équipes se succèdent et chacune participe à redessiner le projet et les actions futures auxquelles d’autres participeront. Un projet est marqué par une persistance, et ce qui en marquera souvent la fin est la conviction d’avoir atteint, d’avoir persisté jusqu’à ce que ce qu’on attendait advienne, souvent sans avoir pu nommer ce résultat attendu avant de l’atteindre. C’est une intuition créatrice qui gère les choix et les décisions dans une dynamique d’autoconstruction. Le projet a recours à une méthodologie particulière, dite méthodologie des conduites à projet (Boutinet 2012), essentiellement un outil de maîtrise de l’activité qui consiste à se construire un projet. Cette méthodologie exige une approche globale pour la recherche de réponses originales à des situations singulières reliées à leur contexte. Elle implique de savoir gérer la complexité et l’incertitude et de savoir exploiter les occasions qui se présentent, une position anti-déterministe qui s’apparente d’une certaine manière au processus artistique. En positionnant les projets de création au centre de son intervention, DCM s’inscrit dans le paradigme de la recherche-action qui part du principe que c’est par l’action que l’on peut générer des connaissances scientifiques utiles pour comprendre et changer la réalité sociale des individus et des systèmes sociaux (Robson et McCarthan 2016) et de la recherche-action participative qui place le dialogue au centre de ses actions visant à entraîner un changement positif sur le terrain (Lazard et al. 2015). C’est aussi par la méthodologie de projet que nous entrons en relation avec nos partenaires autochtones. Il ne s’agit pas de les observer ni de les analyser, mais bien de s’inscrire dans un projet de création en médiation/transmission culturelle avec eux, suscitant une « attraction des sensibilités qui peuvent engendrer des nouvelles formes de solidarité » (Maffesoli 1996). Les projets DCM passent par la participation active des individus et des …

Parties annexes