Recensions

Le Canada dans le monde : acteurs, idées, gouvernance, sous la direction d’Aude-Claire Fourot, Rémi Léger, Jérémie Cornut et Nicolas Kenny, Montréal, Les Presses de l’Université de Montréal, coll. « Paramètres », 2019, 476 p.[Notice]

  • Maxandre Fortier

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Il nous est récemment arrivé, dans la collection Paramètres des Presses de l’Université de Montréal, l’ouvrage collectif Le Canada dans le monde, sous la direction d’Aude-Claire Fourot, Rémi Léger, Jérémie Cornut et Nicolas Kenny. Prenant comme base les 150 ans de la Confédération canadienne, le quatuor cherche autant à se questionner sur la manière dont son histoire politique est enseignée qu’à développer de nouvelles voies pour traiter des enjeux saillants et contemporains en politiques canadiennes. Pour ce faire, le quatuor a su réunir une trentaine de jeunes chercheurs, paritaires au niveau du genre, et provenant de l’ensemble des régions du Canada. L’objectif de la publication est de favoriser le développement du savoir sur la politique canadienne en français. L’ouvrage est en effet construit pour être utilisé dans le cadre du Programme en affaires publiques et internationales de l’Université Simon Fraser – où les directeurs enseignent – et plus largement pour être adapté à l’enseignement en français dans un contexte minoritaire. La manière dont les thématiques sont abordées sort donc du cadre « Québec vis-à-vis le reste du Canada » présent dans les ouvrages conçus dans cette province. En ce qui a trait à sa structure, l’ouvrage est divisé en cinq parties qui couvrent chacune une dimension importante de la matière couverte dans les premières années du baccalauréat en science politique. Elles débutent toutes par un chapitre qui brosse un portrait historique de la thématique générale afin de l’inscrire dans le temps et d’en relever l’évolution. L’un des attraits du collectif est qu’il adopte, à travers ses 25 chapitres, une approche multidisciplinaire qui conjugue, en plus de l’histoire, la science politique, la politique publique et les relations internationales. La première partie de l’ouvrage s’intéresse aux institutions et aux acteurs de la politique canadienne. Parmi les chapitres qu’elle regroupe, ceux de Thierry Giasson et Éric Montigny (p. 81-98) et d’Anahi Morales Hudon et Rachel Sarrasin (p. 99-118) se démarquent par leur substance et leur capacité à faire état des transformations récentes en politique canadienne. Les premiers décrivent adroitement la façon dont les technologies viennent bouleverser le régime partisan canadien et la manière dont la nouvelle militance s’exprime. Les secondes font état de l’évolution de la place des mouvements sociaux au Canada à l’aide d’une comparaison éclairante entre le mouvement étudiant au Québec et le mouvement autochtone à l’échelle canadienne. La seconde partie, dédiée aux identités, débute par un chapitre qui trace l’histoire de la citoyenneté au Canada en relevant son bagage colonial et en la mettant en contraste avec les expériences britannique et étatsunienne, qui ont influencé la politique canadienne et qui continuent de le faire (Claude Couture, p. 121-137). Il ressort avantageusement des autres chapitres à vocation historique du volume. Le chapitre de Janique Dubois sur les peuples autochtones (p. 139-158) est sans contredit le point fort de cette partie. L’auteure arrive de façon habile à revenir sur la place des Autochtones durant la période de colonisation précédant la Confédération, en plus des pratiques coloniales du Canada après 1867. C’est surtout l’espace accordé à la mobilisation politique et juridique des peuples autochtones ainsi qu’à la présentation de concepts politiques autochtones, tel Miyo-Wicehtowin/vivre en harmonie (p. 142), qui rendent le chapitre si complet. Autrement, la section est hétéroclite au regard des sujets abordés. Après la lecture des deux premières parties, le lecteur ne peut que se questionner sur la manière dont celles-ci ont été construites. Pourquoi, en effet, avoir intégré les chapitres sur les peuples autochtones (Janique Dubois), sur les communautés francophones minoritaires (Martin Normand) ou la représentation des femmes (Jackie F. Steele) dans la section « identités » ? …