Volume 99, numéro 1, 2019
Sommaire (6 articles)
Article scientifique / Scientific Article
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Ophiostoma ulmi DNA naturally introgressed into an isolate of Ophiostoma novo-ulmi is clustered around pathogenicity and mating type loci
Abdelali Et-Touil, Mathieu Dusabenyagasani, Guillaume F. Bouvet, Clive M. Brasier et Louis Bernier
p. 1–11
RésuméEN :
The invasive fungal pathogens Ophiostoma ulmi and O. novo-ulmi have caused two successive pandemics of Dutch elm disease since the beginning of the 20th century. In nature, the highly aggressive O. novo-ulmi may hybridize with the less aggressive O. ulmi. Growth rate and molecular analyses were conducted on an unusual, moderately aggressive O. novo-ulmi isolate, AST27, carrying an introgressed pathogenicity gene, Pat1-m; on highly aggressive O. novo-ulmi isolate H327; on O. ulmi isolates Q412T and W9; and on progeny from laboratory crosses between H327 and AST27. Genetic analysis indicated that the Pat1 and Mat1 (mating type) loci were in different linkage groups corresponding to O. novo-ulmi H327 chromosomes 1 and 2, respectively. Most of the molecular differences between the nuclear genomes of H327 and AST27 occurred in the vicinity of Pat1 and Mat1. In addition, two putative quanti-tative trait loci, Mgr1 and Mgr2, which influence mycelial growth rate at 21°C and 28°C, the optima for O. novo-ulmi and O. ulmi, were linked to Mat1 and Pat1, respectively.
FR :
Les champignons pathogènes envahissants Ophiostoma ulmi et O. novo-ulmi ont causé deux pandémies successives de maladie hollandaise de l’orme depuis le début du 20e siècle. On a mesuré la croissance et procédé à des analyses moléculaires chez l’isolat O. novo-ulmi AST27, modérément agressif et chez lequel le gène de pathogénie Pat1-m est introgressé; chez l’isolat O. novo-ulmi H327; chez les isolats O. ulmi Q412T et W9; ainsi que chez les descendants de croisements dirigés entre les isolats H327 et AST27. Les analyses génétiques indiquent que les loci Pat1 et Mat1 (type sexuel) sont situés sur des groupes de liaison différents qui correspondent respectivement aux chromosomes 1 et 2. Les différences moléculaires entre les génomes nucléaires des souches H327 et AST27 se retrouvent majoritairement dans le voisinage de Pat1 et de Mat1. De plus, deux loci présumés de caractères quantitatifs, Mgr1 et Mgr2, qui influencent la croissance mycélienne à 21 °C et à 28 °C (températures optimales pour O. novo-ulmi et O. ulmi) sont liés respectivement à Mat1 et à Pat1.
Communication brève / Short Communication
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Pathogenicity of Pratylenchus penetrans to dwarfing apple rootstocks
Guy Bélair, Nathalie Dauphinais et Yvon Fournier
p. 12–14
RésuméEN :
The objective of this research was to measure the effect of P. penetrans densities on the vegetative growth of three apple dwarfing rootstocks Bud 9, M.9 and M.26 under field microplot conditions. Under 500 nematodes kg-1 soil density, the shoot dry weights of Bud 9, M.9 and M.26 rootstocks were significantly reduced by 30%, 23% and 14% respectively. Under the 1 500 nematodes kg-1 soil density, the dry shoot weight of Bud 9 and M.9 were not significantly different from the 500 nematodes kg-1 soil density except M.26 which exhibited a 29% decrease. The root dry weights of rootstocks were not significantly reduced when exposed to these P. penetrans densities except M.26 which was reduced 26% relative to non-inoculated trees under the 1 500 nematodes kg-1 soil density. These results confirm the pathogenic effect of P. penetrans on dwarfing apple rootstocks. Although preliminary, these results suggest some tolerance of M.26 to P. penetrans under lower density when compared to M.9 and Bud 9. Under higher nematode densities, both Bud 9 and M.9 exhibited a tolerance of their root system in comparison to M.26. Our results also emphasize the need to further assess the susceptibility/tolerance of dwarfing apple rootstocks to various densities of P. penetrans.
FR :
L’objectif de cette recherche était de mesurer l’effet des densités de P. penetrans sur la croissance végétative de trois porte-greffes nains, Bud 9, M.9 et M.26 dans des conditions de microparcelle au champ. Soumis à une densité initiale de 500 nématodes kg-1 de sol, les poids secs de nouvelles pousses des porte-greffes Bud 9, M.9 et M.26 ont été réduits de manière significative respectivement de 30 %, 23 % et 14 %. Soumis à une densité initiale de 1 500nématodes kg-1 de sol, les poids secs de Bud 9 et M.9 n’étaient pas significativement différents de ceux exposés à 500 nématodes kg-1 de sol, à l’exception de M.26 qui affichait une diminution de 29 %. Le poids sec des racines des porte-greffes n’a pas été réduit de manière significative lorsqu’ils ont été exposés à ces densités de P. penetrans, à l’exception de M.26, qui a été réduit de 26 % lorsqu’exposé à la densité de 1 500 nématodes kg-1 de sol. Ces résultats confirment l’effet pathogène de P. penetrans sur les porte-greffes nains. Ces résultats préliminaires suggèrent une tolérance de M.26 à P. penetrans sous la densité de 500 nématodes kg-1 de sol. Sous la densité de 1 500 nématodes kg-1 de sol, les Bud 9 et M.9 présentaient tous deux une tolérance de leur système racinaire comparativement à M.26. Ces résultats soulignent également l’importance de poursuivre l’évaluation de la sensibilité/tolérance des porte-greffes nains aux diverses densités du P. penetrans.
Article scientifique / Scientific Article
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Virus et vigne, un mariage difficile à défaire : la biovigilance est nécessaire plus que jamais
Issam E. Ben Moussa, Pierre Lemoyne et Mamadou L. Fall
p. 15–20
RésuméFR :
La viticulture est l’une des industries les plus largement établies dans le monde. Au Canada, après l’Ontario et la Colombie-Britannique, c’est au tour du Québec de connaître une intensification de la viticulture. Or, plusieurs contraintes sont et seront associées à cette intensification. La vigne est une plante vivace caractérisée par une croissance indéfinie impliquant une disponibilité continue de tissus tendres et éventuellement une susceptibilité aux insectes et maladies. Depuis ses origines, la vigne a évolué en constante dualité avec les virus. Plus de 60 virus sont actuellement associés à la vigne à l’échelle mondiale, dont la majorité des virus sont pathogènes, pouvant réduire la vigueur et la productivité des vignes ou la qualité des raisins. Au Québec, la dernière enquête qui fait état des virus dans les vignobles date des années 1990. Cette enquête a révélé la présence de deux virus pathogènes de la vigne alors que l’ensemble des virus présents dans les vignobles du Québec restent toujours à définir. Ce manquement de connaissance est sans doute l’un des facteurs qui expliquent l’inefficacité des stratégies de lutte contre les viroses de la vigne. Ces stratégies reposent essentiellement sur la prévention et sur des programmes de certification du matériel viticole en ciblant des virus connus et détectables. Dans cet article, nous évoquons les lacunes associées à l’état des virus de la vigne au Québec et nous expliquons comment un programme de biovigilance peut aider à mitiger les menaces et assurer une lutte efficace contre les viroses de la vigne.
EN :
Grapevine is one of the most widely grown fruit crops in the world. In Canada, following Ontario and British Columbia, it is Quebec’s turn to promote viticulture. However, several constraints are and will be associated with this intensification. Worldwide, over 60 different viruses can infect grapevines and may impact their vigour, productivity and the quality of grapes. In Quebec, the last survey on grapevine viruses was performed during the 90s which revealed the presence of two pathogenic viruses. However, no study was conducted to identify grapevine virome including pathogenic and beneficial viruses. This was probably due to the lack of molecular tools for detection and identification. In this paper, we highlight the grapevine viruses knowledge gaps in Quebec. Based on recent progress in omic-techniques and risk prediction tools, we explain how a biovigilance framework could lead to mitigate potential viral threats and how it can provide an efficient control for grapevine viral diseases present in the territory.
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Évaluation de l’activité antibactérienne contre Xanthomonas campestris pv. vitians et Pseudomonas cichorii de différents extraits végétaux à base d’espèces horticoles et d’essences forestières
Maxime Delisle-Houde, Vicky Toussaint et Russell J. Tweddell
p. 21–26
RésuméFR :
Différents extraits hydro-éthanoliques à base de résidus d’espèces horticoles et d’essences forestières ont été testés in vitro pour leur activité antibactérienne envers Xanthomonas campestris pv. vitians et Pseudomonas cichorii, respectivement responsables de la tache bactérienne et de la maladie des taches et des nervures noires de la laitue. Des 17 extraits d’espèces horticoles, 13 extraits affichent une concentration minimale létale (CML) ≥ 50 mg ml-1 envers X. campestris pv. vitians et P. cichorii. En contrepartie, trois des 20 extraits à base d’espèces forestières affichent une CML ≥ 50 mg ml-1 envers les deux bactéries. De faibles CMLs (≤ 6,25 mg ml-1) envers les deux bactéries ont été obtenues avec l’extrait #3 à base de fruits de canneberge et les extraits de fruits d’aulne rugueux, d’écorce de chêne rouge, d’écorce d’érable rouge et de rameaux de sapin baumier. Les résultats obtenus montrent que l’activité antibactérienne varie selon l’espèce et la structure utilisées dans la préparation de l’extrait; les extraits d’essences forestières présentant une plus forte activité antibactérienne. L’activité antibactérienne peut également varier selon le lot considéré d’un même extrait. Les extraits présentant une forte activité antibactérienne (CML ≤ 6,25 mg ml-1) seront testés au cours de travaux futurs afin d’évaluer leur efficacité à limiter le développement des populations de X. campestris pv. vitians et P. cichorii sur les plants de laitue et à réprimer le développement de la tache bactérienne et de la maladie des taches et des nervures noires.
EN :
Different aqueous-ethanolic extracts prepared from wastes of horticultural and forest species were tested in vitro for their antibacterial activity against Xanthomonas campestris pv. vitians and Pseudomonas cichorii causing bacterial leaf spot and varnish spot of lettuce, respectively. Among the 17 horticultural extracts, 13 show minimum bactericidal concentrations (MBCs) ≥ 50 mg ml-1 against X. campestris pv. vitians and P. cichorii. On the other hand, three of the 20 forest extracts show MBCs ≥ 50 mg ml-1 against both bacteria. Low MBCs (≤ 6.25 mg ml-1) against both bacteria were obtained with extract #3 from cranberry fruit, fruit extract from grey alder, bark extract from red oak, bark extract from red maple, and twig extract from balsam fir. Results obtained show that antibacterial activity varies according to species and structure used to prepare the extract; extracts from forest species exhibit stronger antibacterial activity. Antibacterial activity can also vary from batch to batch of a same extract. The extracts with strong antibacterial activity (MBC ≤ 6.25 mg ml-1) will be further investigated for their efficacy to repress the development of X. campestris pv. vitians and P. cichorii populations on lettuce plants and to control bacterial leaf spot and varnish spot.
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Effects of exogenous application of salicylic acid on drought performance of medicinal plant, Fritillaria przewalskii Maxim
Ruili Ma, Shengrong Xu, Yuan Chen, Fengxia Guo, Rui Wu, Samuel Anim Okyere, Fusheng Wang, Yanming Jing et Xingzheng Wang
p. 27–35
RésuméEN :
This study investigated the effects of salicylic acid (SA) foliar application on Fritillaria przewalskii under drought stress condition. Plants were subjected to three irrigation regimes, 75-80% control (CK), 60-65% medium stress (M) and 40-45% severe stress (S) of the field capacity and three levels of SA, 0.0, 0.5 and 1.0 mM. Relative water content (RWC), proline content, total soluble carbohydrates, chlorophyll “a” (Chl a), chlorophyll “b” (Chl b), chlorophyll “a + b” (Chl a + b), carotenoids contents, malondialdehyde (MDA) contents and activities of several antioxidant enzymes such as superoxide dismutase (SOD), peroxidase (POD), catalase (CAT), glutathione reductase (GR) and ascorbate peroxidase (APX) activity were measured. RWC, soluble carbohydrates, Chl b, Chl a + b, MDA content and activities of antioxidant enzymes (SOD, POD, CAT, GR and APX) were significantly affected by water deprivation without SA. Exogenous SA significantly increased the content of RWC, total leaf soluble carbohydrates, leaf proline and Chl b at moderate water deficit and severe water deficit. MDA content was decreased significantly by exogenous SA. The activities of antioxidant enzymes (SOD, POD, CAT, GR and APX) were also significantly affected by exogenous SA. However, the content of Chl a, Chl a + b, and carotenoids were not significantly affected by exogenous SA.
FR :
Cette étude a examiné les effets de l’application foliaire d’acide salicylique (AS) sur Fritillaria przewalskii en condition de sécheresse. Les plantes ont été soumises à trois régimes d’irrigation : 75-80 % comme contrôle (CK), 60-65 % de stress moyen (M) et 40-45 % de stress sévère (S) de la capacité au champ et trois niveaux d’AS : 0,0, 0,5 et 1,0 mM. Les teneurs en eau relative (RWC), en proline, glucides solubles totaux, chlorophylle « a » (Chl a), chlorophylle « b » (Chl b), chlorophylle « a + b » (Chl a + b), teneurs en caroténoïdes et malondialdéhyde (MDA) ont été mesurées, ainsi que les activités de plusieurs enzymes antioxydantes telles que la superoxyde dismutase (SOD), la peroxydase (POD), la catalase (CAT), la glutathion réductase (GR) et l’ascorbate peroxydase (APX). La RWC, les glucides solubles, Chl b, Chl a + b, la teneur en MDA et les activités des enzymes antioxydantes (SOD, POD, CAT, GR et APX) étaient significativement affectées par la privation en eau sans AS. L’AS exogène a considérablement augmenté la teneur en RWC, en glucides solubles dans les feuilles, en proline et en Chl b en déficit hydrique modéré et sévère. Le contenu en MDA a été réduit de manière significative par l’AS exogène. Les activités des enzymes antioxydantes (SOD, POD, CAT, GR et APX) étaient également significativement affectées par les AS exogènes. Cependant, les teneurs en Chl a, Chl a + b et les caroténoïdes n’étaient pas significativement affectées par les AS exogènes.
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Survey of imazethapyr-resistant common ragweed (Ambrosia artemisiifolia L.) in Quebec
Félix Marsan-Pelletier, Anne Vanasse, Marie-Josée Simard et Marie-Edith Cuerrier
p. 36–44
RésuméEN :
Common ragweed (Ambrosia artemisiifolia L.) is widespread in soybean (Glycine max L.) fields in southern Québec. Biotypes resistant to ALS (group 2) herbicides are commonly reported in conventional crops where these herbicides are used. Reported cases are voluntary and potentially underestimate the occurrence of resistance. A survey was therefore undertaken in 2014 and 2015 in soybean fields treated with a Group 2 herbicide. Common ragweed seeds were collected from 123 fields. Seedlings were grown and tested for resistance using the recommended rate of imazethapyr (100.8 g a.e. ha-1). Weed populations were classified as susceptible, developing resistance (less than one third of plants classified as resistant) or resistant (at least one third of plants were resistant). Twenty populations were then selected based on these resistance levels and treated with four doses of the herbicide (0, 100.8, 201.6, and 403.2 g a.e. ha-1). Resistance to imazethapyr was detected in 81% of samples (21.1% were classified as developing resistance and 59.4% were classified as resistant). Populations classified as developing resistance had a resistance factor of 1.04, while populations classified as resistant had a resistance factor greater than 5. These results confirm the presence of multiple populations of imazethapyr-resistant common ragweed in Quebec.
FR :
La petite herbe à poux (Ambrosia artemisiifolia L.) est très fréquente dans les champs de soya (Glycine max L.) du Québec méridional. Des biotypes résistants aux herbicides qui inhibent l’acétolactate synthase (ALS) (Groupe 2) sont fréquemment signalés dans les champs où ces herbicides sont utilisés. Les cas rapportés se font sur une base volontaire et sous-estiment potentiellement la fréquence réelle de la résistance. Une enquête a donc été réalisée en 2014 et en 2015 dans des champs de soya traités avec un herbicide du groupe 2. Des graines ont été récoltées dans 123 champs. Des plantules ont été testées pour leur résistance avec une dose recommandée d’imazéthapyr (100,8 g e.a. ha-1). Les populations ont été classifiées sensibles, résistantes (au moins un tiers des plants étaient résistants) ou présentant une résistance en développement (moins du tiers des plants étaient résistants). Vingt populations ont ensuite été sélectionnées selon leur degré de résistance et traitées avec quatre doses d’herbicide (0; 100,8; 201,6 et 403,2 g e.a. ha-1). De la résistance à l’imazéthapyr a été détectée dans 81 % des échantillons (21,1 % classifiés avec une résistance en développement et 59,4 % classifiés résistants). Le facteur de résistance des populations avec de la résistance en développement était de 1,04 et celui des populations résistantes était supérieur à 5. Ces résultats confirment la présence de multiples populations de petite herbe à poux résistantes à l’imazéthapyr au Québec.