Ushkat tshe aimian nakana ka itiaku Innuat ka ishpitenitamaku tshitinnu-aimunu, tshipushukatitinau kassinu e itashieku, tshui nishkumitinau katshi takushinieku ute tshetshi natshi natutameku ne tshitassinu tshe atussehtaku anutshish tshishe-utshimauat mak anitshenat ua shuniauatshetau nika itauat, ekuan ne tshimishta nishkumitinau tshika ititinau katshi takushinieku ute mue ka tutamaku ka mishta ishpitenitamaku tshitinnu-aimunu tshetshi kanuenitamaku, minekash tshetshi kanuenitamaku,tshinuau nut takushiniti ute, mue tshe uauitaman anutshish anite eshpint nitassinat Matimekush–Lac-John. Tshinishkumitinau [Réal McKenzie rappelle ici que la communauté dont il est le chef s’appelle « Matimekush » et qu’il sait qu’il ne dispose que de quinze minutes, ce qui n’est pas beaucoup, compte tenu de ce qu’il aurait à dire.] J’aurais tellement de choses à vous dire, chers amis. Vraiment, mais pas à peu près ! Ce que je vais dire ici, ce ne sera pas technique, ce ne sera pas l’exposé d’un consultant, d’un écologiste, ni d’un scientifique, mais le point de vue d’un élu. Un élu parmi tant d’autres dans la nation innue que je représente. Je parle à partir du pouvoir qui m’est conféré : de prime abord, celui de protéger et de défendre le droit, le titre et l’intérêt de mon peuple. C’est pour ça que je suis ici. Et on va d’abord se reparler de l’histoire. On a entendu, ce matin, l’historien. J’ai oublié son nom. C’est peut-être vrai, ce qu’il dit [rires]. Mais l’histoire des Premières Nations existe avant tout de la manière et de la façon dont nous l’avons vécue ! À travers nos ancêtres, à travers nos grands-parents qui vivent toujours, de nos parents, de moi-même, de ma génération, et de nos enfants qui vont grandir derrière nous. Et ça, ça s’appelle tout simplement de l’héritage. Lequel ? Celui du territoire sacré. Ça, c’est purement et strictement politique. L’histoire de Schefferville remonte à bien avant l’arrivée de l’Iron Ore. Nos ancêtres habitaient, occupaient leur territoire. 1954. Y arrive, le développement : la compagnie minière IOC, la construction du chemin de fer, les emplois, la naissance de la ville de Schefferville. 1982. Y arrive la tragédie, qu’on n’aurait jamais pensé vivre… Pendant l’exploitation minière, qu’est-ce qu’on a retiré de cette compagnie, l’IOC ? En bons termes québécois, vous diriez : « Zéro, puis une barre ». À peine des emplois, pour nos parents qui ont travaillé dur : au pic et à la pelle, dans des fonds de trous de mine, pour installer des tuyaux, pomper l’eau. C’est ça que nos parents ont eu comme travail. Des promotions ? Je m’en excuse mais je n’ai pas connu ça. Ma génération n’a pas connu ça, la promotion. [… M. McKenzie explique que les Innus n’ont jamais porté que des casques jaunes, ceux des journaliers.] Je m’excuse, je m’excuse ! Mais non, je ne vais pas m’excuser ! [rires] Pas du tout ! Qui aurait pensé qu’un jour, trente ans après la fermeture de Schefferville, on verrait débarquer non pas une mais deux compagnies minières ? Ce sont elles, il y a trois ans, qui ont demandé le consentement du chef qui vous parle pour rouvrir les anciennes installations minières d’IOC, les mines déjà existantes, abandonnées en 1982 ! Ça n’a pas été facile. Ceux qui ont suivi les actualités, il y a un an, sont au courant : une barricade érigée et un peuple qui dit à son chef : « On ne veut pas revivre l’histoire de l’Iron Ore. » Quelle est cette histoire ? C’est celle de la manière dont la compagnie minière IOC …
En finir avec la discrimination[Notice]
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Réal McKenzie
Chef de Matimekush–Lac-John