Résumés
Résumé
Regina Seiden exposa professionnellement pendant quinze ans, soit de 1915 à 1930. Elle participa aux expositions annuelles de l’Art Association of Montreal et de la Royal Canadian Academy et à celles, plus internationales, de la British Empire Exhibition de Wembley en Angleterre (1924 et 1925). La production de Seiden a été reconnue par la critique, notamment par Albert Laberge du journal, La Presse. L’artiste cessa d’exposer peu après son mariage avec le peintre Eric Goldberg. Son retrait trop rapide de la scène artistique l’a condamnée à un oubli total par l’histoire de l’art canadienne.
Seiden est née en 1897 dans la petite ville de Rigaud au Québec. Ses parents étaient des Juifs originaires de l’Empire austro-hongrois. Comme jeune Juive éduquée dans les écoles catholiques et, plus tard, avec les étudiants anglo-protestants de l’Art Association of Montreal, elle occupe une place à part parmi ses contemporains. Elle reçut une excellente formation artistique sous la direction de William Brymner, le directeur de l’école de l’AAM, mais elle s’est peu liée avec les autres étudiants, possiblement à cause de leurs différences culturelles. Parmi ses consoeurs de l’AAM, nombreuses furent celles, comme Anne Savage, Lilias Torrance Newton et Prudence Heward, qui firent des carrières distinguées, soutenues par les amitiés développées à l’AAM.
Comme Prudence Heward et Lilias Torrance Newton, Regina Seiden s’intéressait surtout à la figure humaine et au portrait; cette étude examine six de ses oeuvres. J’analyse Dora (1923), Girl Washing Dishes on a Farm, Saint-Eustache, Québec (ca. 1923), entre autres, sous l’angle de la perception changeante de la place des femmes dans la société; je discute de Nudes (1925), une étude de deux femmes nues, dans le contexte des attitudes puritaines envers le corps qui prévalaient à l’époque et en rapport avec le Nude in a Studio de Lilias Torrance Newton et Sleeping Woman de Randolph Hewton.
En 1927, Seiden rencontre Eric Goldberg à Paris et si elle peint toujours au début de leurs fréquentations, elle cessera peu après son mariage. Pendant tout le reste de sa vie, Seiden se dévoua à la promotion de la carrière de son mari. Lorsque ce dernier mourut en 1969, elle fut inconsolable et ce n’est que plus tard qu’elle se remit à peindre mais elle n’avait alors plus l’énergie ni la motivation nécessaires pour poursuivre. La carrière avortée de Seiden reste exemplaire des difficultés auxquelles les femmes devaient faire face (et, d’une certaine manière, auxquelles elles doivent faire face encore aujourd’hui) pour réconcilier leur vie d’épouse et d’artiste.
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