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Le Guide pratique de recherche en réadaptation traite de la réadaptation selon un point de vue principalement technique. Sylvie Tétreault et Pascal Guillez, ergothérapeutes de formation, signent l’ouvrage à titre de codirecteurs et puisent la plupart des exemples dans leur milieu de pratique. Les chercheurs issus d’autres domaines, comme la psychoéducation ou l’orthopédagogie, tireraient profit à prendre connaissance de ce livre polyvalent qui comporte une foule d’informations. Après quelques textes d’usage (remerciements, préface et introduction), le livre comprend 11 chapitres dont plusieurs renferment des sections distinctes parfois signées par des chercheurs provenant d’autres pays francophones.
Plus spécifiquement, les deux premiers chapitres exposent l’historique de la réadaptation dans les pays francophones, puis le développement de la recherche dans ce domaine. Dans le troisième chapitre, Tétreault propose divers moyens de formuler une question de recherche claire et précise.
La première partie du chapitre, Apprivoiser la recherche, présente un lexique bonifié. Plusieurs termes sont explicités et regroupés entre autres en fonction des méthodes soit qualitative ou quantitative. Cette partie aurait pu faire l’objet d’une annexe parmi les autres. La deuxième section propose des conseils variés sur la recherche dans les bases de données : de l’utilisation d’opérateurs logiques lors d’une requête documentaire à la structure habituellement employée dans un article scientifique, en passant par des logiciels pour aider à la traduction d’écrits en langue anglaise.
Le cinquième chapitre fait état du Guide francophone pour une analyse systématique des articles scientifiques (GRASAS) et de la grille synthèse qui l’accompagne. Concrètement, il s’agit de tableaux qui balisent les éléments dont il faut tenir compte dans divers types de textes scientifiques.
Le chapitre suivant traite des instruments de mesure standardisés, et distingue la fidélité, la validité ainsi que la sensibilité au changement. À l’aide d’exemples, les auteurs (Leiser et Kühne) permettent au lecteur de saisir l’essentiel de ces trois notions.
Le chapitre sept s’arrête plus longuement sur les écrits scientifiques. Une première section, plus générale, précise la fonction et les étapes d’une recension d’écrits. Les parties suivantes détaillent brièvement, mais tout en restant limpides, divers types de recension dont la revue systématique, la méta-synthèse, la méta-analyse, l’étude de la portée (scopingreview) et l’utilisation des lignes directrices.
Le huitième chapitre décrit ce que les auteurs appellent des méthodes de recherche plus traditionnelles en matière de réadaptation, soit l’entretien, le questionnaire, le sondage, la technique Delphi et le récit de vie. Ces sections se distinguent par le souci de fournir plusieurs conseils pratiques et autant de suggestions quant à la manière d’organiser ces méthodes et d’en disposer. Par exemple, le tableau 1 de la section sur l’entretien de recherche montre des comportements pertinents face au silence, aux pleurs, ou aux réponses fautives de la part des personnes interrogées.
Le chapitre neuf traite des approches de recherche effectuées en groupes. Certaines sont plus habituelles, comme l’observation participante ou le focus groupe, tandis que d’autres initient à de nouvelles perspectives, comme le groupe nominal, la méthode TRIAGE ou le forum ouvert. Encore une fois, plusieurs tableaux explicites permettent aux chercheurs novices de prévoir une collecte dans les moindres détails.
Le chapitre suivant décrit trois méthodes de recherche innovantes, dont une importante section est consacrée à la recherche-action participative (RAP). Les auteurs se montrent encore généreux ici en fournissant un premier tableau qui schématise et compare les éléments essentiels de plusieurs recherches utilisant cette approche et un second qui indique des ressources Internet pour en apprendre davantage sur la RAP. Les deux sections suivantes détaillent la recherche évaluative et la méthode Q.
Le dernier chapitre explore d’abord les adaptations méthodologiques à mettre en place lorsque les participants présentent des limites cognitives. De nombreuses suggestions et plusieurs moyens pour faciliter les interactions sont fournis. La deuxième section, moins reliée à la première, scrute avec finesse l’épineuse question de la scientificité de la recherche qualitative et décrit succinctement les critères retenus. Ces sections auraient pu faire l’objet de deux chapitres distincts. Comme les chercheurs donnent de plus en plus d’importance à l’avis des répondants eux-mêmes, un chapitre entier pourrait être consacré à différents types d’adaptations. Quelques sections spécifiques pourraient par exemple suggérer les accommodations possibles dans le cas des recherches auprès d’enfants, de personnes à mobilité réduite ou encore dans le cas du traitement de sujets délicats.
De façon globale, ce livre procure une excellente vue d’ensemble sur la recherche en réadaptation quant aux diverses étapes à franchir et aux multiples méthodes disponibles. Les auteurs, conscients que le guide n’est pas exhaustif, fournissent une liste de références complémentaires après chaque section. L’ouvrage a l’avantage d’être écrit en collaboration avec des chercheurs provenant de plusieurs pays francophones, ce qui permet au lecteur d’associer facilement les informations aux référents familiers.
En conclusion, bien que les 555 pages du Guide pratique de recherche en réadaptation paraissent quelque peu aride, elles renferment d’excellents repères pour quiconque désire approfondir la recherche dans le domaine de la réadaptation ou de la rééducation. On peut d’ailleurs prévoir une longue vie à cet ouvrage puisque la mention 1re édition laisse présager que les auteurs le bonifieront avec les temps.