Résumés
Résumé
Lors de sa construction en 1750, l’église anglicane St. Paul d’Halifax n’était qu’une simple structure rectangulaire dont l’intérieur se divisait en une nef flanquée de bas-côtés surmontés de galeries. Le choeur occupait les travées à l’extrémité de la nef, et était défini seulement par un « mobilier approprié » — comme la chaire et la sainte table. Ce ne fut que cent ans plus tard, soit en 1872, que le choeur tel un espace architectural bien définie fut ajouté à l’église sous la forme d’une boîte en saillie à l’extrémité de la nef. Cet ajout à ce moment-là n’était pas une conséquence, même tardive, comme d’aucuns pouvaient s’y attendre, du mouvement ecclésiologique et de sa revendication d’un espace distinct, séparé de celui de la nef, comme étant nécessaire à la bonne marche des rituels anglicans. Son apparition à l’église St. Paul correspond plutôt à un don spontané d’un laïc dont le seul souci était que le clergé ne disposait pas suffisamment d’espace. Son offre, faite lors d’une réunion paroissiale, fut immédiatement acceptée par la congrégation et le clergé sans aucunement discuter des répercussions éventuelles que cette forme pourraient avoir d’un point de vue liturgique ou symbolique, ou encore sans évaluer l’impact de cet ajout sur l’histoire structurale de l’église.
Selon les écrits de l’époque, il semble que seule la question pratique soit venue à l’esprit. On rencontre cette attitude à d’autres occasions lorsque l’on considérait apporter des changements à la structure physique de l’église. Aucun pasteur, marguillier, conseil paroissial ou paroissien n’a apparemment pensé à la signification, la portée ou le symbolisme d’un tel geste. Ceci est par ailleurs démontré du fait qu’à l’époque où l’église fut pour la première fois peinte en blanc à l’extérieur (en 1962), après plus d’un siècle pendant lequel elle fut brune, grise, ou même rouge brique, on ne l’a pas fait en tenant compte de sa couleur originale, de son style palladien, ou encore d’une quelconque influences des églises blanc « colonial » de la Nouvelle-Angleterre ou de son association avec celles-ci. On a plutôt choisi cette couleur pour égayer un endroit très terne du centre de la ville.
Bien qu’il y eut des différends dans l’histoire de l’église pour des questions liturgiques et rituelles, ils apparaissent plutôt isolés de la forme et du style architectural de l’édifice, qui n’étaient donc pas affectés par eux. Cette tradition de l’église St. Paul sert à nous rappeler que, dans l’interprétation de l’architecture, les historiens cherchent trop souvent des explications dans des idées et des idéaux intellectuels et spirituels, lorsque, en réalité, des actions ont été motivées par des préoccupations beaucoup plus terre-à-terre.
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