Résumés
Résumé
Alors que le populisme resurgit dans plusieurs pays d’Amérique latine, le Chili offre l’image d’une « transition réussie », non pas nécessairement vers la démocratie, mais vers un système politique stable. L’épilogue de l’affaire Pinochet vient confirmer le fait que la « justice de transition » perdure, ce qui veut dire à la fois maintien de l’impunité et échec de la réconciliation nationale. Cela n’empêche pas qu’une nouvelle langue politique se soit imposée. Celle-ci, articulée à un imaginaire antipopuliste, rend non énonçable tout discours de mobilisation collective. Cette langue politique postpopuliste s’est imposée avec l’acceptation du récit de l’impossible renversement de la dictature. Faute d’un discours de réconciliation réussi, les contraintes énonciatives de cette langue restent néanmoins extérieures. En même temps, l’affaire Pinochet a permis l’irruption publique de la souffrance des victimes de la violence d’État. Celle-ci devient alors un fait politique
Abstract
While populism is undergoing a revival in many Latin American countries, Chile is the image of a “successful transition”, though not so much towards democracy as towards a stable political system. The conclusion of the Pinochet affair confirms that “transitional justice” endures, which means both that impunity is maintained and that national reconciliation has failed. This has not prevented the emergence of a new political language, which, linked to an antipopulist imagination, prevents the enunciation of any collective mobilization discourse. This postpopulist political language imposed itself thanks to the acceptance of a particular narrative, that of the impossible overthrow of the dictatorship. Given the lack of a successful reconciliation discourse, the enunciative constraints of this language remain external. At the same time, the Pinochet affair allowed the suffering of the victims of state violence to become public, thus making it a political fact.