Récurés, bouillis, fondus et repeints, les « arrêts sur image » artisanaux de Richard Kerr transforment le mouvement filmique en immobilité complète. C’est à partir de bandes-annonces récupérées dans un ancien ciné-parc de la Saskatchewan que l’artiste a conçu un collage hollywoodien, un nouvel objet élaboré grâce à d’anciens matériaux. La première de Collage d’Hollywood aura lieu à la Cinémathèque québécoise d’Hollywood à l’automne 2004 ; l’installation comprend un court métrage en 35 mm, un DVD interactif, des caissons lumineux, des photographies et un diaporama présenté grâce à un projecteur biformat. À la suite de ses deux installations méta-cinématographiques, Overlapping Entries (1993) et The After Motion Picture Series (1998), Richard Kerr développe une nouvelle grammaire d’Hollywood dans une exposition pluridimensionnelle, où sensibilité filmique et arts visuels se rencontrent. Alors que le « méta-cinéma » est d’ordinaire défini comme un cinéma s’interrogeant lui-même, Thomas Elsaesser le considère plutôt comme un cinéma qui repose tant sur le cinéma « tel que nous le connaissons », que sur le cinéma « tel que nous l’avons connu ». Les conceptions d’Elsaesser construisent une analogie complexe liée à l’état transitoire du cinéma, actuellement aux frontières des processus chimique et numérique. L’intertextualité que propose le cinéma hollywoodien fait de l’oeuvre de Kerr une installation interdisciplinaire. Bien que son travail comporte des projections de collages de films qui visent à déconstruire l’imagerie hollywoodienne, l’objectif principal est triple : sortir le cinéma de la passivité habituelle des projections, présenter adéquatement l’interaction qui en découle et retarder l’acte de spectature. En présentant un film en 35 mm composé d’images fixes, l’illusion de vraisemblance minutieusement élaborée par Hollywood s’estompe et disparaît.
Collage d’Hollywoodde Richard Kerr[Notice]
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Brett Kashmere
conservateur