Résumés
Résumé
Cet article s’intéressera au problème de la mobilisation collective pour entrer dans des conflits de reconnaissance en prenant en compte aussi bien la motivation que la participation à la mobilisation. Plus précisément, ce problème sera abordé en examinant la thèse classique défendue par Mancur Olson relative à la défection d’un nombre significatif d’agents rationnels pouvant affecter le succès d’une action collective et aux incitations sélectives nécessaires pour y prendre part. L’article présente un cadre théorique fondé sur le concept d’identité expressive destiné à surmonter le paradoxe d’Olson.
Abstract
This article will focus on the problem of collective mobilization for entering into conflicts of recognition taking into account both motivation and participation to mobilization. Specifically, this problem will be addressed by examining the classic argument supported by Mancur Olson relating to the defection of a significant number of rational agents that could affect the success of collective action and to the selective incentives needed to take part in it. The article presents a theoretical framework grounded on the concept of expressive identity that could overcome the Olson’s paradox.
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Parties annexes
Notes
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[1]
Christian Lazzeri, 2006, « Qu’est-ce que la lutte pour la reconnaissance ? », dans Conflits et confiance, sous la dir. de Robert Damien et Christian Lazzeri, Besançon, Presses universitaires de Franche-Comté, p. 367-371.
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[2]
Pierre Bourdieu, 1979, La distinction. Critique sociale du jugement, Paris, Seuil, p. 182 ss.
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[3]
Sur les reconnaissances de compensation, voir Michèle Lamont, 2002, La dignité des travailleurs. Exclusion, race, classe et immigration en France et aux États-Unis, Paris, Presses de Sciences Po, p. 71 ss ; Geoffrey Brennan et Philip Pettit, 2004, Economy of Esteem. An Essay on Civil and Political Society, Oxford, Oxford University Press, p. 171-176 ; Erving Goffman, 2002, L’arrangement des sexes, Paris, La Dispute, p. 56 ss ; ainsi que Peter J. Burke, 2006, « Identity Change », Social Psychology Quarterly, vol. 69, p. 81-96.
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[4]
Id.
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[5]
Tarik Tazdaït et Rabia Nessah, 2008, Les théories du choix révolutionnaire, Paris, La Découverte.
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[6]
Lazzeri, « Qu’est-ce que la lutte pour la reconnaissance ? », p. 367-371.
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[7]
Christian Lazzeri « Multiple self et reconnaissance : le processus de construction de l’identité », dans La reconnaissance : perspectives critiques, Le temps philosophique, sous la dir. d’Alice Le Goff et Marie Garrau, Université de Paris-X Nanterre, 2009 ; Axel Honneth, 2006, La société du mépris, Vers une nouvelle Théorie critique, Paris, La Découverte, p. 255. On peut requalifier les choses autrement en distinguant une « reconnaissance productive » d’une « reconnaissance reproductive » (ibid.).
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[8]
Ibid.
-
[9]
L’effet de la reconnaissance chez Axel Honneth se comprend, entre autres, à partir du rapport entre la raison et la puissance d’agir. La réalisation de soi ou l’auto accomplissement, soutient-il, consiste à pouvoir conduire librement sa vie « selon des principes rationnels » (id., p. 239) ; ce qui revient à accroître son « véritable pouvoir d’action » ou à accéder à « plus de pouvoir d’action ». (Voir Axel Honneth, 2004, « Gerechtigkeit und Kommunikative Freiheit. Überlegungen im Anschluss an Hegel » [Justice et liberté communicationnelle : réflexions à partir de Hegel], dans Subjektivität und Anerkennung [Subjectivité et reconnaissance], sous la dir. de Barbara Merker, Georg Mohr et Michael Quante, Paderborn, Mantis Verlag, p. 221 et 223 [trad. fr. de Marion Schumm, 2009, dans La reconnaissance aujourd’hui, sous la dir. d’Alain Caillé et Christian Lazzeri, CNRS Éditions (Centre national de la recherche scientifique)].
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[10]
Stephen G. Brush, 1996, « Dynamics of Theory Change in the Social Sciences. Relative Deprivation and Collective Violence », Journal of Conflict Resolution, vol. 40, no 4, p. 40-57. Il faudrait aussi mentionner certains travaux sociologiques, principalement ceux de la sociologie critique, comme on le verra plus loin.
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[11]
Sur cet antagonisme, voir : Anthony Oberschall, « Group Violence. Some Hypothesis and Empirical Uniformities », Law and Society Review, août 1970 ; et Anthony Oberschall, 1973, Social Conflicts and Social Movements, Englewood Cliffs (NJ), Prentice Hall ; Anthony Obershall, 1978, « Theories of Social Conflict », Annual Review of Sociology, no 4, p. 291-315 ; J. Craig Jenkins, 1983, « Resources Mobilization Theory and the Study of Social Movements », Annual Review of Sociology, no 9, p. 527-553 ; J. Craig Jenkins et Kurt Schock, 1992, « Global Structures and Political Processes in the Study of Political Conflict », Annual Review of Sociology, no 18, p. 161-185 ; J. Craig Jenkins et Charles Perrow, 1977, « Insurgency of the Powerless », American Sociological Review, no 42, p. 249-268 ; Joan N. Gurney et Kathleen J. Tierney, 1982, « Relative Deprivation and Social Movements. A Critical Look at Twenty Years of Theory and Research », The Sociological Quarterly, no 23, p. 33-47 ; William A. Gamson, 1975, The Strategy of Social Protest, Homewood (IL), The Dorset Press ; John D. McCarthy et Mayer N. Zald, 1977, « Resource Mobilization and Social Movements : A Partial Theory », American Journal of Sociology, vol. 82, no 6, p. 1212-1241 ; Ralph M. Turner et Lewis M. Killian, 1972, Collective Behavior, Englewood Cliffs (NJ) Prentice-Hall ; Charles Tilly, 1978, From Mobilization to Revolution, New York, Random House ; Didier Lapeyronnie, 1988, « Mouvements sociaux et action politique. Existe-t-il une théorie de la mobilisation des ressources ? », Revue française de sociologie, vol. 29, no 4, p. 593-619 ; Alessandro Pizzorno, 1990, « Considérations sur les théories des mouvements sociaux », Politix, vol. 3, no 9. Il existe cependant des tentatives de synthèse entre les deux modèles ; voir Ronny Lindstrom et Will H. Moore, 1995, « Deprived, Rational or Both ? “Why Minorities Rebel” Revisited », Journal of Political and Military Sociology, no 23, p. 167-190, ainsi que Marnie Sayles, 1981, « Relative Deprivation and Collective Protest : an Impoverished Theory ? Sociological Inquiry, vol. 54, no 4, p. 449-465 ; Pizzorno, « Considérations sur les théories des mouvements sociaux », op. cit. Mais il existe aussi un refus de considérer la pertinence de chacun d’eux, voir Harold R. Kerbo, 1982, « Movements of Crises and Movements of Affluence. A Critique of Deprivation and Resource Mobilization », Journal of Conflict Resolution, vol. 26, no 4, p. 645-663.
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[12]
Samuel A. Stouffers, 1949, The American Soldier. Adjustment during Army Life, Princeton, Princeton University Press ; William Kornhauser (1959) usait aussi de l’expression dans The Politics of Mass Society, Glencoe (IL), The Free Press, p. 159-160. (Cité dans Olivier Fillieule et Cécile Péchu, 1993, Lutter ensemble. Les théories de l’action collective, Paris, L’Harmattan, p. 49.)
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[13]
Karl Marx, 1972, Travail salarié et capital, Éditions sociales, p. 41.
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[14]
Alexis de Tocqueville, 1952, L’Ancien Régime et la Révolution, Paris, Gallimard, t. I, p. 223. Jean-Paul Sartre formule lui aussi cette thèse dans L’être et le néant (1970, Paris, Gallimard, p. 489) : « Car il faut ici inverser l’opinion générale et convenir que ce n’est pas la dureté d’une situation ou les souffrances qu’elle impose qui sont des motifs pour qu’on conçoive un autre état de choses où il en irait mieux pour tout le monde ; au contraire, c’est à partir du jour où l’on peut concevoir un autre état de choses qu’une lumière neuve tombe sur nos peines et sur nos souffrances et que nous décidons qu’elles sont insupportables. »
-
[15]
Ted Robert Gurr, 1970, Why Men Rebel ? Princeton (NJ), Princeton University Press, p. 47-56 ; Ted Robert Gurr, 1969, « A Comparative Study of Civil Strife », dans Violence in America : Historical and Comparative Perspective, sous la dir. de Hugh D. Graham et Ted Robert Gurr, Washington (DC), US Government Printing Office ; Ted Robert Gurr, 1968, « Psychological Factors of Civil Violence », World Politics, vol. 20, no 2 ; James C. Davies, 1962, « Toward a Theory of Revolution », American Sociological Review, no 27 ; James C. Davies, 1974, « The J-Curve of Rising and Declining Satisfaction as a Cause of Great Revolutions and a Contained Rebellion », dans Violence in America, op. cit. ; James C. Davies, 1974, « The J-Curve and Power Struggle Theories of Collective Violence », American Sociological Review, vol. 39, no 4 ; Walter G. Runciman, 1966, Relative Deprivation and Social Justice, Berkeley (CA), University of California Press ; voir aussi James Coleman, 1998, Foundations of Social Theory, Cambridge (MA), Belknap Press of Harvard University, chap. XVIII.
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[16]
Davies, « Toward a Theory of Revolution », p. 10 ss.
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[17]
Voir les trois types de courbes en « J » en annexe.
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[18]
On renonce à utiliser ici la terminologie proposée par Reeve D. Vanneman et Thomas F. Pettigrew 1971, dans leur article (« Relative Deprivation in the Urban United States », Race, no 13, p. 465), lorsqu’ils parlent de « frustration égoïste » (egoistic deprivation) pour désigner simplement une frustration de type individuel, car cette expression présuppose déjà une thèse anthropologique tout comme elle restreint ici le sens de la notion de frustration relative, ainsi qu’on le verra plus loin.
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[19]
Emile Benoit-Smullyan, 1944, « Status Type and Status », American Sociological Review, vol. IX ; Gerhard E. Lenski, 1954, « Status Crystallization : a Non-vertical Dimension of Social Status », American Sociological Review, vol. 19. Pierre Bourdieu utilise de façon centrale ce type d’« expectation frustrée » liée au statut dans La distinction… (p. 180-184), ainsi que dans Homo Academicus (1984, Paris, Seuil, p. 213). Dans ses Foundations of Social Theory (op. cit., chap. XVIII), James Coleman unifie les trois courbes de Ted Robert Gurr et le status discrepancy.
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[20]
Raymond Boudon, 1977, « La logique de la frustration relative », Effet pervers et ordre social, Paris, Presses universitaires de France.
-
[21]
James C. Davies, 1959, « A Formal Interpretation of the Theory of Relative Deprivation », Sociometry, vol. 22, no 4 (p. 285 ss concernant le livre de Stouffers).
-
[22]
A. Stacy Adam, 1964, « Inequity in Social Exchange », dans Avances in Experimental Social Psychology, sous la dir. de Leonard Berkowitz, Academic Press Reprint, p. 267 ss.
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[23]
De ce point de vue, la définition de la frustration relative fournie par Walter G. Runciman (Relative Deprivation and Social Justice, p. 9) se révèle restrictive. Celui-ci note qu’ : « on peut grossièrement dire que A est relativement frustré de x si (1) il n’a pas x, (2) il voit une personne ou plusieurs autres personnes, incluant éventuellement lui-même dans le passé ou dans l’avenir, comme ayant x (que ce soit, ou doive ou non être en fait le cas), (3) il désire x et (4) perçoit comme plausible l’éventualité d’en disposer. Dire qu’il possède x peut naturellement vouloir dire qu’il était exempt ou indemne de y ». Ce qui le conduit à soutenir que « si les gens n’ont pas de raison d’attendre ou d’espérer disposer de plus qu’ils ne peuvent avoir, ils seront moins mécontents de ce qu’ils ont ou même simplement reconnaissants de pouvoir en disposer ». Il ne s’agit pas là d’une définition générale de la frustration relative, mais d’un cas particulier de frustration relevant du type (5). Il en va de même de l’analyse qu’en présente Raymond Boudon dans « Logique de la frustration relative » (op. cit.).
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[24]
Lorsque Anthony Oberschall (« Theories of Social Conflict », p. 300), objecte aux théories de la frustration relative qu’on ne sait pas si les comparaisons qu’elles effectuent portent sur la propre situation des individus au regard des autres groupes sociaux ou au regard de normes sociales définissant des prescriptions, il n’est pas difficile de répondre qu’on peut avoir affaire à l’une ou l’autre des deux bases de comparaison, voire à la combinaison des deux. C’est à l’étude empirique considérée de choisir la base de comparaison qui convient. On laisse par ailleurs de côté le rôle de la frustration relative, non pas comme origine du conflit, mais lorsqu’elle est produite par son développement. (Voir Walter Korpi, 1974, « Conflict, Power and Relative Deprivation », The American Political Science Review, vol. 68, no 4, p. 1569-1578.)
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[25]
Gurr, Why Men Rebel, p. 28 et chap. IV ; Gurr, « Psychological Factors of Civil Violence », p. 259-277 ; voir aussi Erik Neveu, 2005, Sociologie des mouvements sociaux, Paris, La Découverte, p. 38 ss. Anthony Oberschall l’avait pourtant reconnu dans « Group Violence… » (p. 64-65), sans pour autant en tenir réellement compte.
-
[26]
Gurr, Why Men Rebel, p. 25-26 ; James C. Davies, 1963, Human Nature in Politics. The Dynamics of Political Behavior, New York Wiley, p. 8-63.
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[27]
Ted Robert Gurr, 1993, « Why Minorities Rebel : A Global Analysis of Communal Mobilization and Conflict since 1945 », International Political Science Review, vol. 14, no 2, p. 161-201 ; Ted Robert Gurr, 1997, « Ethnopolitical Rebellion : A Cross-sectional Analysis of the 1980’s with Risk Assessment for the 1990’s », in American Journal of Political Science, vol. 41, no 4, p. 1079-1103. Parmi les travaux récents de psychologie sociale qui s’appuient sur la théorie de la frustration relative, voir Iain Walker, 1999, « Effects of Personal and Group Relative Deprivation on Personal and Collective Self-esteem », Group Processes and Intergroup Relations, vol. 24, no 4 ; Naomi Ellemers, 2001, « Social Identity and Relative Deprivation », dans Relative Deprivation : Specification, Development, and Integration, sous la dir. d’Iain Walker et Heather J. Smith, Cambridge, Cambridge University Press ; Miles Hewstone, 1998, « Social Identity Theory’s Self-esteem Hypothesis : a Review and some Suggestions », Personality and Social Psychology Bulletin, no 2 ; Peter R. Grant et Rupert Brown, 1995, « From Ethnocentrism to Collective Protest : Response to Relative Deprivation and Threats to Social Identity », Social Psychology Quarterly, vol. 58, no 3, p. 195-211.
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[28]
Oberschall, « Theories of Social Conflict », p. 298 ; Jenkins, « Resources Mobilization Theory… », p. 528 ; Jenkins et Schock, « Global Structures and Political Processes… », p. 166 ; Gurney et Tierney, « Relative Deprivation and Social Movements… », p. 45 ; Tilly, From Mobilization to Revolution, p. 206.
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[29]
Anthony Oberschall, Social Conflicts and Social Movements, p. 28 ; voir aussi Oberschall, « Theories of Social Conflict », p. 305 ss. Terry M. Moe (1980, The Organization of Interest, Chicago, University of Chicago Press) propose une définition très voisine des resources. Voir en outre Jenkins, « Resource mobilization… », p. 533.
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[30]
Tilly, From Mobilization to Revolution, p. 7.
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[31]
Jenkins, « Resources Mobilization Theory… », p. 532 ; John D. McCarthy et Mayer N. Zald, 1973, The Trend of Social Movements in America : Professionalization and Resource Mobilization, Morristown (NJ), General Learning Corporation, p. 251 ; Oberschall, « Group Violence… », p. 83 ; voir aussi Charles Tilly et Sidney Tarrow, 1972, « Hardship and Collective Violence in France, 1830 to 1960 », American Sociological Review, vol. 37 ; et le débat entre James C. Davies et les auteurs dans : Davies, « The J-Curve and Power Struggle… », op. cit. et Charles Tilly et Sidney Tarrow, 1974, « On Debating and Falsifying Theories of Collective Violence », American Sociological Review, vol. 39, no 4.
-
[32]
John D. McCarthy et Mayer N. Zald, 1980, « Social Movement Industry », Research in Social Movements, Conflict and Change, no 3 ; Oberschall, Social Conflict and Social Movements, p. 28 et 343 ; Gamson, The Strategy of Social Protest, p. 81-82. On a vu supra que la théorie de la frustration relative ne suppose pas a priori un comportement irrationnel ou rationnel des individus.
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[33]
Gurney et Tierney, « Relative Deprivation and Social Movements… », p. 38.
-
[34]
Oberschall, « Theories of Social Conflict », p. 301 ; Herbert Blumer, 1978, « Social Unrest and Collective Protest », Studies in Symbolic Interactions, vol. 1, p. 1-54.
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[35]
Gurney et Tierney, « Relative Deprivation and Social Movements… », p. 44.
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[36]
Tilly, From Mobilization to Revolution, chap. III et IV ; Charles Tilly et Sidney Tarrow, 2008, Politique(s) du conflit. De la grève à la révolution, Paris, Presses de Sciences Po, chap. I-IV ; et Daniel Céfaï, 2007, Pourquoi se mobilise-t-on ? Les théories de l’action collective, Paris, La Découverte, p. 68 ss.
-
[37]
Tilly et Tarrow, Politique(s) du conflit…, p. 231 ; Tilly, From Mobilization to Revolution, p. 206 ; voir aussi Gamson, The Strategy of Social Protest, p. 81-82.
-
[38]
Oberschall, Social movement, p. 118 ; McCarthy et Zald, 1977, « Resource Mobilization and Social Movements… », op. cit. ; Charles Tilly, 1992, « Réclamer viva voce », Culture et conflits, no 5, [http://www.conflits.org/index143.html], p. 7 ; et Tilly, From Mobilization to Revolution, p. 59-60 et 74. Cela ne signifie pas que tous les théoriciens de la mobilisation des ressources partagent cette « filiation » olsonienne.
-
[39]
Mancur Olson, 1978, Logique de l’action collective, Paris, Presses universitaires de France, p. 58 ; voir aussi Boudon, « Logique de la frustration relative », p. 38-41 et 177-178.
-
[40]
Olson, Logique de l’action collective, p. 66 ; voir aussi, dans une perspective critique à l’égard d’Olson, Pamela Oliver, 1980, « Rewards and Punishments as Selective Incentive for Collective Action : Theoretical Investigations », American Journal of Sociology, vol. 85, no 6.
-
[41]
Olson, p. 83-84 : « le statut social et la reconnaissance sociale sont des biens individuels non collectifs » [souligné par l’auteur] ; il s’agit d’incitations sélectives que, du reste, Mancur Olson ne prendra pas en compte car on ne peut mesurer empiriquement leurs effets.
-
[42]
On laissera ici de côté, faute de place, une discussion des théories dont l’objet n’est pas l’analyse des coûts de participation dans la version de Mancur Olson, mais l’évaluation des risques physiques des participants à la rébellion ou la révolution. (Voir Peter Kuril-Klitgaard, 1997, Rational Choice, Collective Action and the Paradox of Rebellion, Copenhague, Institute of Political Science and Political Studies Press ; pour une bibliographie des travaux sur cette question, voir Tazdaït et Nessah, Les théories du choix révolutionnaire, op. cit.
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[43]
Charles Tilly, 1986, « Action collective et mobilisations individuelles », dans Sur l’individualisme, sous la dir. de Pierre Birnbaum et Jean Leca, Paris, Presses de la FNSP (Fondation nationale de science politique), p. 235 ; et Anthony Oberschall et Kim Hyojoung, 1996, « Identity and Action », Mobilization : an International Journal, vol. 1, no 1, p. 83.
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[44]
Oberschall, « Theories of Social Conflict », p. 308 ; François Chazel, 1986, « Individualisme, mobilisation et action collective », dans Sur l’individualisme, op. cit., p. 250-252.
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[45]
Coleman, Foundations of Social Theory, chap. XII.
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[46]
Pamela Oliver, 1984, « If You Don’t Do It, No One Else Will », American Sociological Review, no 49. Voir aussi Pierre Favre, 1980, « Nécessaire mais non suffisante : La sociologie des “effets pervers” de Raymond Boudon », Revue française de science politique, vol. 30, no 6, p. 1238. On pourrait ajouter à ces critiques, comme le font Brian Barry et Russell Hardin (dir.) (1982, dans leur livre Rational Man, Irrational Society ? Beverly Hills, Sage publications, p. 28-29), que la thèse de Mancur Olson sur les incitations sélectives se révèle paradoxale puisqu’elle fonctionne dans le cadre de groupes sociaux déjà formés, mais qu’elle ne peut rendre compte, par définition, de l’action collective qui contribue à les engendrer : d’où pourraient provenir en effet dans ce cas les incitations sélectives ?
-
[47]
Charles Tilly, Sidney Tarrow et Doug McAdam, 1998, « Pour une cartographie de la politique contestataire », Politix, no 41, p. 20.
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[48]
Id., p. 14 ; et Tilly, From Mobilization to Revolution, p. 52.
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[49]
Tilly et Tarrow, Politique(s) du conflit…, p. 39 ; Charles Tilly et Sidney Tarrow, 2006, « How Identity Works », Hellenic Political Science Review, no 27 ; et Charles Tilly, 2004, « Social Boundary Mechanisms », Philosophy of the Social Sciences, vol. 34, no 2, p. 211-236 ; Charles Tilly, 1998, « Social Movements and (all sorts of) Other Political Interactions—Local, National—Including Identities », Theory and Society, vol. 27, no 4, p. 453-480 ; Jenkins, « Resource Mobilization Theory… », p. 538 ; Alberto Melucci, 1988, « Getting Involved : Identity and Mobilization in Social Movements », International Social Movement Research, vol 1, p. 329-348.
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[50]
Tilly et Tarrow, Politique(s) du conflit…, p. 68-69 et 137-141.
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[51]
Id., p. 141 et 310 ; voir aussi Oberschall, « Group Violence… », p. 80-81.
-
[52]
Mais ces objections ne sont jamais si clairement formulées comme dans ce qui suit, ce qui explique que nombre de critiques de la théorie de la mobilisation des ressources ne voient pas très bien en quoi cette théorie réussit vraiment à surmonter les paradoxes de Mancur Olson.
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[53]
Charles Taylor, 1997, « Quiproquos et malentendus : le débat communautariens-libéraux », dans Libéraux et communautariens, sous la dir. d’André Berten, Pablo da Silva et Hervé Pourtois, Paris, Presses universitaires de France, p. 100 ; Rick Fantasia, 1995, « From Class Consciousness to Culture, Action and Social Organizations », Annual Review of Sociology, vol. 21, p. 269-287 ; Oberschall et Hyojoung, « Identity and Action », p. 64. Pour une analyse plus approfondie du concept d’identité, voir Christian Lazzeri, « Multiple self et reconnaissance… », op. cit.
-
[54]
James M. Jaspers, 1998, « The Emotions of Protest : Affective and Reactive Emotions in and around Social Movements », Sociological Forum, vol. 13, no 3, p. 404 ss.
-
[55]
Sur la force des relations d’appartenance, voir Bert Klandermans, 2002, « How Group Identification Helps to Overcome the Dilemma of Collective Action », American Behavioral Scientist, vol. 45, no 5, p. 891. Sur la hiérarchie des statuts, le prestige ethnique et la mobilité sociale intergroupe, voir Hannah Ayalon, Eliezer Ben-Raphaël et Stephen Sharot, 1986, « The Costs and Benefits of Ethnic Identification », British Journal of Sociology, vol. 37, no 4, p. 551 ss. Sur les effets de l’organisation interne du groupe dans la constitution de l’identité, voir George A. Akerlof et Rachel E. Kranton, 2005, « Identity and the Economics of Organisation », Journal of Economics Perspective, vol. 19, no 1, p. 9-32, qui étudient les exemples de l’armée et de la firme.
-
[56]
Tilly et al., « Pour une cartographie de la politique contestataire », p. 20-21 ; Oberschall et Hyojoung, « Identity and Action », p. 65. Cette thèse est partagée par des théoriciens de l’identité comme James M. Jaspers et Francesca Polletta, 2001, « Collective Identity and Social Movements », Annual Review of Sociology, no 27, p. 294-296.
-
[57]
Tilly et Tarrow, Politique(s) du conflit…, p. 62-63, 165 et 338-339 ; Dough McAdam, 1988, « Micromobilization Contexts and Recruitment to Activism », International Social Movement Research, no 1. Voir aussi : Wiliam A. Gamson, Bruce Fireman et Steven Rytina, 1982, Encounter with Unjust Authority, Homewood, The Dorset Press ; Bruce Klandermans et Dirk Oegema, 1987, « Potentials, Networks, Innovations, and Barriers. Steps Toward Participation in Social Movements », American Sociological Review, vol. 52, no 4, p. 528 ss ; Anthony Oberschall, 1994, « Rational Choice in Collective Protest », Rationality and Society, 6 juin, p. 91 ss ; Dipak Gupta, 1993, « Le paradoxe de la rébellion : les relations interraciales aux États-Unis », Culture et conflits, no 12.
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[58]
Jean L. Cohen, 1985, « Strategy or Identity : New Theoretical Paradigms and Contemporary Social Movements », Social Research, vol. 52, no 4.
-
[59]
Tilly et al., « Pour une cartographie de la politique contestataire », p. 14.
-
[60]
Oberschall et Hyojoung, « Identity and Action », op. cit. La situation étudiée est purement idéal-typique, mais elle repose sur la connaissance et la réalisation d’études empiriques de ce type de communautés. (Voir, par exemple, Anthony Oberschall, 2000, « The Manipulation of Ethnicity : From Ethnic to Cooperation Violence and War in Yougoslavia », Ethnic and Racial Studies, vol. 23, no 6, p. 982-1001.)
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[61]
Oberschall et Hyojoung, « Identity and Action », p. 66.
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[62]
Oberschall et Hyojoung, « Identity and Action », p. 71. Ce rapport de l’identité et de l’utilité se vérifie particulièrement lorsque les auteurs proposent d’exprimer la gamme des arbitrages entre les identités sous la forme de courbes d’indifférence hiérarchisées. Celles-ci montrent toutes les configurations de choix entre les identités dont chacune possède une utilité déterminée. Chacune des courbes se définit par une série de choix d’identité qui procurent la même utilité aux individus tout en combinant différemment la proportion de ces identités (villageoise serbe / villageoise musulmane). L’utilité globale des choix sur chaque courbe demeure la même pour l’individu, mais la proportion des identités qui les composent varie et définit différents choix possibles. Il peut exister plusieurs courbes d’indifférence, U1, U2, U3, etc., supérieures ou inférieures les unes aux autres en fonction de l’augmentation ou de la diminution de l’utilité des ensembles de choix placés sur une même courbe par rapport à ceux placés sur d’autres courbes. Voir aussi les « pseudo ethnics » et les « ethnic manipulators » étudiés par James McKay, 1982, « An Exploratory Synthesis of Primordial and Mobilizationist Approaches to Ethnic Phenomena, Ethnic and Racial Studies, vol. 5, no 4, p. 406-407.
-
[63]
Amartya Sen, 2007, Identité et violence, Paris, Odile Jacob, p. 50.
-
[64]
Jon Elster, 1986, Le laboureur et ses enfants. Deux essais sur les limites de la rationalité, Paris, Minuit, p. 33 ; et Jon Elster, 2006, Raison et raisons, Paris, Fayard, p. 24-25.
-
[65]
Lazzeri, « Multiple self et reconnaissance… », op. cit.
-
[66]
Tilly et Tarrow, Politique(s) du conflit…, p. 43.
-
[67]
Ibid., p. 139.
-
[68]
Oberschall, « Rational Choice in Collective Protest », p. 91.
-
[69]
Alessandro Pizzorno, 1986, « Some Other Kind of Otherness. A Critique of Rational Choice Theory », dans Development, Democracy and the Art of Trespassing : Essays in Honor of Albert Hirschmann, sous la dir. d’Alejandro Foxley, Michael S. McPherson et Guillermo O’Donnell, Notre-Dame (IN), University of Notre-Dame Press, repris sous le titre « Fare propria un’altra alterità » [Faire sienne une autre altérité], dans Alessandro Pizzorno, 2008, Il velo della diversità, Studi su razionalità e riconoscimento [Le voile de la diversité. Études sur la rationalité et la reconnaissance], Feltrinelli, Milan. Voir aussi Céfaï, Pourquoi se mobilise-t-on ?…, p. 267 ss.
-
[70]
Pizzorno, « Fare propria un’altra alterità », p. 55 ; voir aussi du même auteur : « Decisioni o interazion ? La micro-descrizione del cambiamento sociale » [Décisions ou interactions ? La micro-description du changement social], dans Alessandro Pizzorno, 2008, Il velo della diversità…, op. cit., p. 254 ; et « Considérations sur les théories des mouvements sociaux », p. 78-79. Il est difficile de comprendre en quel sens on pourrait interpréter l’incertitude des états futurs du moi comme une « pathologie » qui rendrait la thèse d’Alessandro Pizzorno « lourde de périls », comme le fait étrangement Lilian Mathieu (2004, Comment lutter ? Sociologie des mouvements sociaux, Paris, Textuel, p. 73-74). En quoi une incertitude d’identité est-elle forcément pathologique ?
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[71]
Pizzorno, « Fare propria un’altra alterità », p. 55.
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[72]
Jon Elster, 1979, Ulysses and the Sirens. Studies in Rationality and Irrationality, Cambridge, Cambridge University Press.
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[73]
Pizzorno, « Fare propria un’altra alterità », p. 56-57.
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[74]
Richard H. Thaler et Hersh M. Shefrin, 1981, « An Economic Theory of Self-control », Journal of Political Economy, vol. 89, no 21, p. 394 ss ; Jon Elster (dir.), 1985, The Multiple Self, Cambridge, Cambridge University Press.
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[75]
Voir, par exemple, Alberto Melucci, 1980, « The New Social Movements : A Theoretical Approach », Social Science Information, vol. 19, no 2.
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[76]
Axel Honneth et Nancy Fraser, 2003, Redistribution or Recognition, A Philosophical Exchange, Londres, Verso.
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[77]
Sur ce point, lire : Edward P. Thomson, 1988, La formation de la classe ouvrière anglaise, Paris, Gallimard-Seuil ; Samuel Bowles et Herbert Gintis, 1986, La démocratie post-libérale. Essai critique sur le libéralisme et le marxisme, Paris, La Découverte, p. 213 ; et Alain Faure et Jacques Rancière (dir.) 2007, La parole ouvrière, Paris, La Fabrique.
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[78]
Christian Lazzeri, 2009, « Reconnaissance et redistribution : repenser le modèle dualiste de Nancy Fraser », dans La reconnaissance aujourd’hui, sous la dir, d’Alain Caillé et Christian Lazzeri, Paris, CNRS Éditions.
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[79]
Kurt Lewin, 1958, « Group Decision and Social Change », dans Readings in Social Psychology, sous la dir. d’Eeanor E. Maccoby, Theodore M. Newcombe et Eugene L. Haertley, New York, Holt, Rinehart et Winston ; Doug McAdam, 1982, Political Process and the Development of Black Insurgency, 1930-1970, Chicago, University of Chicago Press ; voir aussi Bourdieu, La distinction…, p. 184-185.
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[80]
Thomas H. Marshall, 1950, Citizenship and Social Class, and Other Essays, Cambridge, Cambridge University Press ; et Axel Honneth, 2000, La lutte pour la reconnaissance, Paris, Le Cerf.
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[81]
Jean-François Sabouret, 1983, L’autre Japon, les Burakumin, Paris, Maspero (La Découverte) ; Robert Deliège, Le système indien des castes, Québec, Septentrion, 2006. Cela ne signifie nullement que les castes aient disparu en Inde.
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[82]
Neveu, Sociologie des mouvements sociaux, p. 41.
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[83]
Christian Lazzeri, 2001, « La citoyenneté au détour de la république machiavélienne », dans L’enjeu Machiavel, sous la dir. de Michel Senellart et Gérald Sfez, Paris, Presses universitaires de France.
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[84]
Voir les trois courbes en « J » en annexe.
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[85]
La place manque ici, mais on peut montrer que la manifestation d’attentes croissantes de reconnaissance en (1) peut déclencher une combinaison de stigmatisation et de répression qui dégrade la situation des agents les faisant basculer dans le modèle (3), etc.
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[86]
Mathieu, Comment lutter ?, p. 141 ss.