Résumés
Résumé
Les pourridiés des arbres sont des maladies qui engendrent des caries de racines et/ou des attaques du cambium au niveau du collet. Bien que la fin soit catastrophique pour l’arbre, une grande partie du cycle de vie des champignons demeure invisible. Au Québec, les données de pertes ligneuses dues aux pourridiés sont fragmentaires. Un rapport du Service canadien des forêts estime que les décroissances par les maladies et les insectes des arbres au Québec sont respectivement de 36 % et 64 %, sans aucune perte par les pourridiés. Par comparaison, en Ontario où les pourridiés ont été étudiés, le pourcentage de perte par les maladies se situe à 65 %, soit la situation inverse par rapport au Québec. Et même en Ontario, les pertes occasionnées par les pourridiés seraient sous-estimées car souvent attribuées à d’autres causes comme des insectes défoliateurs ou les chablis. Les interventions en forêt augmentent parfois l’impact de ces agents pathogènes. Ainsi, le dégagement de la régénération de conifères a favorisé les attaques par des champignons sur les arbres résiduels avec un résultat contraire à celui escompté. Aussi, la coupe des arbres crée une niche écologique qui n’existe pas naturellement en forêt : les souches. Celles-ci sont colonisées par un grand nombre de champignons dont certains sont pathogènes; ainsi, les éclaircies dans les pinèdes rouges favorisent la colonisation par Heterobasidion annosum si les souches ne sont pas traitées. Les épinettes peuvent subir l’attaque d’Inonotus tomentosus si ces arbres sont en état de stress à cause de la densité du peuplement ou de la qualité du site. Enfin, la présence de l’armillaire commun sur des souches de feuillus peut anéantir les conifères plantés en périphérie.
Mots clés:
- Carie rouge alvéolaire,
- Heterobasidion annosum,
- Inonotus tomentosus,
- Phlebiopsis gigantea,
- pourridié-agaric
Abstract
[Root and butt rots of trees: a well-kept secret]
Root and butt rots are hidden tree diseases. During a long part of their life cycle, these pathogens are mostly invisible in spite of their catastrophic final impact on trees. In Quebec, data on wood volume loss caused by root and butt rots are sketchy. A report from the Canadian Forest Service divided forest loss caused by diseases from that caused by insects in Quebec to respectively 36% and 64%, without mentioning root and butt rots. In comparison with data from Ontario where root and butt rots have been studied, the percentage of losses caused by diseases is around 65%, which is the opposite of the situation reported in Quebec. Moreover, losses through root and butt rots in Ontario could be underestimated as they are often reported under defoliators or windthrows. Forest treatments may increase the impact of root rot pathogens. For example, pre-commercial thinning in conifer stands has promoted the development of root rot pathogens on residual trees with a result opposite to the one expected. By cutting these trees, we are creating a new ecological niche that does not occur naturally, i.e., stumps. These stumps are colonized by several fungi including pathogens. For example, thinning of red pine stands favours stump colonization by Heterobasidion annosum if these stumps are not treated. Spruces can become infected by Inonotus tomentosus if these trees are under stress, e.g., in a stand of high stem density or because they are planted on a low quality site. Finally, Armillaria root rot on stumps of hardwood may kill conifer seedlings planted nearby.
Keywords:
- Armillaria root rot,
- Heterobasidion annosum,
- Inonotus tomentosus,
- Phlebiopsis gigantea,
- red butt rot
Parties annexes
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