Volume 30, numéro 2, automne 2002 Sémiologie et herméneutique du timbre-poste
Sommaire (10 articles)
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Présentation : sémiologie et herméneutique du timbre-poste
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L’imaginaire d’un petit pays : approche sémiotique de l’identité sociale à travers des timbres-poste
Fernando Andacht
p. 9–22
RésuméFR :
En se référant à un corpus de timbres-poste de l’Uruguay des cinq dernières années, cet article fait avec ces éloquents « tokens » un parcours de l’imaginaire social (C. Castoriadis) de cette communauté imaginée (B. Anderson). À l’aide du modèle sémiotique triadique de C. S. Peirce, on essaiera de relever la semiosis visuelle qui est mise en scène dans cette opération de propagande explicite qui est la commémoration d’un petit pays d’Amérique latine, avec différents personnages, activités et traits matériels. L’Uruguay est caractérisé, depuis son indépendance en 1825, par de récurrents doutes sur son droit d’existence en tant que nation. À la tension iconique-indicielle (D. Scott), qui est normalement incarnée dans les timbres-poste considérés comme signes, il faut ajouter la tension d’un oxymore ou d’une antithèse identitaire : l’Uruguay en tant que nation empreinte de fierté négative (F. Andacht). À travers la maxime pragmatique peircienne, on essaiera d’analyser le sens d’un symbole complexe qui exprime et résume la contradiction fondatrice de ce pays : la « mésocarpe », c’est-à-dire l’idéologie d’une médiocrité glorieuse, exaltée dans toutes les manifestations socioculturelles du pays moderne. Ce symbole a été la règle interprétative hégémonique de cette nation pendant presque un siècle. Aujourd’hui, un ébranlement géopolitique – la création d’une région d’échange commercial appelée « Mercosur » (Marché commun du Sud), qui rejoint l’Uruguay, l’Argentine, le Brésil et le Paraguay – s’est produit, et il est pertinent de s’interroger sur les conséquences pratiques et générales engendrées par la considération systématique de ce symbole traditionnel, tel qu’il est représenté actuellement par ces séduisants indices iconiques que sont les timbres-poste.
EN :
By way of a set of stamps drawn from those issued during a two-year period (1995-1996) by the Post Office of a small Latin American country, Uruguay, a journey is made into the realm of the social imagination (C. Castoriadis) of this “ imagined community ” (B. Anderson). The semiotics of Charles S. Peirce serves as the main analytical tool used to carry out this study of the visual semiosis displayed in this explicit act of propaganda by Uruguay, who celebrated itself through the depiction of some well known characters of its popular culture. Since its birth as an independent nation in 1825, Uruguay has been characterized by recurrent doubts concerning its right to exist as an autonomous community. Thus, besides the iconic-indexical tension (D. Scott), which is normally embodied in stamps construed as signs, we must bear in mind the added tension of an identity oxymoron or antithesis : Uruguay thinks of itself as a nation of negative pride, i.e., one which is notoriously proud of not being proud of anything which it possesses qua nation (F. Andacht). Through the chosen stamps, an analysis is made of a complex Uruguayan symbol that sums up the fundamental contradiction of this country, namely, “ mesocracy ”. Such is the name of a glorious mediocrity, the aspiration of not having great aspirations, an ideology whose effects can be appreciated in most of the country’s emblematic artifacts. What are the present day consequences or meaning of this symbol, to apply the Peircean pragmatic maxim ? The present context for this semiotic study of Uruguayan stamps is interesting, as this nation has signed a geopolitical treaty with its neighboring countries, the Common Market of the South (Mercosur). This large-scale change in the country’s sociopolitical frame will have interesting and noticeable effects on its national signs, and of course, most evidently on those tiny seductive iconic indexes that are its stamps.
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Le logo est-il timbré ? Petite comparaison sémiotique du logo et du timbre
Benoît Heilbrunn
p. 23–31
RésuméFR :
Le logo et le timbre sont deux signes de représentation qu’il peut être intéressant de mettre en parallèle du fait des similarités qu’ils présentent. Le logo est censé représenter une marque et une entreprise (c’est-à-dire souvent une pluralité d’acteurs) dans une logique de marché soumis à une âpre concurrence des signes ; il est soumis à des impératifs d’impact (marquer les esprits pour exister sur le marché de signes) et doit sans cesse (ré)établir sa légitimité de signe de représentation. Le timbre, qui est à l’origine censé représenter l’acquittement de frais postaux, illustre un fonctionnement sémiotique différent dans la mesure où il n’est pas véritablement soumis à un impératif d’impact et que sa légitimité n’est jamais mise en cause du fait de l’unicité de l’émetteur. L’objectif est de proposer une approche comparative de ces deux types de signes par rapport à des éléments, tels que leur structure sémiotique, leurs modalités représentatives, leurs modes de transmission. L’article tâchera de mettre en évidence les modalités représentationnelles et communicationnelles à l’œuvre dans ces deux types de signes en faisant notamment appel aux différentes fonctions de la communication mises en évidence par Jakobson. On montrera notamment que le timbre et le logo investissent différemment les diverses fonctions de communication, même s’ils sont l’un et l’autre le lieu d’une tension permanente entre une visée expressive et une visée poétique. L’article insistera enfin sur un cas particulier de quasi-coexistence du logo et du timbre, ceux de la France, en tâchant de montrer que malgré leur ressemblance apparente, ces deux signes véhiculent deux conceptions très différentes de la communauté.
EN :
The logo and the stamp are two signs of representation, which it is interesting to compare due to the similarities they present. The logo acts as the graphic representation of a company or a brand (which means a plurality of actors) in a market perspective characterized by a fierce competitive environment. It must therefore create impact and continuously re-establish its legitimacy as a sign of representation. The stamp, which originally indicates the payment of postage, is a different kind of sign in that it is not obliged to assert its presence by creating impact nor to establish its legitimacy which is already assured by the issuing authority. The aim in this paper is to propose a comparative analysis of these two types of signs, in terms of their semiotic structure, their representational capacities and their modes of transmission. Using Jakobson’s functions, this article points out the communicative and representational power of these two signs. It will show how they embody the various communicational functions defined by Jakobson, even though each of them presents a semiotic tension between the expressive and the poetic functions. The article will focus on a specific example, that of France, where stamps and logo, despite their apparent similarities, present very different conceptions of the idea of community.
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Timbres-poste et intermédialité : sémiotique des rapports texte/image
Leo H. Hoek
p. 33–44
RésuméFR :
La classification et l’interprétation de textes intermédiaux, c’est-à-dire des textes combinant le texte avec l’image, dépend du point de vue adopté vis-à-vis de la situation de communication, soit la production, soit la réception de tels textes. La production d’un texte intermédial est, dans certains cas, simultanée (affiches, bande dessinée, pubs) et consécutive dans d’autres cas (critique d’art, ekphrasis, illustrations). La réception d’un texte intermédial est, dans la plupart des cas, simultanée (illustrations, affiches, pubs, bande dessinée) et consécutive dans certains cas particuliers (critique d’art, ekphrasis). À la base de ces deux critères, simultanéité ou consécutivité, on peut distinguer différents degrés d’enchevêtrement du texte et de l’image dans le discours intermédial. Un troisième critère – la distinctivité, c’est-à-dire la possibilité de séparer physiquement le texte de l’image – permet maintenant de distinguer entre quatre degrés d’intrication croissante : transposition, juxtaposition, combinaison et fusion du texte et de l’image. Une telle catégorisation mène à une construction théorique de types virtuels d’enchevêtrement et d’intermédialité. Il s’avère qu’un nombre limité de catégories nous permet de définir toute occurrence de discours intermédial comme une combinaison spécifique de types intermédiaux et que toute occurrence de discours intermédial peut être définie selon les termes de ces catégories. Cela ne veut pas dire que les occurrences se conforment ou se limitent nécessairement aux catégories distinguées. Celles-ci ne constituent en effet pas un nombre limité de types d’intermédialité, car bien d’autres combinaisons sont possibles. Le timbre-poste commémoratif – discours presque toujours intermédial – constitue un exemple parfait à la fois du pouvoir descriptif de la catégorisation proposée et de la créativité artistique spécifique déployée dans chaque timbre. Une analyse des relations entre texte et image dans une série de timbres néerlandais montre l’efficacité de la catégorisation élaborée et la possibilité de combiner différentes catégories de discours intermédial dans un seul timbre-poste.
EN :
The classification and interpretation of intermedial texts (i.e. texts combining words and images), depend on the point of view taken in the context of communication, which implies either the production or the reception of such texts. Production is in some cases simultaneous (posters, comic strips, advertisements), and in others consecutive (art criticism, ekphrasis, illustrations). The reception of an intermedial text is mostly simultaneous (illustrations, posters, advertisements) and in some particular cases (art criticism, ekphrasis) consecutive. Based on these criteria – simultaneity and consecutiveness – a distinction can be made between different degrees of interweaving word and image in intermedial discourse. A third criterion, that of distinctiveness (i.e. the physical possibility of separating word and image) can be applied. This enables us to distinguish between four different degrees of interaction: transposition, juxtaposition, combination, and fusion of word and image. Such categories open the way for a theoretical construction of virtual types of interaction and intermediality. A limited number of categories enables us to define any occurrence of intermedial discourse as a specific combination of intermedial types. This does not mean that occurrences are necessarily limited to the number of categories suggested, for the latter do not constitute a limited number of types of intermediality as various other combinations are possible. The commemorative stamp, almost always an intermedial discourse, demonstrates perfectly the descriptive power of the theory proposed here, at the same time as it illustrates the specific artistic creativity evident in each stamp. An analysis of word and image relations in a corpus of contemporary Dutch stamps supports the validity of the categories of intermedial discourse suggested and the possibility of combining them in a single commemorative stamp.
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L’image ethnographique : le timbre-poste colonial français africain de 1920 à 1950
David Scott
p. 45–54
RésuméFR :
Cet article affronte l’ambiguïté de l’image ethnographique en prenant comme base le riche corpus fourni par le timbre-poste colonial français de l’entre-deux-guerres. Le timbre offre un champ privilégié d’analyse dans la mesure où l’appropriation d’une image de la vie authentique indigène active un processus de re-présentation de l’objet – son encadrement dans une forme lisible par le récepteur européen –, analogue au processus de transcription ethnographique, où les éléments de la culture étudiée sont intégrés et enregistrés suivant des schémas étrangers à leur nature. Une analyse du timbre, en dégageant ses fonctions à la fois indiciaires et iconiques, révèle une tendance à se structurer en couches sémiotiques, en une superposition de signes, qui se prêtent à une certaine manipulation idéologique. En plus, la compartimentation de la réalité protéiforme indigène par la forme du timbre devient l’instrument d’une appropriation plus générale. Le timbre-poste se transforme en porte-objet microscopique, dans le cadre duquel des aspects de la vie indigène se profilent comme des spécimens ethnographique ou zoologique. La vie et la culture indigènes sont ainsi soumises à une gamme d’optiques dont tous sont hégémoniques parce que saisis du point de vue de la puissance européenne colonisatrice.
EN :
This paper explores the ambiguity of the ethnographic image on the basis of the rich corpus provided by French colonial stamps during the interwar years. The stamp offers a privileged field of analysis in that its appropriation of images of authentic native life activates a process of re-presentation of the object analogous to the process of ethnographic transcription, where elements of a given culture are integrated and recorded according to patterns alien to its nature. An analysis of both the indexical and iconic functions of the postage stamp reveals a tendency within in it towards a layered semiotic structure in which signs are superimposed on each other, in such a way as to facilitate a certain degree of ideological manipulation. Furthermore, the compartmentalization by the stamp of the complex reality of native life leads to an even more general appropriation. The stamp becomes a microscopic sample framing aspects of native life that appear as ethnographic or zoological specimens. Native life and culture are in this way submitted to a range of viewpoints, all of which are hegemonic to the extent that they are seen from the perspective of the European colonizing power.
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Jean-Michel Folon : sémioticien sans le savoir
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L’iconographie du timbre-poste tunisien pendant et après la période « coloniale » : prise de conscience d’une identité nationale
Janice Deledalle-Rhodes
p. 61–72
RésuméFR :
La première partie de cet article, consacrée à des considérations générales sur l’icône et l’iconicité, pose le principe de la triadicité de la sémiose peircienne : le representamen purement iconique ne renvoie pas à un objet s’il n’est pas accompagné d’interprétants. Les interprétants dans le cas présent sont l’histoire et la culture de la Tunisie, exceptionnellement riches, dont nous donnons un bref aperçu afin de permettre au lecteur de nous suivre dans l’interprétation du timbre, qui évolue sensiblement d’une période à l’autre. La deuxième partie est consacrée à l’analyse chronologique du timbre tunisien, de la période coloniale à l’indépendance, période pendant laquelle ce seront les peintres de l’École de Tunis qui créeront ces images destinées à rappeler à tous, non seulement l’histoire et la culture du pays, mais aussi ses traditions picturales très vivaces et riches en symbolisme. C’est la période « postcoloniale » qui révèle une prise de conscience définitive de l’identité nationale.
EN :
This article explores the way that Tunisian stamps over the last century reflect the problems of constructing national identity in a small country with a rich and heterogeneous cultural background. Taking the Peircian principle of the triadic structure of semiosis as a theoretical frame, the article focuses in particular on the role of historical, cultural and linguistic interpretants in the reading process of stamps. Exploring a corpus that straddles four distinct historical periods – French “ colonial ”, pre-independence, post-colonial and contemporary – the article shows in particular how the second and third period marks the golden age of the Tunisian stamps as painters from the École de Tunis created images reflecting the country’s pictorial as well as the cultural traditions. More recently, a certain normalization has set in as Tunisian stamps, in line with those of other modern countries, increasingly adopt international commemorative themes.
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L’idée de nation : le timbre-poste grec (1924-1982)
Jeffrey L. Kallen
p. 73–84
RésuméFR :
Les timbres-poste de la Grèce moderne s’appuient souvent sur un système complexe d’images qui participe pleinement à la définition de l’idée de nation. Envisagés comme un système cohérent, ces timbres transmettent leurs sens non seulement par ce qui est signifié ouvertement, mais aussi par leurs silences : la décision de ne pas utiliser certaines des images disponibles devient elle-même une forme de signification. Pour les timbres grecs de la période de 1924 à 1982, l’idée de nation est visiblement un problème complexe. Deux courants sont impliqués : l’un est inspiré par le monde de la Grèce antique et de l’Empire byzantin, et l’autre par le nationalisme politique moderne qui inclut des éléments à la fois démocratiques, antidémocratiques et monarchistes, depuis l’établissement d’une Grèce indépendante en 1832. En posant la question « quelle Grèce ? » et « la Grèce de qui ? », le timbre-poste grec propose des réponses qui ne sont ouvertement politiques que dans de rares cas, mais qui n’en révèlent pas moins l’évolution des réponses possibles qui sont caractéristiques de la société grecque moderne.
EN :
The postage stamps of modern Greece often rely on a complex system of imagery, which is indexical of nationhood. Taken as a coherent system, these stamps convey meaning not only by what is signified overtly, but by silences in which the decision not to use available imagery becomes in itself a form of signification. For the Greek stamp of the years between 1924 and 1982, the problem of nationhood is visibly complex. Two elements are involved : inspiration derived from the ancient Greek world and the Byzantine Empire, and modern political nationalism which has included democratic, anti-democratic, and monarchist elements since the establishment of an independent Greece in 1832. In posing the question, “ which Greece ? ” and “ whose Greece ? ”, the Greek postage stamp supplies answers which are rarely overtly political, but which nonetheless show the changing set of possible answers characteristic of modern Greek society.
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Aby Warburg et les timbres en tant que document culturel
Karen Michels et Charlotte Schoell-Glass
p. 85–92
RésuméFR :
L’historien de l’art allemand Aby Warburg (1866-1929), fondateur de la Kulturwissenschaftliche Bibliothek Warburg à Hambourg (1926) – rétablie à Londres en 1933 sous le nom de l’Institut Warburg –, est célèbre surtout pour son approche originale des études culturelles. Spécialiste de l’art et de la culture de la Renaissance, il a transformé la conception de l’histoire de l’art de son temps en éliminant autant que possible la barrière entre les formes classique et populaire de l’art. Pour Warburg, une forme populaire, telle que le timbre-poste, était en principe aussi riche en tant que message culturel que l’œuvre d’art classique et devait jouer un rôle positif dans l’expression culturelle. Ainsi voulait-il, dans les années 1920, participer à la création d’une émission de timbres commémorant le traité de Locarno, le premier accord de coopération entre la France, la Grande-Bretagne et l’Allemagne, signé après la Première Guerre mondiale. Cet article suivra le processus de conception et de réalisation de ce timbre, prévu pour la poste aérienne et portant l’inscription « Idea Vincit », en soulignant l’importance, dans la République Weimar, de la création dans le domaine public de formes modernes de design.
EN :
The German art historian Aby M. Warburg (1866-1929), founder of the Kulturwissenschaftliche Bibliothek Warburg in Hamburg, which was housed in its own building in 1926, and was re-established in London in 1933 as the internationally renowned Warburg Institute, is best known for his innovative approach to the study of the history of art as embedded in culture as a whole. As a specialist in particular in the art and culture of the Renaissance, his major innovation in the study of the history of art at the time was to minimize the barrier between high and low art, then still firmly in place. Warburg’s study of the postage stamp provides an interesting example of this. Warburg studied postage stamps as documents that could be as illuminating about the culture from which they originated as other “ higher ” art forms. In recognizing their importance as cultural signs, he was concerned that they should be used to positive effect. He hoped, for example, to contribute to the issue of German stamps in the 1920s with a stamp commemorating the Treaty of Locarno, the first European co-operation agreement between France, Britain and Germany after the First World War. The episode of the commission, drafting, and distribution of the design for an airmail stamp with an aircraft bearing the inscription “ Idea Vincit ” reflects Warburg’s view of the role of modernist forms in the visual culture of the Weimar Republic. It also highlights his sensitivity to the importance of contemporary public design, a sensitivity unusual in the realm of art historical scholarship at that time.
Hors dossier
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De l’iconicité aux scénarios iconiques : les multiples chemins du « logos aisthêsis » dans l’œuvre d’Aristote
William Fiers
p. 95–110
RésuméFR :
Cet article propose une réinterprétation, dans le cadre de la sémiotique « tensive », de la notion d’« iconicité » à partir d’une analyse approfondie des réseaux iconiques, tels qu’ils sont décrits par Aristote dans De Anima et « De Sensu ». Loin d’être le résultat d’une homologation arbitraire à travers une grille de lecture conceptuelle (Greimas) ou d’un codage sous forme de stimuli substituts (Eco), nous allons montrer que l’effet de l’iconicité est le résultat d’une finalisation esthétique d’un processus sensoriel s’instaurant depuis le maintien en présence d’une perception constitutive. Cette première stabilisation du flux sensoriel ouvre une perspective égocentrique susceptible de procurer une cohérence à la sensorialité par l’intermédiaire de ce qu’Aristote appelle la koinè aisthêsis. À partir des textes d’Aristote, nous allons faire l’hypothèse que cette cohérence s’obtient de quatre façons différentes.
EN :
This article proposes a reinterpretation of the concept of “ iconicity ” based on a detailed analysis of the iconic networks described by Aristotle in De Anima and “ De Sensu ”. Using the propositions of the school of “ tensive ” semiotics, we will argue that far from being the result of arbitrary homologation executed by a conceptual framework (Greimas) or of a coding process replacing perception by sensory substitutes (Eco), iconicity is the result of an aesthetic finalization of a sensory process that starts with a stabilization of a primary sensation. This stabilization opens an egocentric perspective giving a coherence to all sensory data by means of what Aristotle calls koinè aisthêsis. Following the text of Aristotle, we will show that this coherence can be obtained in four different ways.