Volume 12, numéro 1, 2013
Sommaire (4 articles)
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Préface
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Psychose et impulsivité : un mauvais mariage
Amal Abdel-Baki, Nathalie Turgeon, Claire Chalfoun et An Nguyen
RésuméFR :
L'impulsivité chez le patient atteint de troubles psychotiques se manifeste par une multitude de comportements pouvant avoir un impact majeur sur l'évolution et le traitement de la maladie ainsi que sur le fonctionnement occupationnel et social. Différentes hypothèses expliquant les comportements impulsifs et leurs conséquences pour le patient et son entourage seront explorées. Des approches thérapeutiques sont identifiées afin d'améliorer la prise en charge des patients avec des troubles psychotiques présentant des comportements impulsifs et subséquemment, de diminuer l'impact des conséquences de l'impulsivité.
L'impulsivité chez les personnes souffrant de psychose a été peu traitée dans la littérature avant les années 2000. Plusieurs hypothèses peuvent expliquer cette absence, dont la difficulté de distinguer l'impulsivité de l'agressivité ou que celle-ci ait été surtout attribuée aux comorbidités des individus atteints de psychose. Dans la dernière décennie, les recherches portant sur ce sujet ont exploré majoritairement les causes de l’impulsivité (souvent mesurée en laboratoire) et ce, en lien avec des modèles théoriques. Peu d’études cliniques se sont penchées sur le traitement de l’impulsivité, malgré les manifestations cliniques fréquentes de l'impulsivité par des comportements ou des actes mentaux bien précis chez la clientèle présentant des troubles psychotiques. Pourtant, il est primordial de s'y attarder puisque l'impulsivité peut engendrer de lourdes conséquences dont un risque accru d’agressivité et de violence (Barratt, 1991; Barratt & Felthous, 2003; Quanbeck et al., 2007; Volavka & Citrome, 2008) ainsi que de comportements suicidaires (Mann,Waternaux, Haas, & Malone, 1999; Gut-Fayand et al., 2001; Iancu et al., 2010). De plus, elle jouerait un rôle majeur dans le développement et la persistance des troubles de toxicomanie comorbides (Bickel, Odum & Madden, 1999; Dervaux et al., 2001; Krishnan-Sarin et al., 2007) compliquant ainsi le traitement chez les individus atteints de psychose.
Malgré l'absence de consensus sur sa définition, l’impulsivité est généralement exprimée par une conduite ou une réaction (à des stimuli internes ou externes) rapide, spontanée, excessive, non planifiée, potentiellement mal adaptée et pouvant être dangereuse qui ne tient pas compte des possibles conséquences négatives pour soi ou autrui (Enticott, 2006; Moeller, Barratt, Dougherty, Schmitz, & Swann, 2001). Par exemple, l’impulsivité se manifeste lorsqu’une personne fournit une réponse avant que la fin de la question ne lui soit complètement posée; lorsqu’une personne manifeste un acte violent sérieux non planifié ; lorsqu’une personne présente sa démission au travail sans penser aux conséquences de cette décision ou lorsqu’une personne rompt son bail de logement pour emménager rapidement avec un nouveau conjoint qu’elle ne connaît que depuis une semaine. Les individus atteints de schizophrénie seraient plus impulsifs comparativement à la population générale (Dursun, Szemis, Andrews, Whitaker, & Reveley, 2000; Enticott, Ogloff, & Bradshaw, 2008; Kaladjian, Jeanningros, Azorin, Anton, & Mazzola-Pomietto, 2011) et certains suggèrent même que l’impulsivité serait un concept central (‘core feature’) de la schizophrénie (Heerey, Robinson, McMahon, & Gold, 2007; Kester et al., 2006).
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Impulsivité et psychiatrie : de nouveaux outils pour mieux la définir, l’évaluer, la prévenir et la traiter
Christian C. Joyal et Alexandre Dumais
RésuméFR :
Bien que l’impulsivité soit l’une des manifestations les plus couramment rencontrées en psychiatrie et en psychologie clinique, elle demeure difficile à prévoir, à mesurer, à traiter, voire même à définir. Le principal objectif de cette conférence était de proposer une définition claire et opérationnelle du construit multidimensionnel de l’impulsivité, pour ensuite résumer les troubles mentaux qu’elle affecte et présenter des instruments de mesure plus sensibles susceptibles de faciliter l’évaluation psychiatrique au quotidien. Il s’agissait également de proposer l’utilisation en psychiatrie de techniques neurologiques peu coûteuses et faciles d’accès pour non seulement évaluer les risques d’impulsivité individuels, mais aussi pour les diminuer. Ces outils pourraient s’implanter dans tout milieu clinique et s’avérer complémentaires aux approches conventionnelles.
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Impulsivité et troubles liés à une substance : un mélange explosif !
Florence Chanut
RésuméFR :
Un nombre croissant d’études utilisant des techniques comportementales, neurobiologiques et d’imagerie confirment une forte association entre l’impulsivité et les comportements dits «addictifs» (entrainant une dépendance), telle que le jeu pathologique, les comportements alimentaires excessifs et les troubles liés à une substance. Les troubles liés à l’usage d’une substance sont la forme la plus étudiée de comportements «addictifs». Le présent article se veut un résumé des données scientifiques actuelles liant toxicomanie et impulsivité, en terminant par quelques pistes de traitement adaptées aux moyens cliniques courants.
EN :
A strong association exists between impulsivity and addictive behaviors, such as pathological gambling, compulsive eating and substance use disorders, according to a growing number of scientific studies using neurobiological, behavioral and imaging techniques. Substance use disorders are by far the most studied addictive behaviors. This article summarises current empiral data linking impulsivity and substance use disorders, ending with a few treatment guidelines adapted to most clinical setups.