B.K. — L’ancienne Chef [Alice Jérôme] a même assisté à une réunion sur le Plan Nord sans y avoir été invitée. Elle a tout de même réussi à se présenter et à faire deux interventions. Il faut être là, on n'a pas le choix. Le Plan Nord, c’est notre territoire. S.B. — Qu’est-ce que vous comptez faire pour vous assurer d’être entendus dans le Plan Nord ? Avez-vous une stratégie ? B.K. — On rencontre le ministre Kelley [responsable des Affaires autochtones] au sujet des mines et on abordera également le sujet du Plan Nord. On n'a pas le choix si on veut être partie prenante de tout ça, il faut être visibles. C’est fini l’histoire du Peuple invisible ! [référence au documentaire de Richard Desjardins et Robert Monderie portant sur les Algonquins, Le Peuple invisible]. On ne travaille pas seuls, Lac Simon est également de la partie. On est prêts à aller de l’avant avec nos revendications, on ne peut plus attendre. S.R. — On est neuf communautés algonquines au Québec pour faire une revendication globale. On a deux conseils tribaux, l’unité est difficile à atteindre. S.B. — Donc, les impacts du Plan Nord pour vous sont au niveau de la nation anicinape [Algonquine] en entier, pas seulement au niveau de la communauté de Pikogan ? Voudriez-vous faire une action plus globale que pour votre communauté uniquement ? B.K. — Pour le Plan Nord, on a des chevauchements territoriaux avec Lac Simon et Timiskaming First Nation, alors on invite ces communautés à négocier avec nous. On fait la même chose au sujet des mines, on y va selon les territoires familiaux. S.B. — Avez-vous eu des discussions avec la nation crie ou la nation atikamekw ? B.K. — On a des discussions avec la nation crie depuis quand même plusieurs années. On a des dossiers territoriaux en cours de discussion avec eux. On leur demande de reconnaître qu’il s’agit d’un territoire algonquin. La toponymie est là pour le prouver. On a récemment fait parvenir une lettre à la Grande Chef de la nation atikamekw pour planifier des rencontres. Ils nous diront quelles sont les communautés touchées par le Plan Nord. Notre intention est de rencontrer tous ceux qui sont touchés par le Plan Nord, d’ici aux Innus de Matimekush [Schefferville]. S.B. — Qu’espérez-vous retirer du Plan Nord, si vous y trouvez votre place, autre que des emplois ? B.K. — Si les Blancs voient juste le côté monétaire du Plan Nord, on voit aussi du développement et des emplois pour nos jeunes, mais également des projets concrets, des emplois et des entreprises durables. On parle donc de redevances, de formation et de tout ce qui peut découler d’une entreprise à long terme. S.R. — D’être informés et de pouvoir donner notre accord au sujet des projets qu’ils feront. Ce projet de Plan Nord représente tout un impact pour nous, un grand changement. Au moins, il faudrait pouvoir donner notre accord. S.B. — Avez-vous prévu une série de consultations auprès de votre communauté au sujet du Plan Nord ? B.K. — Justement, on prévoit une assemblée générale bientôt. On doit partager nos idées avec les gens qui nous ont élus. On ne veut pas nécessairement aller devant les tribunaux et demander des injonctions et faire des manifestations, mais ce sont des éventualités qu’il ne faut pas négliger. S.R. — Ce sont les moyens financiers qui nous manquent. On reçoit de l’argent des programmes et il faut donner des services. On n'a rien pour nous développer. On a besoin de biologistes pour surveiller le territoire et voir les impacts qu’il …
« On est les éternels oubliés » : les Abitibiwinniks de Pikogan[Notice]
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Entrevue avec
Bruno Kistabish
David Kistabish
Tom Mapachee
Steve Rankin
Entretien au sujet du Plan Nord et de ses retombées pour les Abitibiwinniks de Pikogan avec Bruno Kistabish et David Kistabish (devenus respectivement Chef et Vice-chef depuis la réalisation de cet entretien) ainsi qu’avec les conseillers Tom Mapachee et Steve Rankin. Cet entretien a été réalisé par Suzy Basile le 4 novembre 2011, aux bureaux du Conseil de la Première Nation Abitibiwinni, à Pikogan.