FR :
Pendant la première moitié du XVIIIe siècle, le scalp a exprimé et subi de multiples appropriations. L’objet est déjà en lui-même une appropriation. De plus, par l’action de scalper, le guerrier prend une partie du corps de son ennemi et se l’approprie. Par cette même action, il réalise une appropriation symbolique car cette pratique s’inscrit dans le cadre d’un rituel qui lui confère une valeur. De leur côté, en représentant le scalp comme un objet barbare et comme une preuve de la sauvagerie de ceux qui le pratiquent, les auteurs européens réalisent une autre appropriation de l’objet par le discours. De plus, en achetant des scalps à leurs alliés amérindiens comme preuve matérielle du meurtre d’un ennemi, les Européens s’approprient l’objet en le payant et lui confèrent alors une valeur monétaire. Finalement, en le pratiquant à leur tour, ainsi qu’en conservant ces objets, ils réalisent une autre forme d’appropriation qui est, quant à elle, culturelle.
EN :
During the first half of the eighteenth century, Amerindians and Europeans alike appropriated the scalp in very different manners. In Amerindian cultures, for instance, the scalp itself reflects an appropriation; by the very act of scalping, the warrior takes a part of the enemy’s body and makes it his own. At the same time, this act is a symbolic appropriation because it is part of a ritual, which affords the object a spiritual value. European authors, by contrast, depict the scalp as a barbaric object that proves the savagery of indigenous peoples, thereby appropriating the object by transforming its meaning in their discourse. In buying scalps from Native allies as material proof of the death of their enemies, Europeans appropriate the object by giving it a monetary value. Finally, the French and the British learned how to scalp their enemies, and in collecting these objects, achieved a type of cultural appropriation as well.