FR :
En prenant appui sur les théories de l’intersectionnalité et postcoloniales, cet article se propose d’explorer les nouvelles grammaires de l’injustice sociale lorsqu’on prend au sérieux le caractère coextensif du capitalisme, du sexisme et du racisme conçus comme systèmes sociaux globaux et de dégager la signification des luttes sociales qui se développent contre ces injustices. Dans la première partie, en prenant appui sur les analyses de Young concernant les diverses facettes de l’injustice et sur celles de Renault qui propose une problématisation théorique de l’injustice, il est fait mention des procédés de domination/assujettissement qui confortent ces injustices. La deuxième partie s’appuie sur la notion de subjectivation politique développée par Rancière pour soutenir que les mouvements de luttes contre l’injustice ne peuvent se réduire à des mouvements identitaires, même s’ils sont susceptibles de recourir à ce que Spivak qualifie « d’essentialisme stratégique », et relèvent plutôt d’une volonté de rendre le monde véritablement commun. C’est d’ailleurs ce qui explique le recours au langage des droits pour construire ce monde commun en tentant d’échapper aux logiques de la domination.
EN :
Building on intersectionality and postcolonial theories, this paper attempts to develop a vision of social injustices that takes into account the intersection of comprehensive social systems such as capitalism, sexism and racism and to characterize social struggles against those injustices. The first part, bringing together Young’s analysis of the various faces of injustice and Renault’s theoretical investigation of injustice in contemporary societies, seeks ways to evaluate processes of domination that reinforce those injustices. The second part, using Rancière’s idea of political subjectivation, argues that social movements struggling against those injustices cannot be labeled merely as identity politics, even if they can develop some kind of “strategic essentialism.” This research views them rather as ways to make the world truly common, that is, shared by everyone on the basis of equality. In conclusion, the article highlights the potential of appealing to rights in building this common world and trying to avoid dominations.