Résumés
Résumé
Cet article porte sur la pensée politique de l’économiste américain James M. Buchanan, chef de file de l’école du Public Choice et figure de premier plan du courant néo-libéral. Le coeur de cette pensée réside dans sa prétention à déduire la primauté de la liberté individuelle d’une position méthodologique plutôt que d’un raisonnement utilitariste ou d’un a priori métaphysique. D’un côté, en effet, Buchanan insiste fortement sur l’indépendance logique entre l’individualisme entendu comme méthode d’analyse et l’individualisme entendu comme norme régissant les arrangements politiques. De l’autre, il s’efforce d’édifier une sorte de déontologie, dont les traits et les composantes procéderaient de l’individualisme méthodologique, mais dont la validité ne reposerait aucunement sur une préférence pour l’individualisme normatif. Nous entendons démontrer ici que Buchanan n’arrive pas à tenir son pari d’un libéralisme purement méthodologique : la défense du statu quo à laquelle il se livre ne s’explique pas uniquement par le scepticisme moral, mais aussi par la crainte que la mise en oeuvre de changements ne faisant pas consensus ne mine la stabilité du gouvernement et ne conduise à un état d’anarchie encore plus indésirable.
Abstract
This paper deals with the political philosophy of James M. Buchanan, a major figure of both Public choice economics and American libertarianism. The core of Buchanan's contract theory lies in his claim to establish the primacy of individual liberty on a purely methodological basis, without any appeal to metaphysics or utilitarianism. On the one hand, he insists strongly on the fact that individualism as a method and individualism as a norm pertaining to political arrangements should be understood as logically independent stances. On the other hand, he seeks to establish a deontological approach which is derived from methodological individualism but whose validity is unrelated to a preference for normative individualism. Our aim is here to demonstrate that Buchanan is unable to carry his promise of a purely methodological liberalism. His defence of status quo is not driven only by moral skepticism but also by the fear that the implementation of nonconsensual changes might undermine severely the stability of government and thus lead to an even more undesirable state of anarchy.
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