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Entrez dans le monde du bio! / Welcome to the organic world!
Danielle Brault. Direction régionale de la Montérégie-Est, MAPAQ, Saint-Hyacinthe (Québec), Canada J2G 2W6
Au Québec, les aliments biologiques, avec une croissance de l’ordre de 15 % par année, connaissent la progression la plus importante dans le secteur de l’alimentation. Cependant, 80 % des aliments biologiques qui se trouvent sur les tablettes des magasins sont importés. Si on veut profiter de cette opportunité, il est nécessaire d’augmenter l’offre de produits biologiques québécois tant sur notre marché que sur celui de l’exportation. Pour ce faire, les producteurs biologiques ont un grand besoin de recherche et de transfert technologique, surtout dans le domaine de la phytoprotection. En horticulture particulièrement (si on veut voir les superficies augmenter), il faudrait mettre au point des méthodes de lutte efficaces contre des insectes ravageurs difficiles à contrôler en production biologique comme la punaise terne dans la fraise et la laitue, l’anthonome du fraisier, la chrysomèle rayée dans les cucurbitacées, la mouche du chou dans les crucifères, la mouche de la carotte, les altises, la cécydomie du chou-fleur, sans oublier les traitements de semences. Il est impératif de trouver des solutions de plus en plus écologiques qui serviraient également à l’agriculture conventionnelle puisqu’on parle depuis longtemps d’agriculture durable, d’agriculture raisonnée et de lutte intégrée.
La lutte aux maladies : vaut mieux réfléchir et prévenir que guérir / Disease control: Better think and prevent than cure
Odile Carisse. Centre de recherche et de développement en horticulture, Agriculture et Agroalimentaire Canada, Saint-Jean-sur-Richelieu (Québec), Canada J3B 3E6
Peu importe qu’un système de production soit conventionnel, en transition ou biologique, une bonne gestion des maladies se doit de reposer sur une bonne connaissance de l’agent pathogène et de sa relation avec la plante hôte et l’environnement. Globalement, les maladies d’origine fongique se classent en deux groupes : les maladies monocycliques et les maladies polycycliques. Pour chacun de ces groupes, il y a une approche de lutte plus appropriée. Dans le cas des maladies monocycliques, la lutte est basée sur la réduction de l’inoculum alors que pour les maladies polycycliques on vise généralement à ralentir la progression de la maladie. Dans un contexte d’agriculture biologique, il est important d’adopter une approche plus « préventive » que « réactive » puisque l’objectif est d’éviter les intrants agrochimiques. Il importe donc de développer une stratégie de lutte basée sur un choix judicieux de tactiques adaptées à la maladie et aux objectifs de production. Les grands principes de la lutte préventive (l’évitement, l’exclusion et l’élimination) et de la lutte réactive (protection et thérapie) seront discutés dans un contexte de production biologique. En pratique, la stratégie doit reposer sur l’intégration de différentes méthodes ayant un effet minimum sur l'environnement et sur une aide à la décision permettant d'évaluer les risques réels tout en indiquant si une intervention est nécessaire.
Plant protection in Canada: Challenges in organic agriculture / La protection des plantes au Canada: les défis à relever en agriculture biologique
Ralph C. Martin1, D.H. Lynch2, A.M. Hammermeister1, and B. Frick3. 1Organic Agriculture Centre of Canada (OACC), Nova Scotia Agricultural College (NSAC), Truro, (Nova Scotia), Canada B2N 5E3; 2Canada Research Chair in Organic Agriculture, NSAC, Truro, (Nova Scotia), Canada B2N 5E3; 3OACC, Plant Sciences Department, University of Saskatchewan, Saskatoon, (Saskatchewan), Canada S7N 5A8
Organic crops are protected with cultural methods and without synthetic pesticides. The Expert Committee on Organic Agriculture recommends research on managing pests with disease- and pest-resistant plant varieties adapted to diverse conditions and competitive with weeds. Diversification is accomplished with crop rotation, green manures, cover crops, mulches and intercropping. Crop competition is managed with competitive crop cultivars, allelopathic crops, increased seeding rates, varied seeding dates, moderate nutrient applications and beneficial organisms. Weeds are controlled by tillage, mowing, over-cutting, pneumatic and thermal control, and some organic herbicides. Research results from across Canada include the following. In New Brunswick, the development of the Colorado potato beetle (CPB) Leptinotarsa decemlineata was slowed by reducing nutrient application. In Nova Scotia, CPB on potato was reduced by Neemix 4.5®. Compost tea putatively controls late blight in potato caused by Phytophthora infestans, but this method was not effective in one PEI experiment. In Manitoba, alfalfa mulch reduced weed density and increased wheat yield. In Saskatchewan, three to four passes of the rotary hoe at the 1–2-leaf stage was optimum for reducing weed density and increasing wheat yields. Across Canada, seeding rates at 25% above normal generally reduced weed pressure and improved cereal yields.
Comment la Suisse relève le défi / How Switzerland takes up the challenge
Hansueli Dierauer. Institut de recherche de l’agriculture biologique (FIBL), Frick, Suisse CH-5070
Pour la première fois depuis de nombreuses années, le nombre d’exploitations bio en Suisse stagne. L’une des raisons qui font hésiter les exploitants à se convertir au bio est certainement la morosité du marché du lait et de la viande. L’autre réside dans le surplus de travail nécessaire pour lutter contre les mauvaises herbes et dans le risque plus élevé d'insectes et de maladies pour la récolte. La recherche aide à trouver des solutions pour garantir des rendements plus stables, pour améliorer la qualité et pour diminuer la charge de travail. La protection des plantes joue un rôle central pour les exploitations bio. Les problèmes les plus importants sont la maîtrise des mauvaises herbes, spécialement des vivaces, les maladies phytosanitaires (phytophtora, oïdium) et les insectes (diverses espèces de pucerons). Au FiBL, nous concentrons nos recherches pour trouver des solutions durables à ces problèmes. À court terme, nous étudions des solutions de remplacement des pesticides conventionnels par des pesticides naturels. Par contre, pour offrir des solutions durables aux exploitants bio, il est primordial de sélectionner des variétés spécifiques adaptées à l’agriculture biologique et de rétablir l’équilibre dans les écosystèmes afin de favoriser une régulation naturelle des insectes nuisibles.
Conclure pour mieux commencer... / Conclude toward a better beginning
Nicolas Turgeon. Direction de l'innovation scientifique et technologique, MAPAQ, Sainte-Foy (Québec), Canada GIR 4X6
Le secteur de l’agriculture biologique ne représente qu’environ 2 % du marché global de l’alimentation au Québec. Avec une croissance globale de l’ordre de 15 % par année, il est l’un des secteurs, sinon le secteur, qui connaît la progression la plus importante dans l’industrie agroalimentaire. Toutefois, le secteur de la production accuse un retard important tant face à la demande des consommateurs qu’aux exigences des transformateurs. À titre d’exemple, plus des trois quarts des aliments biologiques consommés au Québec sont importés. Depuis la réservation de l’appellation biologique en 2000, le nombre d’entreprises certifiées a plus que triplé. Actuellement, plus de 1000 entreprises sont certifiées ou en transition et ne suffisent pas à la demande. Il est donc nécessaire d’augmenter l’offre de produits biologiques québécois tant sur notre marché que sur celui de l’exportation. Toutefois, depuis près d’un an, le secteur de la production semble s’essouffler avec un nombre d’entreprises en stagnation. Le manque d’outils techniques pour solutionner des problématiques agronomiques récurrentes fait partie des raisons principales qui freinent ou limitent le développement du secteur. Des projets de recherche, d’innovation, d’adaptation et de transfert technologique doivent être réalisés afin de proposer des solutions aux problématiques identifiées. Les entreprises biologiques ont besoin de nouveaux outils techniques pour leur permettre de se développer, d’être plus performantes et d’être concurrentielles vis-à-vis la compétition. Il s’agit d’un élément vital pour que le secteur biologique puisse saisir tout le potentiel de développement qui s’offre à lui.