Résumés
Résumé
À l’appui de l’analyse du conflit social des intermittents du spectacle en France traversé par des crises récurrentes depuis le début des années 1980, cet article se propose d’interroger les processus de construction d’un acteur collectif hétérogène ainsi que la continuité de l’engagement de salariés caractérisés par la discontinuité de l’emploi. L’analyse vise, d’une part, à comprendre l’émergence des coordinations et des autres collectifs de lutte dans ce mouvement et, d’autre part, à caractériser le rapport entretenu entre l’individu et le collectif. La prise en compte de l’expérience individuelle des acteurs engagés permet de révéler combien l’idéal politique défendu et le sens de l’engagement dans ces collectifs sont profondément rattachés à l’ethos artistique propre aux mondes de l’art. Bien loin de se substituer aux organisations syndicales, les collectifs deviennent des lieux de réaffirmation identitaire pour des salariés en quête de certitudes identitaires.
Abstract
In support of the analysis of the French social conflict of the intermittents du spectacle (self-employed actors and technicians), which is affected by recurring crises since the beginning of the 1980’s, this article suggests interrogating the processes involved in the construction of a heterogeneous collective actor as well as the continuance of the commitment of employees characterized by employment discontinuity. The analysis aims to understand the emergence of organizations and other collective groups in this movement and to characterize the link between individuals and collective groups. The consideration of the personal experience of the individuals who are involved in these organizations reveals how the defended political ideal and the meaning of commitment in these organizations are profoundly connected to the artistic ethos specific to Art worlds. Far from being a substitute for unions, organizations become places of reaffirmation of identity for employees in search of certainties related to their identities.
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Parties annexes
Notes
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[1]
L’emploi en contrat à durée déterminée (CDD) intermittent caractérise la forme salariale d’une activité qui s’exerce, en raison même de sa nature, d’une manière nécessairement discontinue dans le secteur des spectacles. Les intermittents du spectacle alternent de manière mécanique des périodes de travail et des périodes de non-emploi plus ou moins longues.
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[2]
Alors qu’ils étaient près de 40 000 en 1990, les intermittents du spectacle sont aujourd’hui plus de 100 000.
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[3]
La rémunération au cachet est une rémunération au forfait qui n’est valable que pour les artistes et les réalisateurs.
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[4]
Nous parlons ici de « groupe professionnel » en ce que le régime d’indemnisation spécifique, dont les intermittents du spectacle relèvent, participe profondément à leur construction identitaire. En effet, il agit comme un support individuel et collectif propice à leur individuation professionnelle. De même, leur appartenance aux milieux des spectacles engendre le développement d’une éthique professionnelle commune. Aussi, sans pour autant parler d’activité semblable, nous reprenons la définition qu’en donne Claude Dubar (2003, « Sociologie des groupes professionnels en France. Un bilan prospectif », dans Les professions et leurs sociologies. Modèles théoriques, catégorisations, évolutions, sous la dir. de Pierre-Michel Menger, Paris, Éditions MSH, p. 51) : « un ensemble flou, segmenté en constante évolution, […] doté d’une visibilité sociale et d’une légitimité politique suffisantes, sur une période significative ».
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[5]
Depuis la mise en vigueur du protocole du 26 juin 2003, un intermittent du spectacle est un salarié qui cumule 507 heures de travail dans le spectacle sur 10 mois pour les techniciens ou 10 mois et demi pour les artistes contre 12 mois précédemment. Ce seuil d’accès lui permet d’accéder à l’assurance chômage pour une période d’indemnisation de 243 jours contre les précédents 365 jours. La redéfinition du champ d’application s’applique aux employeurs, lesquels doivent être directement liés à la création et à la production des spectacles.
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[6]
Pierre-Michel Menger, 2005, Les intermittents du spectacle. Sociologie d’une exception, Paris, École des hautes études en sciences sociales (EHESS).
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[7]
« Un monde de l’art se compose de toutes les personnes dont les activités sont nécessaires à la production des oeuvres bien particulières que ce monde-là (et d’autres éventuellement) définit comme de l’art. » (Howard S. Becker, 2006, Les mondes de l’art, Paris, Flammarion, p. 58.)
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[8]
Luc Boltanski et Laurent Thévenot, 1991, De la justification. Les économies de la grandeur, Paris, Gallimard.
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[9]
La « critique artiste » du capitalisme est entendue selon les auteurs comme une critique qui s’enracine dans deux sources d’indignation : le désenchantement et l’inauthenticité engendrés par le capitalisme ainsi que son oppression. Cette critique met en avant, entre autres, la perte de sens liée à la standardisation et au travail prescrit. (Luc Boltanski et Ève Chiapello, 1999, Le nouvel esprit du capitalisme, Paris, Gallimard.)
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[10]
Il s’agit du syndicat majoritaire de ce secteur revendiquant près de 10 000 adhérents, soit plus de 70 % des intermittents syndiqués.
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[11]
Sur la théorie de l’action rationnelle et les comportements de mobilisation et de recrutement, lire : Mancur Olson, 1978, Logique de l’action collective, Paris, Presses universitaires de France ; sur les limites des théories du choix rationnel : Daniel Cefaï, 2007, Pourquoi se mobilise-t-on ? Les théories de l’action collective, Paris, La Découverte.
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[12]
Patrick Hassenteufel, « Pratiques représentatives et construction identitaire. Une approche des coordinations », Revue française de science politique, vol. 41, no 1, p. 5-26, à la p. 14.
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[13]
Max Weber, 1964, L’éthique protestante et l’esprit du capitalisme, Paris, Plon.
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[14]
Dans son ouvrage L’élite artiste. Excellence et singularité en régime démocratique (2005, Paris, Gallimard), Nathalie Heinich propose, à partir d’une analyse de l’histoire littéraire et artistique des xixe et xxe siècles, de révéler le nouveau régime de valeurs qui gouverne l’art, à savoir le régime de singularité qui, à l’opposé du régime de communauté, privilégie ce qui est hors du commun, original, unique. Elle démontre combien les métiers de vocation sont fondés sur des motivations intérieures et individuelles, c’est-à-dire des valeurs de l’inspiration et du don inné, et sont évalués sous le prisme de la singularité qui assigne la reconnaissance à une postérité forcément lointaine. Autrement dit, dans ces milieux l’inspiration, la subjectivité, l’originalité et la marginalité deviennent la norme et la règle.
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[15]
Nous étendons ce régime de valeurs aux mondes de l’art, en ce sens que les intermittents du spectacle, qu’ils soient artistes, techniciens, ou encore professionnels de la production, s’identifient profondément à la création artistique et au statut des artistes créateurs. Sur ce point, voir Chloé Langeard, 2007, Le théâtre des tensions. Les intermittents du spectacle dans l’action collective, thèse de doctorat mention Sociologie, Université Victor Segalen Bordeaux 2, novembre 2007.
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[16]
Dans le cadre de notre travail de thèse (ibid.), des observations ethnographiques, grâce à une participation continue aux assemblées générales, forums, débats, manifestations et occupations de lieux organisés par la CIP-IDF et TRAC, ont permis de nous familiariser avec les acteurs mobilisés et surtout d’observer dans le détail les multiples interactions qui se nouent au sein de ces deux collectifs. Par ailleurs, les données qualitatives présentées ici reposent sur une quarantaine d’entretiens approfondis menés auprès d’intermittents du spectacle (artistes, techniciens et professionnels de la production) engagés au sein du conflit entre 2003 et 2006 (chevronnés ou novices, syndiqués ou non). La majorité des entretiens ont eu lieu durant l’année 2004, soit après le pic de mobilisation en 2003 et avant son déclin en 2005.
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[17]
Alessandro Pizzorno, 1990, « Considérations sur les théories des mouvements sociaux », Politix, vol. 3, no 9, p. 74-80, à la p. 79.
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[18]
Sur les pratiques représentatives des coordinations, lire Hassenteufel, « Pratiques représentatives et construction identitaire… », op. cit.
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[19]
Nous parlons ici d’idéal dans la mesure où il répond aux aspirations des acteurs mobilisés, quels que soient le collectif envisagé (l’association TRAC, la CIP-IDF) et le type d’engagement (militant affilié à un syndicat ou non).
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[20]
Jean-Michel Denis, 1996, Les coordinations. Recherche désespérée d’une citoyenneté, Paris, Syllepse, p. 159. L’auteur définit la coordination, d’une part, comme étant « une structure fédérative unitaire, composée de délégués, politiques et non-politiques, syndicaux et non-syndicaux, mandatés par l’ensemble des grévistes ; elle fonctionne sur le mode de la démocratie directe – élection et révocabilité des délégués – ; elle est le porte-parole d’un groupe ou d’une catégorie sociale donnée qu’elle encadre et unifie » ; d’autre part, comme « un mode d’organisation et de représentation ‘légitimant’ qui fait exister le groupe, en est le représentant officiel, dans lequel les acteurs sociaux témoignent d’un désir d’unité (surmonter les divisions syndicales), d’une volonté d’autonomie (besoin d’indépendance à l’égard des partis ou des organisations et par l’imbrication de l’individuel dans le collectif), d’autoorganisation (organisation de la lutte par les acteurs eux-mêmes), de participation (démocratie directe et refus du ‘suivisme’) et de vigilance à l’égard des organisations syndicales mais aussi de leurs représentants [...] » (p. 21).
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[21]
Hassenteufel, « Pratiques représentatives et construction identitaire… », p. 11.
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[22]
Pierre Rosanvallon, 1998, La question syndicale, Paris, Hachette Littératures.
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[23]
Emmanuèle Reynaud, 1980, « Le militantisme moral », dans La sagesse et le désordre. France 1980, sous la dir. de Henri Mendras, Paris, Gallimard, p. 271-286 ; Isabelle Sommier, 2003, Le renouveau des mouvements contestataires. À l’heure de la mondialisation, Paris, Flammarion.
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[24]
Jacques Ion, 1997, La fin des militants ?, Paris, L’Atelier.
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[25]
On peut se référer à certaines théorisations de « l’identité réflexive » qui radicalisent les caractéristiques de l’identité moderne, devenue plurielle, à la suite, notamment, de l’élargissement des systèmes d’identification. Les individus ne peuvent plus se référer à une identité collective sans renoncer à une partie de leur identité personnelle, présente ou à venir. (Ulrich Beck, 2001, La société du risque. Sur la voie d’une autre modernité, Paris, Flammarion ; Anthony Giddens, 1994, Les conséquences de la modernité, Paris, L’Harmattan.)
-
[26]
Mandataire privilégiée du MEDEF, la FESAC regroupe près de 2 000 entreprises.
-
[27]
David A. Snow et Robert D. Benford, 1988, « Ideology, Frame Resonance, and Participant Mobilization », dans From Structure to Action : Comparing Social Movement Research across Cultures, sous la dir. de Bert Klandermans, Hanspeter Kriesi, et Sidney Tarrow, Greenwich, JAI Press, p. 197-217.
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[28]
C’est Charles Tilly (1986, La France conteste de 1600 à nos jours, Paris, Fayard) qui introduit la notion de répertoire d’action collective (repertoire of contentions). Il part du principe que « toute population a un répertoire limité d’actions collectives, c’est-à-dire de moyens d’agir en commun sur la base d’intérêts partagés ». Dès lors, tout mouvement social dispose d’un répertoire de formes protestataires préexistant, plus ou moins routinisé, inégalement accessible selon l’identité des groupes mobilisés.
-
[29]
Sur l’esthétisation du conflit, lire Chloé Langeard, 2008, « Les émotions comme ferment de l’identité collective. Le conflit social des intermittents du spectacle », Terrains & Travaux, no 13, Art et Politique, p. 13-30.
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[30]
L’Humanité, 14 juillet 1992.
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[31]
Langeard, « Les émotions comme ferment de l’identité collective… », op. cit.
-
[32]
James M. Jasper (2001, « L’art de la protestation collective », dans Les formes de l’action collective. Mobilisation dans les arènes publiques, sous la dir. de Daniel Cefaï et Danny Trom, Éditions de l’EHESS, Paris, p. 137) désigne ainsi « la force d’invention des mouvements sociaux et la créativité individuelle et collective de leurs membres ».
-
[33]
Heinich, L’élite artiste. Excellence et singularité…, op. cit.
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[34]
Rosanvallon, La question syndicale, p. 54.
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[35]
Parmi la vingtaine de commissions recensées, on compte les commissions « action », « Europe », « presse », « agit prop », « Internet », « juridique », « saison en lutte », « revendications/propositions », etc.
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[36]
Comprendre « inter-commissions ».
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[37]
Hassenteufel, « Pratiques représentatives et construction identitaire », op. cit.
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[38]
Notons que la segmentation des tâches est surtout importante lors de fortes affluences, conduisant à une spécialisation des militants.
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[39]
Nous reprenons ici l’expression de Jacques Ion, Spyros Franguiadakis et Pascal Viot, 2005, Militer aujourd’hui, Paris, Autrement.
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[40]
Dès septembre 2003, la mobilisation étant moins conséquente, les intermittents mobilisés compensent cette carence par des actions qui exigent peu d’effectifs. Pour cela, ils pratiquent des actions « commando », essentiellement dirigées vers les sociétés de l’audiovisuel, secteur fortement stigmatisé par l’ensemble des acteurs mobilisés. Leur irruption sur les plateaux de France 2 à la Sorbonne avec Luc Ferry et Jack Lang, les interventions à la « Star Academy » (happening avec la banderole « Éteignez vos télés »), à l’émission « On a tout essayé » ou encore au journal de France 2, l’occupation de l’hôtel particulier de Gérard Depardieu, leur incursion à l’Assemblée nationale, à la villa Médicis à Rome, ou encore sur le toit du MEDEF, visent chaque fois l’effet de surprise.
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[41]
« C’est le propre du groupe avant-gardiste que de se définir dans la subversion, où le projet de refondation artistique est rarement dissocié d’un projet de refondation politique. » (Heinich, L’élite artiste. Excellence et singularité, p. 307.)
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[42]
Pour Jean Cohen et Andrew Arato (1992, Civil Society and Political Theory, Cambridge, Massachusetts Institute of Technology / MIT Press, p. 587-588), la forme d’action exemplaire de ce style de politique revendicative est la désobéissance civile : « La désobéissance civile implique des actes illégaux, la plupart du temps de la part d’acteurs collectifs, actes qui sont publics, justifiés par des principes, et à caractère symbolique et concernent prioritairement des formes de protestation non violentes, et un appel à la raison et au sens de la justice du peuple. Le but de la désobéissance civile est de persuader l’opinion publique, dans la société civile et politique, qu’une loi ou une mesure spécifiques sont illégitimes et qu’un changement est nécessaire. Les acteurs collectifs impliqués dans la désobéissance civile invoquent les principes utopiques des démocraties constitutionnelles, en appelant aux droits fondamentaux ou à la légitimité démocratique. »
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[43]
Érik Neveu, 1996, Sociologie des mouvements sociaux, Paris, La Découverte, p. 62.
-
[44]
Denis, Les coordinations. Recherche désespérée d’une citoyenneté, p. 109.
-
[45]
Sur les 40 intermittents interviewés, 16 ont une double affiliation.
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[46]
C’est déjà ce que notait Patrick Hassenteufel (« Pratiques représentatives et construction identitaire… », op. cit.) sur le phénomène des coordinations.
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[47]
Danilo Martuccelli (2006, Forgé par l’épreuve. L’individu dans la France contemporaine, Paris, Armand Colin) souligne à ce propos que « l’épreuve type » du rapport de l’individu au collectif s’inscrit entre participation et méfiance. D’ailleurs, il note que cette méfiance s’exprime aussi chez les individus engagés, dont les syndicalistes.
-
[48]
Boltanski et Chiapello, Le nouvel esprit du capitalisme, p. 434.
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[49]
L’approche de l’identité collective doit beaucoup aux travaux pionniers d’Alberto Melucci, qui place ce concept au coeur de l’interrogation sur les mobilisations collectives. En dénaturalisant l’identité, son analyse suggère que la construction d’une identité collective est le travail le plus important d’un mouvement social et l’élément clé pour en comprendre les dynamiques. (Alberto Melucci, 1995, « The Process of Collective Identity », dans Social Movements and Culture, sous la dir. de Hank Johnston et Bert Klandermans, Minneapolis, University of Minnesota Press, p. 41-63 ; Alberto Melucci, 1996, Challenging Codes. Collective Action in the Information Age, Cambridge, University of Cambridge Press.)
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[50]
Alberto Melucci (Challenging Codes…, p. 322) note, à ce propos, que les divisions au sein d’une organisation ainsi que les tensions et les conflits qu’elles suscitent ne sont pas forcément des facteurs défavorables, à condition que cela n’entrave pas l’accomplissement des buts fixés.
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[51]
L’Interluttants, no 17, juillet 2004.
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[52]
La lumpen-intelligentsia désigne les intellos précaires qui « sont parvenus à la porte de systèmes qui leur ont permis d’arriver jusque-là mais qui les maintiennent dehors et qu’ils finissent par défendre […] Ils se font ainsi les meilleurs défenseurs d’institutions qui les marginalisent. » (Didier Lapeyronnie, « L’académisme radical ou le monologue sociologique. À qui parlent les sociologues ? », Revue française de sociologie, vol. 45, no 4, 2004, p. 621-651, à la p. 634.)
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[53]
Sur la notion d’« autrui significatif », lire George Herbert Mead, 1963, L’esprit, le soi et la société, Paris, Presses universitaires de France.
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[54]
Sur les volontés délibératives au sein du mouvement social, voir Daniel Mouchard, 2002, « “Politique délibérative” et logiques de mobilisation. Le cas d’Agir ensemble contre le chômage », Politix, no 57, p. 125-145.
-
[55]
Becker, Les mondes de l’art, p. 59.
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[56]
Zygmunt Bauman, 2007, Le présent liquide. Peurs sociales et obsession sécuritaire, Paris, Le Seuil.
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[57]
Cefaï, Pourquoi se mobilise-t-on ?…, p. 720.
-
[58]
Joseph R. Gusfield, 1986, Symbolic Crusade, Status Politics and the American Temperance Movement, Chicago, University of Illinois Press.
-
[59]
Ainsi que le remarque Howard S. Becker (Les Mondes de l’art, p. 61), « comme “l’art” est une étiquette prestigieuse qui confère certains avantages à ceux qui peuvent l’apposer à leur activité, beaucoup la revendiquent pour leur travail ».
-
[60]
Heinich, L’élite artiste. Excellence et singularité, p. 154.
-
[61]
C’est notamment ce que Doug McAdam (1988, Freedom Summer, New York, Oxford University Press) montre, à la suite de nombreux travaux, à propos du Freedom Summer. L’engagement a un impact durable sur la vie des engagés, tant du point de vue du rapport au politique que celui de la vie affective et professionnelle.
-
[62]
Stéphanie Vermeersch, 2004, « Entre individualisation et participation : l’engagement associatif bénévole », Revue française de sociologie, vol. 45, no 4, p. 681-710.
-
[63]
Charles Taylor (1998, Les sources du moi. La formation de l’identité moderne, Paris, Le Seuil) a bien mis en évidence, à partir des auteurs du xviiie siècle, la montée d’une culture de l’authenticité visant la production de soi au travers de ses oeuvres et dont les sources sont celles du sentiment moderne de l’identité personnelle. L’auteur voit ainsi dans l’artiste une incarnation depuis le début du XIXe siècle, d’un modèle de l’être humain en tant que produisant une redéfinition originale de soi, privilégiant l’intériorité et l’authenticité de la personnalité contre l’imitation des modèles extérieurs.
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[64]
Martuccelli, Forgé par l’épreuve…, p. 260.
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[65]
Zygmunt Bauman (Le présent liquide…, op. cit) soulève le paradoxe suivant à propos de la politique s’exerçant dans la « modernité liquide » : face à une mondialisation croissante se développe une politique de plus en plus locale et pragmatique. Il s’agit alors de répondre localement à des problèmes pourtant planétaires.
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[66]
Martuccelli, Forgé par l’épreuve…, p. 268.
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[67]
Christophe Dejours, 1998, Souffrance en France. La banalisation de l’injustice sociale, Paris, Le Seuil.
-
[68]
Didier Lapeyronnie, 2005, « L’engagement à venir », dans Quand les jeunes s’engagent. Entre expérimentations et constructions identitaires, sous la dir. de Valérie Becquet et Chantal De Linares, Paris, L’Harmattan, p. 43.
-
[69]
Taylor, Les sources du moi…,op. cit.
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[70]
Martuccelli, Forgé par l’épreuve…, p. 264.
-
[71]
Comme le souligne Everett C. Hugues (1996, Le regard sociologique. Essais choisis, Paris, Éditions de l’EHESS, p. 165-173), les moments de rupture biographique constituent des « tournants de l’existence » (turning points), des épreuves, c’est-à-dire des séquences de crise propices à ces opérations de redéfinition de l’identité.
-
[72]
Becker, Les mondes de l’art,op. cit.
-
[73]
Sur ce point, voir Langeard, « Les émotions comme ferment de l’identité collective… », op. cit.
-
[74]
Ce constat fait écho aux hypothèses proposées par Daniel Gaxie (1977, « Économie des partis et rétribution du militantisme », Revue française de science politique, vol. 27, no 1, p. 123-154, à la p. 137), qui tente de dépasser sociologiquement l’économisme de l’approche de Mancur Olson en prenant également en compte les rétributions symboliques du militantisme (la formation d’un réseau de solidarité, la constitution d’une communauté de goûts et de sentiments, l’identification à un groupe, etc.) « constituant un puissant moyen d’attachement au parti ».
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[75]
François Dubet, 1994, Sociologie de l’expérience, Paris, Le Seuil.
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[76]
En ce sens, le sacrifice et l’investissement peuvent engendrer « un effet surgénérateur de l’engagement ». (Gaxie, « Économie des partis et rétribution du militantisme », p. 123-154. Et, pour l’analyse qu’en propose Érik Neveu, lire Sociologie des mouvements sociaux, p. 73-75.)
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[77]
Georg Simmel, 2003, Le conflit, Paris, Circé.