Résumés
Résumé
Depuis sa création, le David a été admiré comme le chef-d’oeuvre de jeunesse du Bernin. Baldinucci affirme que : « dans cet ouvrage, Le Bernin s’est surpassé », qu’il « a réussi à exprimer la juste colère du jeune Israélite », que la sculpture « a seulement besoin du mouvement pour devenir vivante ». Depuis ces remarques initiales, les chercheurs ont toujours continué à insister sur la vitalité du David, sur l’action même de détruire le géant, sur le fait que c’est le premier exemple depuis l’antiquité d’une figure qui lance un projectile, que Le Bernin s’est inspiré du Traité de la peinture de Léonard de Vinci, que Goliath doit être imaginé comme étant situé quelque part derrière le spectateur et, enfin, que le David reprend la picturalité des fresques d’Annibal Carrache à la galerie du palais Farnèse et plus particulièrement du Polyphème tuant Acis.
Cela dit, il existe pourtant des preuves qui laissent croire que le David a souffert d’une longue tradition de contresens et de méprises. Les questions les plus importantes comprennent la « colère » de David, la localisation de Goliath et l’« instant » que Le Bernin veut nous faire apprécier. Nous croyons et montrerons dans cet article que le David n’exprime pas tant une « colère légitime » qu’une grande focalisation et concentration mentales. David « voit » Goliath dans son esprit lorsqu’il juge mentalement de la distance de la cible, juste avant de s’élancer et de lancer son projectile sur le géant, lequel doit être imaginé au-delà de l’espace de la sculpture, quelque part derrière elle et vers la droite. De cette façon, et comme c’est aussi le cas avec Énée, Anchise et Ascanius ou encore avec Pluton et Perséphone, les spectateurs sont invités à compléter la représentation qui est devant eux plutôt qu’en faire partie.
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