Résumés
Résumé
En août 1961, lorsque le North Pioneer jette l’ancre au large d’Unamen Shipu (La Romaine), soixante-cinq Innus de Pakuashipi (Saint-Augustin) débarquent avec leurs biens pour s’installer dans leur nouvelle communauté, reconnue comme réserve depuis 1954 et dotée d’un missionnaire permanent depuis 1953. Au printemps 1963, quelques-uns de ces « expatriés » décident de faire le trajet inverse et de regagner leur territoire d’origine. Le trajet de retour – qui durera un mois – se fera à pied sur une distance d’environ deux cent cinquante kilomètres, avec femmes, enfants, chiens, canots et traîneaux. D’autres membres du groupe feront le même trajet de retour quelques mois plus tard, en avion et en bateau. D’autres encore ne repartiront jamais d’Unamen Shipu, où ils vivent toujours aujourd’hui. Cette note de recherche a pour objet de documenter ce projet avorté de relocalisation et d’interroger les perceptions des Innus à son égard. Les Innus parlent, en effet, de « déportation » : Ka atanakaniht.
Abstract
August 1961. The North Pioneer ship came alongside the coast of Unamen Shipu (La Romaine). Sixty-five Innus of Pakuashipi (Saint-Augustin) landed with their goods to settle in Unamen Shipu, their new community recognized as a reserve since 1954 where a permanent missionary was officiating since 1953. Spring 1963. Some of these ‘migrants’ decided to return to their original territory on foot, with women, children, dogs, boats and sleds. The ‘journey back’ would last one month and around two hundred and fifty kilometres. A few months later, other members of the group would return by plane and boat. Others would never leave Unamen Shipu, where they still live today. The aim of this paper is to document this aborted relocation project and to examine the Innu perceptions with respect to that experience. Indeed, the Innu speak of ‘deportation’: Ka atanakaniht.
Resumen
En Agosto de 1961, el North Pioneer atraca frente a Unamen Shipu (La Romaine). Sesenta y cinco Innu de Pakuashipi (San Agustín) desembarcan con sus pertenencias para instalarse en su nueva comunidad, reconocida como una reserva desde 1954 y con un misionero asignado de manera permanente desde 1953. En la primavera boreal de 1963, algunos de dichos «expatriados» deciden hacer el recorrido inverso para volver a su territorio de origen. El trayecto de retorno, de aproximadamente doscientos cincuenta kilómetros, duraría un mes y sería hecho a pie, con mujeres, niños, perros, canoas y trineos. Otros miembros del grupo harían el mismo trayecto de retorno unos meses más tarde, en avión y en barco. Oros más no volverían nunca de Unamen Shipu, donde viven hasta el día de hoy. Esta note de investigación tiene por objeto documentar este proyecto abortado de relocalización, así como examinar las percepciones de los Innu a ese respecto. Éstos hablan, en efecto, de «deportación» : Ka atanakaniht.
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Parties annexes
Remerciements
Cette recherche compte de nombreux collaborateurs, au premier rang desquels Joséphine Bacon, Émilie Dazé, Francis Fecteau McClure, Richard Mollen et Carl Morasse. Je remercie également Paul Charest, Claude Gélinas, Andràs Mak, Rémi Savard et Sylvie Vincent d’avoir porté à ma connaissance certains documents et informations. Que soient également remerciés Éric Chalifoux et Frédéric Laugrand pour leurs commentaires et leurs lectures attentives, ainsi que les gens de Pakuashipi et d’Unamen Shipu pour leur accueil et leur participation à cette recherche.
Note biographique
Laurent Jérôme, professeur d’anthropologie au département de sciences des religions de l’Université du Québec à Montréal (UQÀM), s’intéresse aux politiques de l’identité et de la culture en milieux autochtones contemporains à travers des thèmes comme la musique, les rituels, le pluralisme religieux, la guérison ou la transmission des savoirs. Membre du Centre interuniversitaire d’études et de recherches autochtones (CIÉRA), il a coordonné les recherches de terrain et de contenu au Musée de la civilisation en vue du renouvellement de l’exposition permanente sur les Premières Nations et les Inuits du Québec. Il a écrit plusieurs articles sur les cosmologies amérindiennes, les processus de décolonisation de la recherche ou l’importance de l’humour dans les rituels de guérison. Il a notamment publié (avec Natacha Gagné) l’ouvrage Jeunesses autochtones : affirmation, innovation et résistance dans les mondes contemporains (Presses de l’Université Laval et Presses universitaires de Rennes, 2009).
Ouvrages cités
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