Recensions

Stephen Harper. De l’École de Calgary au Parti conservateur. Les nouveaux visages du conservatisme canadien sous la dir. de Frédéric Boily, Québec, Presses de l’Université Laval, 2007, 148 p.[Notice]

  • Josée Bergeron

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  • Josée Bergeron
    Département de science politique, Glendon/York University

De retour depuis quelques années dans l’Est du pays après avoir habité en Alberta, j’étais absolument ravie de voir cette publication sous la direction de Frédéric Boily, car l’Ouest, en particulier l’Alberta, est souvent en butte à une méconnaissance et à une incompréhension de ses choix et de sa culture, malgré son poids économique et politique. Et, enfin, une publication en français sur l’Alberta ! Ce livre porte sur les idées politiques de l’École de Calgary ainsi que leur possible rayonnement sur Stephen Harper et le Parti conservateur d’aujourd’hui. Les auteurs cherchent à répondre aux questions suivantes : quelles sont les origines intellectuelles de cette école et comment influencent-elles la conception de la vie politique canadienne de professeurs en science politique de l’Université de Calgary (p. 5) ? Essentiellement, les auteurs analysent la portée que des penseurs tels que Friedrich Hayek, Eric Voegelin et Alexis de Tocqueville ont eu sur les intellectuels de l’École de Calgary (c’est-à-dire Tom Flanagan, Barry Cooper, Ted Morton, David Bercuson et Rainer Knopff). Il s’agit d’un ouvrage sur la pensée politique de ce groupe et son influence sur la politique canadienne. Le premier chapitre écrit par Benoît Miousse s’ouvre sur la caractérisation générale de cette droite de l’Ouest. Étant la province la plus américaine (p. 10), l’Alberta en partage-t-elle pour autant toute la culture politique ? Selon B. Miousse, le côté whig de la droite de l’Ouest la distingue de l’héritage tory du conservatisme de l’Ontario, du Québec et des Maritimes. La droite de l’Ouest se caractérise par son côté républicain – au sens américain du terme –, par la protection des droits de propriété privée et des droits individuels ainsi que par le populisme tel qu’incarné par Preston Manning. À cela s’ajoute une volonté de revenir à une division stricte des juridictions entre les provinces et le fédéral. Or, comment ces différentes voies conservatrices se côtoient dans le même parti est l’enjeu essentiel de l’avenir du Parti conservateur. Selon l’auteur, il est trop tôt pour juger de l’impact de ces tendances sur la vie politique canadienne. Frédéric Boily a rédigé le deuxième chapitre qui porte sur une interrogation : faut-il craindre l’école de Calgary ? D’abord, l’auteur explique en quoi les penseurs de Calgary constituent en fait une école de laquelle se dégage une pensée commune et qui a une influence sur le premier ministre Harper. Toutefois, cette influence est limitée par les contraintes politiques que sont les institutions, les élections et l’électorat. Les liens existent par la formation de S. Harper en économie à l’Université de Calgary, par sa collaboration avec T. Flanagan à l’intérieur du Reform Party et par la publication d’un pamphlet politique Firewall Letter pour l’autonomie provinciale avec R. Knopff, T. Morton et T. Flanagan. De plus, son chef de cabinet, Ian Brodie, est issu de cette école. Enfin, F. Boily insiste sur la nature canadienne de ce courant conservateur qui ne peut pas se résumer en une simple succursale du conservatisme de nos voisins. Les chapitres 4 et 5 portent sur la conception de cette école à l’égard de deux groupes qui ne partagent pas une vision homogène du Canada. D’abord, Nathalie Kermoal et Charles Bellerose analysent les propositions de T. Flanagan quant aux Métis. Ensuite, F. Boily examine la pensée de B. Cooper concernant le Québec. N. Kermoal et C. Bellerose expliquent jusqu’à quel point la pensée d’E. Voegelin et de F. Hayek est présente dans les travaux de T. Flanagan sur Louis Riel et dans son ouvrage controversé Premières Nations ? Second regard. Les auteurs démontrent comment la référence au concept de religion politique d’E. Voegelin …