Recensions

Christophe Colomb découvre enfin l’Asie : intégration économique, chaînes de valeur et recomposition transpacifique, sous la dir. de Mathieu Arès et Éric Boulanger, Montréal, QC, Athéna Éditions, coll. « Économie politique internationale », 2016, 231 p.[Notice]

  • Catherine Viens

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On retrouve au coeur de l’ouvrage Christophe Colomb découvre enfin l’Asie : Intégration économique, chaînes de valeur et recomposition transpacifique, dirigé par Mathieu Arès et Éric Boulanger, l’idée que l’on est passé d’un commerce des biens à un commerce des fonctions entre l’Asie et les Amériques. Pour les auteurs, les firmes en sont le principal vecteur et les États doivent par conséquent jongler entre leurs objectifs politiques et les intérêts économiques de ces « nouveaux » acteurs (p. 9). Alors que la littérature est abondante pour témoigner des opportunités et des défis qu’implique cette relation économique entre l’Asie et les Amériques, peu d’auteurs s’attardent à identifier les différentes stratégies nationales des États au sein de ce « nouveau » commerce – c’est à cet égard que l’ouvrage offre une contribution importante (p. 10). Pour ce faire, les auteurs ont choisi d’adopter une approche d’économie politique afin de présenter une vision dynamique de cette nouvelle relation à un moment où les États doivent savoir se positionner stratégiquement au sein de la nouvelle division du travail qu’a apportée la mondialisation (p. 11). Divisé en trois parties distinctes et onze chapitres, l’ouvrage vise à : présenter d’abord le positionnement stratégique des Amériques vers l’Asie ; comprendre ensuite la présence asiatique en Amérique ; illustrer finalement la complexité de leurs relations par la compétitivité et les chaînes de valeur mondiales (CVM). Respectivement codirecteur de l’Observatoire des Amériques et de l’Observatoire de l’Asie de l’Est, Arès et Boulanger forment le parfait duo pour diriger cet ouvrage collectif auquel participent seize auteurs issus des sciences politiques et économiques et du domaine des relations internationales. Les recherches du politologue Mathieu Arès portent effectivement sur l’économie politique internationale ainsi que sur le régionalisme et les politiques commerciales dans les Amériques. Éric Boulanger, aussi politologue, s’intéresse quant à lui au régionalisme asiatique et plus récemment à la politique commerciale du Japon. Tel que mentionné, la contribution qu’apporte cet ouvrage collectif à l’avancement des connaissances concerne dans un premier temps l’identification du positionnement national des États dans ce nouveau modèle de commerce. Pour comprendre d’abord le positionnement national des Amériques envers l’Asie, le chapitre de Christian Deblock et David Dagenais s’inscrit dans la littérature portant sur le régionalisme d’interconnexion. S’intéressant à l’accord de partenariat transpacifique (PTP), ces auteurs apportent une contribution importante lorsqu’ils y voient l’émergence d’accords régionaux de « troisième génération », qui, contrairement au modèle de l’accord de libre-échange nord-américain (ALENA), visent à connecter les économies éloignées plutôt qu’à les intégrer (p. 31). En s’attardant aux déséquilibres qui marquent les relations sino-brésiliennes, Any Freitas soulève quant à elle l’approche « pragmatique responsable » du Brésil envers une Chine qui le perçoit comme un « pays ressource » et qui met de l’avant une « multipolarité à la chinoise » qui s’avère peu inclusive pour les économies émergentes (p. 52). Patrick Leblond et Joseph H. Chung soulèvent finalement l’absence d’une stratégie économique à long terme du Canada envers l’Asie (p. 93). En ce qui a trait ensuite aux stratégies de l’Asie envers l’Amérique, Lin Ting-sheng et Florian Gauthier utilisent d’abord le cadre analytique de « culture stratégique » pour expliquer la géopolitique de la Chine en Amérique latine (p. 107). Ces auteurs défendent l’idée que les actions de la Chine à l’égard de cette région du monde s’inscrivent dans une logique de « défense active » dans le sens où elles sont motivées par les activités des États-Unis en Asie de l’Est (p. 120). Plus précisément, la stratégie nationale chinoise à l’égard des Amériques s’inscrit dans les bases idéationnelles de « coexistence pacifique » de la politique étrangère …