Recensions

La politique, jeux et enjeux. Action en société, action publique et pratiques démocratiques, de Raymond Hudon et Christian Poirier, Québec, Les Presses de l’Université Laval, 2011, 471 p.[Notice]

  • Mamadou Lamine Sarr

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Indubitablement, cet ouvrage est une réponse aux idées reçues qui façonnent l’image peu reluisante dont jouit la politique en général dans la société. En effet, les auteurs, Raymond Hudon, professeur titulaire de science politique à l’Université Laval, et Christian Poirier, professeur adjoint à l’Institut national de la recherche scientifique – Urbanisation Culture Société, livrent un plaidoyer pour l’activité politique en présentant son évolution et en soulignant son caractère pacificateur dans les conflits inéluctables, voire indispensables à toute société démocratique. Dans ce livre à portée pédagogique mais qui s’adresse également à tout citoyen s’intéressant à la chose politique, Hudon et Poirier développent leurs arguments autour de trois grandes parties qui font respectivement référence à la politique, aux acteurs de la politique et enfin aux conditions auxquelles elle s’exerce. Dans la première partie qui regroupe les deux premiers chapitres, les auteurs s’adonnent à un exercice de conceptualisation de la politique. Le premier chapitre est l’occasion pour les auteurs de mettre en perspective l’importance de la politique dans le sens où elle permet, par le compromis, de négocier les conflits sociaux et politiques qui surgissent de la « diversité et de la divergence des intérêts » (p. 58) dans la société. Après une riche revue de littérature, ils finissent par définir la politique comme une « activité sociale qui, partant de la reconnaissance de la diversité, vise l’intégration ordonnée des différences grâce à la négociation de compromis entre acteurs désireux de convertir leurs rapports conflictuels en procédures de gestion méthodique de leurs désaccords » (p. 53). Dans le deuxième chapitre, Hudon et Poirier soulignent que les rapports conflictuels dénotent aussi des relations de pouvoir entre acteurs. Ils définissent le pouvoir comme cette « capacité d’un acteur à réaliser ses intérêts propres dans le cadre de relations avec d’autres acteurs » (p. 75). La fonction de la politique de réglementer les conflits politiques qui sont issus des rapports d’inégalité nécessite deux choses essentielles. D’abord, une structuration des intérêts à travers une organisation, c’est-à-dire un cadre collectif de défense des intérêts particuliers. De plus, le rapport entre organisations cherchant le compromis est régi par une reconnaissance et une légitimité mutuellement acceptées. Ensuite, l’action politique doit s’exercer autour d’une « institutionnalisation » et d’une « constitutionnalisation » (p. 86). L’institutionnalisation est une transformation évolutive d’un mouvement vers une entité mieux structurée, mieux intégrée et surtout jouissant d’une plus grande reconnaissance. Elle assure donc la légitimité des différents acteurs politiques tout en leur conférant de nouvelles responsabilités dans le maintien de l’ordre social. La constitutionnalisation quant à elle assure la légalité des actions des acteurs par l’émission de règles et de lois. Dans la deuxième partie qui comporte six chapitres, Hudon et Poirier s’intéressent à la nature et à la forme des principales forces politiques en allant de la moins institutionnalisée (mouvement social) à la plus institutionnalisée (l’État). En effet, du chapitre 3 au chapitre 8, les auteurs passent en revue respectivement les mouvements sociaux, les classes sociales, les groupes d’intérêt, les élites, les partis politiques et enfin l’État. Chacune de ces forces politiques fait l’objet d’une analyse tant dans sa représentation que dans son rapport avec les institutions et avec les autres acteurs politiques. Premières formes d’illustration du conflit comme relation entre dominants et résistants, les mouvements sociaux situés souvent à la marge du processus institutionnel (mouvements étudiant, féministe, altermondialiste, entre autres) et les classes sociales se caractérisent par leur virtualité, contrairement aux groupes d’intérêt, aux partis politiques et à l’État qui représentent une forme plus concrète de l’action politique. Chacune de ces forces politiques est en mutation tant dans sa nature que dans ses actions …