Recensions

L’État et la société civile sous le joug de la gouvernance, sous la dir. de Christian Rouillard et Nathalie Burlone, Québec, Les Presses de l’Université Laval, 2011, 280 p.[Notice]

  • Iain Gow

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Ce collectif présente une douzaine d’études destinées à évaluer la pertinence du concept de la gouvernance en administration publique et en analyse de politiques. Issu d’une conférence tenue en 2006, il vise à vérifier si la gouvernance est une « innovation rhétorique ou un changement paradigmatique ». Le titre laisse songeur, car la gouvernance implique plus de joueurs que l’État et la société civile et qu’on ne voit pas de joug dans ce texte. À notre avis, le livre devrait s’appeler « L’analyse des politiques publiques sous l’éclairage de la gouvernance » ou « à l’aune de la gouvernance », car il s’agit de voir comment les idées associées au concept de gouvernance influencent les objets et les stratégies de recherche ainsi que les contenus théoriques. Le livre est organisé en quatre parties titrées : « La reconfiguration de l’espace public », « La légitimité et la confiance », « La transformation par les idées » et « La participation publique ». On pourrait aussi les classifier selon leur genre ; les textes portant sur la théorie et la méthodologie viennent en introduction et en conclusion de Christian Rouillard et Nathalie Burlone ainsi que des chapitres de Dalie Giroux et de Francis Garon et Éric Montpetit. En deuxième lieu, il y a quatre textes qui explorent des problématiques propres à la mise en application de la notion de gouvernance à divers domaines des politiques publiques. Un troisième groupe de cinq chapitres combine ce genre de réflexion et des études empiriques menées par les auteurs. Disons d’emblée qu’il s’agit d’un livre intéressant et bien édité (avec quelques exceptions assez amusantes dans les notes du chap. 10). Il témoigne de l’intérêt que peut apporter la notion de gouvernance, mais aussi de ses importantes faiblesses. Résumons les conclusions des auteurs sur les différents domaines d’application avant de discuter des chapitres théoriques. Il y a quatre chapitres qui analysent de façon générale la contribution de cette notion à des domaines particuliers des politiques. Le chapitre de Christian Rouillard et Mélanie Bourque discute de « Gouvernance, managérialisme et mesure de la performance : la réforme du secteur de la santé et des services sociaux au Québec ». Composé surtout d’un retour historique sur l’évolution du secteur ainsi que des réformes récentes de l’administration publique québécoise, le chapitre aboutit à la conclusion que le système public « emprunte de plus en plus des caractéristiques au système entrepreneurial » (p. 50). Ensuite, Patrik Marier aborde les régimes de pensions publics d’un point de vue de gouvernance. Il observe que ni la Régie des rentes du Québec ni le Régime de pensions du Canada ne font de place aux partenaires sociaux dans la gestion de leur plan respectif. Ceux-ci sont d’ailleurs de plus en plus inadaptés au marché de travail actuel où les emplois sont souvent précaires et les carrières souvent interrompues. Les personnes âgées sont les mieux organisées des parties prenantes et ont, de ce fait, un droit de veto sur toute réforme éventuelle. Une troisième réflexion, de Nathalie Burlone et Jean-Pierre Couture, traite de « Gouvernance et choix d’instruments de politique familiale ». Ces auteurs considèrent que, ici encore, les politiques traditionnelles (basées sur la responsabilité familiale) ne correspondent plus aux réalités contemporaines. À l’opposé de cette version « privatiste », ils prônent une « responsabilité collective à l’égard de la famille ». Pour sa part, Jean Mercier écrit que les idées, les institutions et les instruments de politiques publiques sont tous importants pour le développement du transport durable dans les villes. Cependant, si la présence de plusieurs acteurs confirme l’un des postulats de la gouvernance, …