
Recherches amérindiennes au Québec
Volume 37, numéro 2-3, 2007 Métissitude Sous la direction de Louis-Pascal Rousseau et Étienne Rivard
Sommaire (23 articles)
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Présentation : métissitude : l’ethnogenèse métisse en amont et en aval de Powley
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Noms et métaphores dans l’historiographie métisse : anciennes catégories et nouvelles perspectives
Jennifer S. H. Brown
p. 7–14
RésuméFR :
Cet article porte sur les questions relatives aux noms attribués aux personnes d’ascendance mixte et à l’histoire de ces termes, utilisés par différents groupes, autochtones ou non, à travers le temps. Les mots sont révélateurs en eux-mêmes des perceptions, variées et en perpétuel mouvement, que l’on peut avoir des personnes métisses, de leur statut et de leurs caractéristiques. Le lexique du métissage continuera à évoluer et à être l’objet de discussions, au fur et à mesure que de nouvelles perspectives historiques sur le sujet verront le jour.
EN :
This paper looks at some issues surrounding names applied to people of mixed descent, and at the history of these terms as employed by different groups, Aboriginal and non-Aboriginal, over time. The words in themselves are revealing of varied and changing perceptions of metis peoples and their situations and characteristics. The vocabularies of metissage will continue to evolve and to be subjects of discussion, as new historical dimensions of the subject come to light.
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Le rapport au métissage chez les autochtones du Québec méridional, 1867-1960
Claude Gélinas
p. 15–27
RésuméFR :
S’il est bien connu qu’en termes de considérations nationalistes et identitaires, les intellectuels canadiens-français de la seconde moitié du XIXe siècle et de la première moitié du XXe ont largement négligé la réalité du métissage culturel qui avait caractérisé l’histoire des rapports entre les autochtones et les seconds arrivants en Nouvelle-France puis au Québec, il est beaucoup moins connu que des autochtones de la province ont fait de même durant la même période. En réaction aux visées assimilatrices du gouvernement fédéral qui menaçaient à la fois leur capacité de libre gouvernance et leur identité distincte, ceux-ci ont déployé une politique de défense et d’affirmation culturelle qui s’appuyait notamment sur une abstraction des différents métissages réalisés depuis le contact. Nous illustrons ici cette dynamique à travers la réaction des certaines communautés autochtones face aux efforts du gouvernement fédéral pour s’ingérer dans leurs affaires internes et face aux atteintes portées à l’intégrité des territoires de leurs réserves.
EN :
It is well known that due to nationalistic and identity concerns, Quebec’s intelligentsia of the second half of the 19th century and early 20th century largely neglected the cultural exchanges between the province’s Native peoples and the Europeans since contact. Less known is the fact that some Natives did the same. Reacting to the assimilation policy of the federal government which threatened their political autonomy and their identity, the latter opted for a policy of cultural protection and affirmation which included a downplaying of the European cultural influences. We will illustrate this reality through an analysis of the efforts made by some communities to counteract the federal government’s interference in their local affairs as well as the loss of protected land.
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L’ethnogenèse des Métis de la baie James en Ontario et au Québec
Gwen Reimer et Jean-Philippe Chartrand
p. 29–42
RésuméFR :
Cet article présente les résultats préliminaires d’une étude comparative de l’ethnogénèse et du développement d’une communauté métisse historique au sudest de la baie James, dans les provinces de l’Ontario et du Québec. Les auteurs analysent les critères confirmant l’émergence d’une identité métisse, définis par la Cour suprême du Canada dans R. c. Powley (2003) et interprétés lors de jugements récents. Les archives de la traite des fourrures documentent les tendances concernant les mariages entre autochtones et allochtones et l’ascendance mixte de certains individus à partir de la seconde moitié du XVIIIe siècle à trois postes de traites liés entre eux : Moose Factory (Moosonee), Rupert House (Waskaganish) et Eastmain House. Les documents historiques démontrent « l’auto-attribution » et « l’attribution par autrui » d’identités métisses, l’endogamie métisse et la proximité résidentielle de plusieurs générations de familles métisses et suggèrent que les populations métisses des postes du Québec, plus petites, représentent les extensions régionales d’une communauté originaire de Moose Factory.
EN :
This article presents preliminary findings of a comparative analysis of Métis ethnogenesis and historical Métis community development in the southern and eastern James Bay regions of Ontario and Québec. The authors present a synthesis of criteria for Métis ethnogenesis as originally defined by the Supreme Court of Canada in R. v. Powley (2003) and as interpreted in more recent legal judgements. Fur trade records document patterns of Aboriginal-European marriage and mixed-ancestry beginning in the mid-late 18th century, at three interconnected posts : Moose Factory (Moosonee), Rupert House (Waskaganish) and Eastmain House. Historical evidence of ‘self-ascribed’ and ‘other-ascribed’ mixedancestry identity, mixed-ancestry endogamy and residential proximity by several generations of mixed-ancestry families, suggests that the smaller populations at posts in Québec may represent regional extensions of the Métis core community at Moose Factory.
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Héritage culturel des Métis du Labrador central
Yves Labrèche et John C. Kennedy
p. 43–60
RésuméFR :
Des sources publiées, rapports inédits, extraits de la tradition orale et documents d’archives servent à dépeindre quelques aspects des relations interethniques et de l’histoire de quelques communautés métissées du Labrador. Composées d’individus ayant à la fois des ancêtres européens et autochtones, ces communautés métissées se sont développées sur la côte et dans l’arrièrepays. Après un bref survol historique du peuplement, de l’appropriation du territoire et des effectifs démographiques selon le groupe ethnique, il sera question des termes utilisés dans les documents d’époque pour identifier les groupes métissés du Labrador. Par la suite, l’attention portera plus spécifiquement sur la région du Labrador central correspondant au lac Melville et au bassin versant du fleuve Churchill où la continuité dans l’occupation des terres par les Métis est démontrée par l’examen des noms de famille apparaissant dans des inventaires correspondant à des époques différentes et qui ont été constitués à partir de sources indépendantes. Enfin, des indices matériels, linguistiques et symboliques servent à définir une société ou une culture métisse, distincte de celle des Européens et des peuples autochtones, dont elle tire cependant ses origines.
EN :
Published sources, unpublished reports, excerpts from the oral tradition as well as archival documents are used to depict selected aspects of interethnic relations and the history of Labrador Métis communities. Composed of individuals having both European and Aboriginal ancestors, these Métis communities developed on the coast as well as in the hinterland. Following a brief historical overview of land use and occupancy as well as population figures by ethnic groups, terms and labels used in historical documents to identify Labrador groups of mixed ancestry will be explained. The following sections will deal more specifically with the central Labrador region including the Melville Lake area and the Churchill River watershed where the continuity in land use and occupancy is demonstrated through an examination of family names present in inventories from different historical periods and based on independent data sources. Finally, material, linguistic as well as symbolic traits are used to define a Métis society and/or culture distinct from its European and Aboriginal predecessors but from which it originated.
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Le métissage euro-inuit dans la sous-aire culturelle du Labrador méridional
Paul Charest
p. 61–75
RésuméFR :
La sous-aire culturelle du Labrador méridional comprend les deux sousrégions du Sud-Labrador et du détroit de Belle Isle, dans la province de Terre-Neuve et du Labrador, et celle de la Basse-Côte-Nord dans la province de Québec. En effet, toutes les trois ont en commun un grand nombre de caractéristiques socioculturelles dont : l’origine du peuplement, un double habitat et la pratique de la transhumance, un cycle annuel d’activités économiques diversifiées de chasse, pêche, piégeage, coupe de bois, etc., et une technologie comprenant de nombreux emprunts aux Inuits et aux Innus. On y retrouve surtout un important métissage biologique et culturel longtemps ignoré, voire caché par peur des préjugés racistes. Depuis une vingtaine d’années on assiste à une valorisation de cet héritage métis, surtout euro-inuit, d’une part par les publications de la revue Them Days au Labrador, d’autre part par des organisations politiques métisses (Labrador Metis Association devenue Labrador Metis Nation, Alliance autochtone du Québec).
EN :
The cultural sub-area of South Labrador includes the two sub-regions of Southern Labrador and the Straits of Belle Isle in the Province of Newfoundland and Labrador, and that of the Lower North Shore in the Province of Québec. The three of them share in common a large number of cultural characteristics, among others: the origin of the population; a bilocal residence pattern and the practice of transhumance; an annual cycle of many economic activities such as fishing, hunting, trapping, wood cutting, etc; and a technology with many elements borrowed from Native people like the dogsled and the snowshoe. But the most important is their biological and cultural Euro-Inuit heritage that has been hidden in the past for fear of racist stigmatisation. In the last two decades, however, there has been an appreciation of the aboriginal heritage due to the publication of the review ‘Them Days’ and by the political activities of the Labrador Metis Association (now Labrador Metis Nation) and of the Alliance autochtone du Québec which are promoting the rights of the Euro-Inuit Métis of Labrador and Québec.
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L’étude des langues métisses et les programmes de revitalisation du mitchif : un état de la situation
Denis Gagnon et Suzanne Gagné
p. 77–87
RésuméFR :
En juin 1998, le ministère du Patrimoine canadien a mis sur pied l’Initiative des langues autochtones avec un financement de 20 millions de dollars versé sur une période de quatre ans. En 2002, ce projet a été reconduit sous la direction du Groupe de travail sur les langues et les cultures autochtones avec un financement de 160 millions de dollars versé sur cinq ans. Les organisations autochtones ont accepté d’accorder 10 % de ces deux fonds pour la revitalisation de la langue mitchif. Comme la langue joue un rôle très important dans l’identité métisse, cet article fait le point sur l’étude des langues métisses et présente les résultats des programmes de revitalisation linguistique du mitchif mis en place par le gouvernement fédéral et les organisations métisses.
EN :
In June of 1998, Canadian Heritage initiated the Aboriginal Languages Initiative program with a 20 million dollar budget over a period of four years. In 2002, this project was renewed through the management of the Task Force on Aboriginal Languages and Cultures, with an increased budget of 160 million dollars over five years and Aboriginal organizations accepted that 10 % of these two budgets be used for the revitalization of the michif language. As language plays an important role in Métis identity, this article presents an update on Métis languages as well as the results of michif language revitalization programs established by the federal government and Métis organizations.
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Les droits ancestraux des Métis et la mainmise effective des Européens sur le territoire québécois
Geneviève Motard
p. 89–95
RésuméFR :
Dans l’arrêt R. c. Powley, la Cour suprême du Canada reconnaissait à une communauté Métis le droit d’exercer ses activités traditionnelles en conformité avec ses lois et coutumes tout en faisant fi des législations provinciales et fédérales portant atteinte de façon injustifiée à ce droit. Dans cet arrêt, sont posés les jalons des droits ancestraux des Métis. Plusieurs critères juridiques sont dès lors énoncés afin de déterminer : 1) l’existence même de la communauté Métis, et 2) l’existence des droits ancestraux des Métis. Parmi ces critères, la Cour suprême requiert la preuve de l’existence de la communauté Métis au moment de la mainmise effective des Européens sur le territoire visé par la revendication d’un droit ancestral. Le droit ancestral métis doit également avoir existé au moment de la mainmise effective et son exercice doit avoir continué jusqu’à nos jours. Cet article vise à cerner le traitement judiciaire de la preuve présentée afin d’établir la date de la mainmise européenne sur le territoire revendiqué.
EN :
In R. v. Powley, for the first time in legal history, the Supreme Court of Canada recognizes the aboriginal right of a Métis community to exercise their traditional practices. In this case, the legal conditions of the Métis’ constitutional rights are set forth. The claimant must demonstrate 1) being a member of a Métis community that existed prior to the effective control of Europeans and 2) prove that, at that time, the Métis community was engaged in traditional practices and continues to exercise them as an integral part of its culture. This article proposes a general portrait of the criteria of European effective control over Métis communities and lands and, a review of the Canadian case law in this matter.
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Au-delà de Powley : l’horizon territorial et identitaire des Métis
Étienne Rivard
p. 97–105
RésuméFR :
On a souvent tendance à voir la décision de la Cour suprême du Canada dans l’arrêt Powley exclusivement comme un aboutissement juridique. Or, s’il est vrai que ce jugement offre des précisions depuis longtemps attendues sur les intentions de l’article 35 de la Constitution et sur la définition juridique des Métis, on peut aussi voir la décision Powley comme un simple chapitre sociojuridique du livre identitaire et territorial des Métis du Canada. En fait, comme l’expose l’auteur, l’arrêt Powley donne une définition à la fois précise et large de ce que constitue une « communauté métisse » sur le plan historique comme sur le plan contemporain. D’une part, l’arrêt établit des critères assez précis devant définir les détenteurs de droit métis, et une interprétation étroite de ces critères pourrait compromettre la reconnaissance légale de plusieurs communautés métisses. D’autre part, il existe plusieurs « zones grises » dans ce jugement, soit autant d’aspects restant vaguement définis et laissant place à l’interprétation. Prenant appui sur l’expérience historique, identitaire et territoriale des Métis, cet article aborde les enjeux soulevés par ces critères et tente une interprétation généreuse de ces zones grises. Les notions de marge, de limite et de confins – autant de facettes différentes de l’« horizon » identitaire et territorial des Métis – serviront ici de cadre théorique et conceptuel.
EN :
The Supreme Court of Canada’s Powley decision is often depicted exclusively as a legal finality. Although this decision offers a long expected precision as to the Constitution’s intentions in Section 35 and legal definition of the Métis, it can also be conceived of as simply a socio-legal chapter of a book on the Canadian Métis identity and territory. As I shall argue here, the Powley decision provides a historical and contemporary definition of “Métis communities” that is both specific and broad. On the one hand, the decision establishes criteria which are somewhat specific but may compromise, if narrowly interpreted, the legal recognition of many Métis communities across the country. On the other hand, there are many “grey areas” in the decision, that is elements that remain vaguely defined and leave room to interpretation. Relying on the Métis experience of their history, identity and territory, I discuss what is at stake with regards to the specific criteria, and I propose a generous interpretation of the “grey areas.” The notions of “margin”, “limit” and “borders” as well as the different dimensions of the Métis identity and territorial “horizons” compose this paper’s theoretical and conceptual framework.
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Quelques considérations sur les lendemains de 1492 et de 1982
Denis Vaugeois
p. 107–113
RésuméFR :
Le choc microbien est bien connu mais habituellement sous-estimé, selon l’auteur, qui s’interroge sur l’extrême vulnérabilité des Indiens face à certaines maladies dont la variole. Des nations sont disparues, plusieurs groupes se sont reconstitués. Parallèlement, le métissage est apparu et s’est grandement développé. Lui aussi aurait été largement sous-estimé. L’auteur termine en soulignant le choix qui s’offre depuis toujours aux Métis : devenir des Blancs, s’affirmer comme Métis ou s’intégrer dans une communauté amérindienne. Il amorce ses observations avec le contact de 1492 et conclut avec la constitution canadienne de 1982.
EN :
The microbial shock of the Indians in the face of their great vulnerability to diseases, of which smallpox was the most dreadful, is well known but usually underestimated and here reflected upon by the author. Nations disappeared; many groups were reconstituted while, at the same time, interracial groups appeared and developed rapidly. This factor was also largely underestimated. Finally, the author underlines the options that have been made available to Metis for ages: become White, assert themselves as Metis or assimilate into an Indian community. He begins his observations with the 1492 encounter and ends his analysis with the 1982 Constitutional Act.
AUTRES ARTICLES
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Les Amérindiens et l’enseignement supérieur aux États-Unis et au Canada : le long sentier vers l’autodétermination
Guy Clermont
p. 115–125
RésuméFR :
Après quelques tentatives infructueuses au début de la colonisation européenne de l’Amérique du Nord, la formation d’élites amérindiennes a longtemps été négligée, tant aux États-Unis qu’au Canada. La politique d’assimilation par le bas adoptée par les autorités gouvernementales rendait impossible l’émergence d’une classe amérindienne éduquée, malgré les attentes de certaines nations et les efforts de plusieurs missionnaires. Ce n’est qu’à partir des années 1970, avec la création d’universités sous contrôle tribal et l’émergence de programmes d’Études amérindiennes dans plusieurs universités, que les portes de l’enseignement supérieur se sont véritablement ouvertes à une jeunesse amérindienne en pleine croissance démographique. Aujourd’hui, dans le contexte de l’affirmation à l’autodétermination, se pose la question de savoir quelle place et quel contenu ces enseignements doivent avoir dans le milieu universitaire nordaméricain. L’objectif de cet article est de replacer ce débat dans le contexte du développement de l’enseignement supérieur pour les Indiens d’Amérique du Nord de la période coloniale à nos jours.
EN :
After several failed attempts to educate an indigenous elite in the first decades of the European colonisation of North America, Indian higher education was totally neglected by the respective government authorities of the United States and Canada. The policy of assimilation from the bottom end of the society which was then adopted did not make it possible for an educated class to emerge in spite of the efforts and expectations of several tribes and missionaries. The doors of the universities finally opened to the growing numbers of Indian youth in the 1970s with the creation of several tribally controlled colleges and the offering of Native Studies programs in the mainstream universities. Today, among pressing calls for effective Indian self-determination, there are debates about the place and content that these programs should have in North American institutions of higher learning. The objective of this article is to set this debate in the context of the development of Native American higher education in North America from the colonial period until today.
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Composer avec un système imposé : la tradition et le conseil de bande à Manawan
Anny Morissette
p. 127–138
RésuméFR :
Cet article s’intéresse à la politique locale autochtone et il vise à établir l’implication sociale à long terme de l’imposition du conseil de bande sur la bande traditionnelle. À l’aide de l’exemple de la communauté atikamekw de Manawan (Québec), l’auteure propose qu’il existe un « art de faire politique » permettant ainsi une réappropriation autochtone de la politique officielle au niveau local. Malgré la nouvelle façon de faire la politique atikamekw et l’appareil politique formel, existe-t-il une continuité de la bande traditionnelle et du rôle de chef ? Nul doute que la bureaucratisation de chaque aspect de la vie autochtone (politique, santé, éducation, etc.) fait désormais appel à de nouvelles compétences dans des nouveaux champs d’action. Mais des figures d’autorité issues de l’organisation sociopolitique subsistent toujours à Manawan. Elles tentent, par la tradition, de guider les Atikamekw dans le contexte institutionnalisé des réserves et des revendications territoriales avec les instances gouvernementales.
EN :
The topic of this article is Native local politics. It aims to establish the long term social implications of the Band council on the traditional band. It focuses on the Atikamekw community of Manawan in Quebec. The author argues the existence of a political “art de faire” which gives the Natives an opportunity to re-appropriate the local level formal political system. Despite the new Atikamekw political ways and the formal apparatus, is there any continuity of the traditional band and the activities of the chief? The bureaucratization of every aspect of Native lives has called for new expertise within new settings. Traditional authority figures still exist in Manawan. They attempt, using such perspectives, to guide the Atikamek within the institutionalised reserve system and to deal with their territorial claims vis-a-vis the two levels of government that dominate daily life.