Résumés
Résumé
La comparaison entre deux portraits de femmes réalisés en 1894 et 1896 permettra de mettre en lumière la problématique du présent travail, à savoir l’identité de l’artiste et celle du critique d’art. Le premier portrait, une estampe lithographique de l’artiste James McNeill Whistler imprimée par Thomas Way, est présente dans plusieurs collections, dont celles du British Museum, de la National Portrait Gallery à Washington et de la Library of Congress (fig. 1). Le second portrait, exemplaire unique réalisé au crayon par John Singer Sargent, est conservé à la National Portrait Gallery de Londres (fig. 2). De nombreux portraits de société de ce type, mettant en scène des modèles féminins américains et anglais, ont fait l’objet d’études qui révèlent comment les artistes aimaient à flatter ou à ridiculiser ces femmes. Elles étaient en effet perçues comme des icônes culturelles et leurs portraits pouvaient être interprétés, pour citer les mots d’un spécialiste, comme « la représentation de la vision des femmes par les hommes ». Toutefois, ce n’est pas tant la construction de la féminité à travers le regard de l’artiste qui est en jeu ici, que la manière dont ce regard renvoie à celui du modèle. On peut dire que ces deux portraits évoquent les thèmes de la production artistique et de la réception critique par le biais d’un jeu de miroirs entre l’artiste et son modèle.
Il faut signaler que les deux femmes représentées dans ces portraits étaient des critiques d’art influentes qui vivaient et travaillaient à Londres à la fin du XIXe siècle et au début du XXe siècle. Leur oeuvre critique a joué un rôle important dans la construction de l’image publique de Whistler et de Sargent, plaçant ces derniers au rang de références de l’art moderne britannique et américain. Il s’agit de l’Américaine Elizabeth Robins Pennells (1855–1936), critique à la Nation de New York et au Star de Londres, et d’Alice Meynell (1847–1922), critique au Weekly Register et à la Pall Mall Gazette. Le présent travail s’attachera à montrer comment les deux critiques mettent en scène l’identité publique de Whistler et de Sargent, tout en exposant les tensions inhérentes à la vie de ces artistes : celles opposant Londres et Paris, la Royal Academy et le New English Art Club, ainsi que l’art institutionnel et l’avant-garde.
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