Recensions

Étudier la religion au Québec. Regards d’ici et d’ailleurs sous la direction de David Koussens, Jean-François Laniel et Jean-Philippe Perreault, Québec, Presses de l’Université Laval, 2020, 677 p.[Notice]

  • Etienne Lapointe

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La Société québécoise pour l’étude de la religion (SQÉR) se veut un forum réunissant des chercheurs où ceux-ci peuvent réfléchir à la refondation du champ de recherche spécifique de l’« étude de la religion » à la suite des transformations au sein des départements et des facultés universitaires qui s’y consacrent. C’est dans la perspective d’une relance des activités de la SQÉR après une pause d’une quinzaine d’années que s’inscrit cet ouvrage rassemblant des textes issus de deux colloques. D’abord, « Le religieux où on ne l’attend pas », qui s’est tenu à l’Université McGill en mai 2016 dans le cadre du Congrès de l’ACFAS. Ensuite, celui auquel le titre du livre est emprunté, « Étudier la religion au Québec. Regards d’ici et d’ailleurs », organisé à l’Université du Québec à Montréal (UQAM) en décembre 2017. Sont ainsi réunis 33 textes rédigés par 39 auteurs qui sont, pour la plupart, issus de la sociologie et dont l’objectif commun est de porter un regard critique sur la pertinence et l’utilité de l’étude de la religion en tant que révélateur des identités multiples d’une société, en l’occurrence la société québécoise. Le livre, qui s’ouvre sur une introduction offerte par les professeurs qui ont dirigé cet imposant ouvrage collectif dans lequel sont soulignées tant l’actualité que la vitalité renouvelée du champ de recherche – comme en font foi les nombreuses collaborations qui y sont réunies –, est divisé en quatre parties et comprend 32 chapitres suivis d’une postface. Les contributions de la première partie adoptent une approche historique et abordent l’évolution des structures d’enseignement et de recherche de la religion dans quatre universités québécoises, soit l’UQAM, l’Université de Montréal, l’Université de Sherbrooke et l’Université Laval (chap. 1-4). Les trois chapitres suivants portent quant à eux sur la mise sur pied de structures associatives, notamment la SQÉR (chap. 5), et proposent un bilan de l’évolution des études théologiques au Québec (chap. 6) ainsi qu’un bilan de l’histoire religieuse depuis le début de ce siècle (chap. 7). Les chapitres 8 à 13 constituent la deuxième partie consacrée à des enjeux épistémologiques. D’abord, É.-Martin Meunier se demande si l’étude du religieux et de la religion peut se justifier en elle-même, c’est-à-dire s’il est possible d’en faire l’étude sans d’abord l’insérer au sein d’une autre thématique afin d’en assurer la pertinence ou encore la légitimité (chap. 8). Une question similaire est explorée par Mireille Estivalèzes qui s’inquiète de la « perte d’intelligibilité du passé et [de la] compréhension de l’époque actuelle » (p. 210), qui peut résulter de l’absence de mise en relations entre culture religieuse et études littéraires (chap. 11). Brigitte Caulier se penche sur l’apport potentiel de l’histoire dans la mise en lumière des religions populaires s’écartant des cadres normatifs institutionnels (chap. 9). Pour sa part, Gilles Routhier s’intéresse à l’évolution de la théologie québécoise en soulignant « l’évolution des destinataires » comme facteur principal des mutations des études théologiques s’inscrivant dans le cadre plus large des transformations de la société québécoise (chap. 10). Valérie Amiraux et Paco Garcia s’attardent aux manières d’analyser l’islam et les musulmans au Québec depuis les années 1980, une étude qui révèle quelques « impensés sociologiques » à propos de cette tradition et de ces acteurs (chap. 12). Enfin, Géraldine Mossière s’intéresse à la notion de spiritualité dans les milieux de santé, réactualisant les rapports entre santé et salut et témoignant « des mécanismes de construction d’une catégorie de la religion qu’on pourrait qualifier de sécularisée » (chap. 13, p. 249). La partie suivante, qui compte pour le tiers de l’ouvrage, rassemble des contributions posant le religieux comme un révélateur …